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Recherche / Génétique

Difficile d’établir des prédictions en se fondant sur l’évolution

par Dominique Raizon (avec AFP)

Article publié le 12/01/2009 Dernière mise à jour le 12/01/2009 à 11:54 TU

Selon les résultats d’une étude conduite sur des mouches, les connaissances sur les liens entre gènes et évolution restent insuffisants pour prédire la capacité d'adaptation d'une espèce au changement climatique, sur une base génétique. Les mécanismes de l'évolution ne permettent pas, en effet, de remonter le temps pour retrouver un état ancestral, selon une étude sur des mouches naines ou drosophiles (drosophila melanogaster) placées dans l'environnement de leurs ancêtres après avoir subi des mutations génétiques sur un grand nombre de générations.

 

 Drosophila melanogaster ou "mouche du vinaigre".(Source : Wikipedia)

Drosophila melanogaster ou "mouche du vinaigre".
(Source : Wikipedia)

Une équipe internationale de chercheurs dirigée par Henrique Teotonio, de l'Institut scientifique Gulbenkian au Portugal, a créé différentes espèces de mouches sur plus de 500 générations en les

faisant vivre dans des milieux variables en laboratoire en fonction de l'humidité ou de la quantité de nourriture.

« On a utilisé des milieux qui changent l'état démographique de la population, avec des intervalles entre deux générations qui varient de deux semaines à cinq semaines », a expliqué Henrique Teotonio. Puis, les scientifiques ont replacé les différents espèces de drosophiles obtenues dans leur environnement de laboratoire d'origine.

Au bout de 50 nouvelles générations, alors que les insectes s'étaient adaptés au milieu de leurs ancêtres, ils avaient retrouvé certaines caractéristiques génétiques originelles, mais pas toutes,

selon les résultats publiés dans la revue spécialisée Nature Genetics.

L'évolution se produit surtout de génération en génération

Il y a huit ans, le même chercheur avait déjà publié une étude présentant des conclusions allant dans le même sens, après une expérience similaire portant sur le phénotype des drosophiles, c'est-à-dire leurs caractéristiques observables, à la fois physiques et comportementales : aujourd'hui « on observe plus ou moins la même chose », a déclaré Henrique Teotonio.

L'analyse montre que l'évolution se produit surtout, de génération en génération, par des changements dans la distribution des allèles, qui sont les différentes formes d'un gène au sein d'une population donnée. L'apparition de mutations, donc de formes nouvelles, est plus rare. De plus « certaines mouches revenues à leur état ancestral peuvent avoir un phénotype identique à leur aïeux, tout en étant génétiquement différentes », soulignent les chercheurs.

« On n'arrive à prévoir les changements au niveau de l'ADN qu'une fois sur deux » précise Henrique Teotonio. Cela reste insuffisant pour savoir « par exemple, comment les organismes vont pouvoir s'adapter au réchauffement global de la planète ».

Pour en savoir plus :

Consulter le site du CEA, Direction des sciences du vivant (IRTSV)

et le site de Futura-sciences sur les différents types de mutation de l'évolution de la mouche drosophile