L’enquête SUVIMAX (Supplémentation en vitamines et minéraux antioxydants), dont les résultats viennent d’être rendus publics à Paris, a porté sur 13 000 volontaires adultes qui ont suivi pendant huit ans un protocole expérimental mis en place par Serge Hercberg, épidémiologiste à l’Inserm. Il s’agissait de savoir si un apport quotidien d’antioxydants à petites doses diminuait le risque de contracter des pathologies graves comme les cancers ou les maladies cardio-vasculaires. Les anti-oxydants s’opposent à la « rouille » des tissus et ils contribuent au processus de détoxification de l’organisme. Représentatifs de la population générale et habitant toutes les régions de France, les « cobayes», âgés de 35 à 60 ans, ont été répartis en deux groupes similaires : le premier s’est vu administrer sous - forme de capsules - une ration quotidienne de vitamines C, E, de bêta-carotène (un précurseur de la vitamine A) et de minéraux anti-oxydants (sélénium, zinc) équivalente à une portion journalière de fruits et légumes. Le second groupe a reçu, sans le savoir, un simple placebo, c’est à dire des capsules ne contenant rien du tout.
L’expérience s’est déroulée entre 1994 et 2003 et les résultats sont nets : le régime Suvimax, s’il n’a aucune incidence sur les maladies cardio-vasculaires, s’est en revanche révélé bénéfique dans la prévention des cas de cancer (principalement digestifs, ORL, respiratoires et cancers de la peau) : on a décelé 31 % de cancers en moins et une mortalité réduite de 37 % chez les hommes du groupe traité aux antioxydants. A noter qu’il n’y a eu aucun effet mesurable chez les femmes. Ceci s’expliquerait par le fait que ces dernières ont une meilleure alimentation.
Plus de céréales, moins de poisson fumé
L’originalité de cette étude tient au fait que le cocktail de vitamines et antioxydants utilisé correspond à des doses que chacun peut trouver dans son alimentation. Ainsi, les initiateurs de l’étude Suvimax préconisent de consommer 400 grammes de fruits et légumes par jour. De nombreuses études internationales, de moindre ampleur il est vrai, avaient déjà démontré qu’un régime équilibré (des fruits et légumes, mais aussi des céréales, également riches en fibres) protège efficacement contre la plupart des cancers, y compris celui du poumon… Si par ailleurs on mange moins de graisses animales (viandes grasses, charcuteries, produits laitiers) et qu’on leur préfère des huiles végétales et des huiles de poisson, on se prémunit contre la survenue du cancer. Restent les dangers des cuissons à haute température comme celles des viandes grillées ou frites : on sait qu’elles produisent des substances cancérogènes. Mieux vaut donc privilégier la cuisson à la cocotte ou à la vapeur. A bannir enfin : les aliments fumés, dont les méfaits sont aujourd’hui largement reconnus.
Cette étude ne peut sans doute avoir un impact significatif que dans les pays développés. En Afrique, les habitudes alimentaires ainsi que les contraintes économiques et environnementales rendent difficiles une bonne diversification de l’alimentation. La consommation de viande est rarement quotidienne. Les fruits et légumes sont globalement peu consommés. On trouve cependant en milieu rural, selon les régions, des aliments frais et riches comme par exemple le pain de singe, fruit du baobab, et le néré qui sont particulièrement riches en vitamines. Le régime fruits-légumes pourra s’appliquer aux zones urbaines ou péri-urbaines où il existe un marché, donc une production ou un apport de légumes diversifiés : tomates, oignons, carottes, aubergines, gombos, bananes, salades vertes, oranges et mangues.
|
