par Marion Urban
Article publié le 09/01/2008 Dernière mise à jour le 17/01/2008 à 16:06 TU
Portrait de Benjamin Franklin. Vers 1880. James Reid Lambdin d'après David Martin.
© Library Company of Philadelphia
Conçue aux États-Unis par The Benjamin Franklin Tercentenary, à l’occasion du tricentenaire de la naissance de Benjamin Franklin (1706-1790), l’exposition Benjamin Franklin : homme de science, homme du monde a nécessité deux lieux d’hébergement à Paris.
Le musée des Arts et Métiers s’est approprié les expériences de vies de l’Américain alors que le musée Carnavalet se consacre exclusivement à Benjamin Franklin, représentant du Nouveau monde.
par Anne-Catherine Hauglustaine, commissaire de l'exposition Benjamin Franklin, un éclair de génie
« Vouloir comprendre la vie et l’héritage de Benjamin Franklin, c’est vouloir se saisir d'une ombre » ...
C'est ce que disent ses compatriotes de Philadelphie lorsqu'ils veulent se souvenir du grand homme du Siècle des Lumières. Trois des associations, qu'il a créées lui-même, font partie du comité organisateur de son tricentenaire.
Fils d'un teinturier anglais devenu fabricant de bougies et de savons à son arrivée sur le continent d'Amérique du Nord, Benjamin est le benjamin d'une fratrie de 17 enfants. Il est né à Boston.
À l'âge de 8 ans, élève brillant, il est obligé de quitter l'école en raison des faibles revenus de ses parents. Il travaille comme apprenti chez son père, ce qui ne l'enthousiasme guère. Apprenti maçon, chaudronnier, tonnelier, il change souvent de place.
Benjamin rêve d'être marin. C'est une presse d'imprimeur qui le fera rester à terre.
L'un des ses frères vient de rapporter à Boston une somptueuse presse d'Angleterre. Même si l'envie du large ne le quitte pas, Benjamin Franklin saura utiliser au mieux sa nouvelle fonction à l'imprimerie. Il complète ses études en lisant les livres et les revues. Il s'exerce à réécrire articles et poèmes. S'instruit à la philosophie de Plutarque et Sénèque. À 16 ans, il devient journaliste sous le nom de Silence/Prudence Dogood (Faitbien).
par Cédric Mastellari, médiateur de l'exposition.
Protégé du gouverneur de Pennsylvanie, Benjamin Franklin fait un séjour à Londres où il apprend le métier d'imprimeur.
Soucieux de sa carrière, soucieux des autres
C'est en 1729 que, de retour à Philadelphie, il fonde The Pennsylvania Gazette au travers duquel il propage ses idées. À la connaissance, il joint un sens aigu des affaires.
Benjamin Franklin s'investit dans de multiples activités sociales : organisation des pompiers de la ville, services d'assurance mutuelle, club de réflexion, création d'une bibliothèque (la Compagnie de la bibliothèque de Philadelphie). En 1736, il devient secrétaire général de l'Assemblée de Pennsylvanie.
Accèdant à la fonction de maître des postes, il en profite aussitôt pour organiser un réseau d'imprimeurs dont l'implantation va jusqu'aux Antilles.
De Philadelphie à l'île de Saint-Domingue, le réseau des imprimeurs associés de Benjamin Franklin.
(Photo : Marion Urban /RFI)
par Cédric Mastellari, médiateur de l'exposition.
En 1747, Benjamin Franklin est élu membre de l'Assemblée générale de la province de Pennsylvanie. Il continue de déployer son action sociale, en mettant sur pied la police, l'éclairage de la ville, un hôpital... Ses fonctions le font voyager plusieurs fois en Angleterre. Il joue les médiateurs entre les propriétaires fonciers anglais et les colons américains. À bord du bateau qui l'emmène, il étudie le Gulf stream, le courant marin.
L'harmonium de verre, invention de Benjamin Franklin. Un peu d'eau, du verre et le frottement des doigts.
© The Franklin Institute
Les multiples séances -ennuyeuses- de l'Assemblée de la province lui donnent l'occasion d'exercer son esprit. Un jour, il s'intéresse aux carrés magiques (l'ancêtre des Sudoku) et propose une construction originale. Un autre jour, il s'intéresse aux verres correcteurs et fabrique les premières lunettes à double foyer.
Musicien, il s'attarde à la construction d'un harmonium de verre. Il compose des mélodies. Il écrit : surtout des chansons à boire !
L'un de ses amis anglais, Peter Collinson lui fait cadeau d'un tube de verre pour étudier les phénomènes de l'électricité statique. L'outil l'encourage à tenter de nouvelles expériences.
Un jour d'orage (1752), Benjamin Franklin fait voler un cerf-volant auquel il a accroché une clé. Il veut prouver l'existence de l'électricité, à l'état naturel. Comprenant la puissance du phénomène, il cherche aussi comment ses concitoyens peuvent s'en protéger.
par Coline Aunis, médiatrice de l'exposition.
En 1764, Benjamin Franklin perd son poste à l'Assemblée de Pennsylvanie. Cela ne l'empêche pas d'agir sur le plan politique. La situation s'envenime avec l'Angleterre. Les colons prennent les armes.
Avec George Washington et Thomas Jefferson, il rédige le texte de la Déclaration d'indépendance américaine (1776).
Diplomate
Benjamin Franklin attirant l'électricité du ciel (vers 1817). Benjamin West.
© Philadelphia Museum of Art
Benjamin Franklin est envoyé par la toute nouvelle république des États unis d'Amérique en Europe afin d'obtenir le soutien de la France, des Pays-Bas et de l'Espagne dans la guerre contre l'ancienne puissance coloniale.
Le 27 décembre 1776, Benjamin arrive à Paris. Ses écrits et sa réputation l'ont précédé. Il est adulé par la grande bourgeoisie, porté aux nues par les communautés scientifique et littéraire. Son esprit fait mouche à la Cour du roi Louis XVI.
Le 6 février 1778, un traité de commerce et d'amitié est signé entre la France et les États-Unis dont l'indépendance est ainsi reconnue.
Après une victoire décisive des insurgés américains, Benjamin Franklin est chargé de négocier la paix avec les Anglais.
Il finit sa vie à Philadelphie, le 17 avril 1790. Son testament lègue une partie de sa fortune à Boston et Philadelphie. Les fonds sont destinés à aider les artisans à s'installer dans ces villes et à construire des infrastructures collectives.
« Du sein de la pauvreté et de l'obscurité dans lesquelles je naquis et passai mes premières années, je me suis élevé à un état d'opulence et j'ai acquis quelque célébrité dans le monde » Benjamin Franklin. Mémoires. 1792.
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* un regard interactif (en anglais) sur la vie de Benjamin Franklin, en cliquant ici.
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