par Dominique Raizon
Article publié le 15/09/2009 Dernière mise à jour le 18/10/2009 à 13:17 TU
Ornithologue, chargé de l'accueil du public
« La Brenne, réputée aujourd'hui pour sa faune et sa flore exceptionnelles, a été façonnée par l'homme. Pendant des siècles elle a été une terre de désolation. Si, aujourd'hui la nature conserve ses droits, c'est parce que l'homme continue d'entretenir son héritage.»
Sous l’eau il y a plusieurs millions d’années, cette cuvette s’est petit à petit comblée et, il y a 2000 ans, le grand plateau argileux était couvert de forêts. Région insalubre, au sol relativement imperméable et donc peu fertile, les hommes ont alors aménagé, au Moyen âge, les marais en étangs pour y pratiquer la pisciculture. Si cette contrée est volontiers désignée comme « le pays aux mille étangs » alors qu’elle en compte plus de deux mille, elle doit en fait sa grande richesse de biodiversité à une couverture végétale très variée, qui satisfait toutes les exigences écologiques d’oiseaux terrestres, aquatiques, nicheurs et migrateurs.
Une bonde. Traditionnelle en Brenne, elle sert à mettre les étangs en "assec".
(Photo : Sylvie Ducaud)
« Les étangs sont majoritairement privés. Le Parc n'a pas vocation à imposer aux agriculteurs, chasseurs et pisciculteurs l'adoption de telle ou telle mesure, mais à les conseiller pour maintenir un tissu social et agricole respectueux de l'écologie.»
D’autres oiseaux appelés limicoles -comme le vanneau huppé, le chevalier gambette ou le courlis courlieu- ont besoin d’une vase riche et dense pour trouver de petits vers en la fouillant de leurs longs becs. Si le vanneau en phase de nidification préfère les parcelles avec une herbe assez rase (en général moins de 10 cm), le chevalier, quant à lui, utilise une gamme plus large. D’autres oiseaux ont besoin de nénuphars pour se poser, de roseaux pour se percher ou pour nicher, de graminées pour se nourrir.
Le résultat est concluant : peu concerné par les effets négatifs des pesticides, le parc naturel de la Brenne s’avère pour l’heure en bonne santé écologique. Araignées d’eau, libellules et papillons comme le grand cuivré, y prospèrent et, tout au long de l’année, cette réserve ornithologique est choisie par une quarantaine d’espèces nicheuses parmi lesquelles, par exemple, le busard des roseaux, le grèbe à cou noir ou encore le butor étoilé « un des plus rares de France », souligne l’ornithologue, « avec une population nationale qui ne compte que 300 couples ».
« Certaines familles d'oiseaux sont en aires d'extension ; à l'inverse d'autres espèces se raréfient; quant à savoir si le phénomène est uniquement dû au réchauffement climatique, c'est très difficile de l'affirmer.»
En période d’hivernage, le parc retient plus de dix mille palmipèdes et trente cinq mille vanneaux qui partagent le territoire avec les grandes aigrettes, les foulques et les cormorans. Et puis, « en période de migration, les résidents reçoivent alors la visite de crabiers chevelus, de grues -qui survolent les étangs par milliers-, et de limicoles tels que le chevalier combattant ou la bécassine des marais, qui s’installent là pour quelques mois ».
« Il faut penser à ménager des territoires très différents: maintenir des surfaces de joncs avec ici des berges en pente douce et des roselières pour accueillir les limicoles, et là des zones plus profondes pour accueillir grèbes et canards plongeurs.»
Les hôtes indésirables
L’entretien du parc passe aussi par la lutte contre les ‘aliens’ -ces espèces indésirables qui colonisent l’écosystème au point de totalement en fragiliser l'équilibre. La perche arc-en-ciel ou le poisson-chat sont, parmi les poissons, des hôtes indésirables -qui, par ailleurs, ne sont pas commercialisables (contrairement aux carpes, tanches et brochets, qui font la richesse des éleveurs de la région).
Le ragondin mobilise également l’attention des gestionnaires du parc : en détruisant la végétation, ce mammifère déstabilise l’écosystème : « grand amateur de nénuphars, de roseaux et autres joncs, le ragondin -à l’origine importé d’Amérique du sud pour sa fourrure- détruit l’habitat de nombreuses espèces. L’animal a fini par coloniser les étangs aux dépens des écosystèmes autochtones d’où, actuellement, une pression de piégeages divers et de tirs à son encontre pour préserver les autres espèces », explique Thibaut Michel.La jussie, une plante aquatique importée elle aussi par l’homme pour agrémenter les aquariums, a proliféré également en Brenne. En se développant de manière très dense, cette plante étouffe le milieu où elle prospère. Des campagnes d’arrachage sont régulièrement organisées pour réduire son impact. Enfin, l’écrevisse rouge de Louisiane importée en Espagne au début des années 1980, constitue un autre fléau -et non le moindre-. Bénéficiant d’un très fort taux de reproduction, cette écrevisse va jusqu’à détruire 98% des espèces autochtones. Présente en Brenne depuis deux ans, elle fait l’objet de protocoles spécifiques pour limiter son impact.
La Brenne est inscrite sur la liste des sites RAMSAR (zones humides d'importance internationale). |
Le parc naturel régional jouit d’une diversité exceptionnelle en termes d'avifaune : 20 à 25 espèces inscrites à l'annexe I de la directive "Oiseaux" s'y reproduisent C’est autour d’un oiseau emblématique de la Brenne, la Guifette moustac, que ce parc naturel régional a mis en place une exposition permanente et ré-aménagé l’intérieur de la maison de la nature. |
La Charte du Parc de la Brenne affirme les principales missions de celui-ci : |
La protection et la mise en valeur des patrimoines naturel, culturel et paysager
La contribution à l'aménagement du territoire La contribution au développement économique, social, culturel et à la qualité de la vie L'accueil, l'éducation et l'information du public La réalisation d'actions expérimentales ou exemplaires dans les domaines cités ci-dessus et la contribution à des programmes de recherche. |
Pour en savoir plus :
Consulter les sites suivants :
- du Parc naturel régional de la Brenne, de la Maison de la Nature, de la Réserve naturelle de Chérine
- de l'Institut national de Recherche agronomique / La Brenne
- de l'Opie
- du Centre national de recherche scientifique (CNRS)
Lire La Brenne, nature en héritage d'Elisabeth et Jacques Trotignon (éditions Alan Sutton, collection Passé simple)
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