Exposition

L’or, un matériau fascinant

par Kèoprasith  Souvannavong

Article publié le 10/04/2009 Dernière mise à jour le 17/04/2009 à 13:36 TU

© MnHn

Le Muséum national d’Histoire naturelle, à Paris, expose son trésor d’or jusqu’au 11 janvier 2010. Baptisée l'« Or des Amériques », cette exposition fait découvrir le métal précieux et les usages auxquels il est destiné. Symbole de pureté et de beauté, il peut néanmoins avoir des impacts désastreux sur l’homme et sur l’environnement. Au Muséum national d’Histoire naturelle, l’or est observé sous différents reflets, dans son état naturel, exploité par les Précolombiens, jalousement préservé par les Amérindiens et pillé par les conquistadores. A travers l’histoire, les nombreuses ruées vers l’or sont également un trésor de curiosités à découvrir.

L’or est un minéral dit pur, il existe à l'état naturel hors de toute combinaison chimique. « Ses propriétés exceptionnelles, en particulier son inaltérabilité, le rendent précieux. Lors de fouilles archéologiques, on trouve des objets en or dans un état intact mille ans après qu’ils aient été enfouis », explique Frédérik Canard, le commissaire de l’exposition.

Autre caractéristique de ce métal fin : sa malléabilité. Martelée et étirée sous forme de feuille, une once d’or, ou 31,1g, peut ainsi couvrir une surface supérieure à 10m². « Cette propriété permet, à partir seulement d’une petite quantité, de couvrir de grandes surfaces. C’est notamment le cas pour le dôme des Invalides, à Paris. Doré à la feuille d’or, ce dôme est en réalité recouvert à peine de 12kg d’or, alors que sa structure comporte plus de 200 tonnes de plomb », affirme Frédérik Canard. L’or est d’ailleurs plus dense que le plomb : 1m3 pèse 19,3 tonnes, tandis qu’un même volume de plomb n’atteint que 11,3 tonnes.

Propriétés élevées de conduction thermique et électrique

Casque d'astronaute (vers 1960).
© MnHn

Identifié par le symbole chimique Au et chimiquement inerte, l’or est également bon conducteur de chaleur et d’électricité. Il fond à 1 064°C. Pour le rendre plus rigide, on l’allie à d’autres métaux. Toutes ces qualités en font un matériau extraordinaire apprécié dans les secteurs industriels ou de hautes-technologies. Il entre dans la fabrication de circuits utilisés dans les télécommunications et dans les technologies d’information.

Appliqué sur les vaisseaux spatiaux ou pulvérisé sur les visières des casques des astronautes, il protège aussi des rayons solaires grâce à son pouvoir réfléchissant. Projeté en très fines particules sur les vitres des bâtiments, il évite dès lors aux édifices de se transformer en four.

Toutefois, « uniquement 10% de la quantité d’or dans le monde sont destinés à un usage industriel, puisque le métal précieux est en fait utilisé à 80% dans la bijouterie pour fabriquer des colliers, des bracelets, des montres, etc. Les 10% restants servent pour les réserves financières, c’est-à-dire pièces et lingots », indique Frédérik Canard.

Précieux mais ... 

« La Serra Pelada : une ruée d’un autre siècle » (Brésil).
© Sebastião Salgado

L'or se répand souvent dans les cours d'eau et se laisse aussi emprisonner dans les roches. Mais en surface, il se raréfie. Il faut donc le chercher de plus en plus dans la croûte terrestre. Ces gisements sont en général exploités par de grands groupes industriels. Or, son extraction à grande échelle n'est pas sans impact sur l’environnement. Il faut en effet transporter, concasser et traiter de grands volumes de roche pour un résultat habituellement modeste. Broyer de gros blocs de pierres permet souvent de ne récolter que 10g, voire 20g d’or.

Pépite d'or de Californie, seconde moitié du XIXe siècle.
© Collection Petra et Greg Martin.

Aujourd'hui, les grands groupes d’extraction industrielle, souvent accusés de mener leurs activités au mépris de l'environnement, ont beau jeu de montrer aux défenseurs de la nature leur savoir-faire et leur maîtrise des filières, contrairement aux petits orpailleurs. Ces derniers, c'est bien connu, recourent à des méthodes encore artisanales, avec un usage inconsidéré de mercure, métal liquide qui pollue les fleuves, les rivières et les nappes phréatiques, contaminant ainsi toute la chaîne alimentaire. Une absorption importante de mercure peut engendrer chez l'homme des troubles nerveux et des malformations. De nombreuses études et observations ont prouvé qu'un environnement pouvait rester pollué très longtemps après l'arrêt des exploitations ayant eu recours au mercure.

En l'occurrence, l'exemple de la Californie reste édifiant. Cette région a connu « sa » ruée vers l'or à partir 1848, avec des méthodes d'extraction qui ont, au fil du temps, évolué sans amélioration pour les réserves d'eau. Elles sont encore aujourd'hui considérées comme polluées. A San Francisco, il est toujours déconseillé aux femmes enceintes de consommer l’eau du robinet.

Infime exploitation

L’humanité n’aurait extrait que 160 000 tonnes d’or du sol depuis ses origines, « soit à peine de quoi remplir la pyramide du Louvre ! », souligne Frédérik Canard. L'or sous forme de lamelles, de filaments ou de cristaux, transporté par les cours d'eau, peut se retrouver - par concrétion - en masse compacte pour devenir des pépites.

Mais attention, tout ce qui brille n’est pas de l’or ! Une anecdocte historique en est la parfaite illustration. Le Français Jacques Cartier à la découverte de l’Amérique au XVIe siècle, après les Espagnols, avait cru trouver de l’or et des diamants au Québec. Fièrement rentré en France, son trésor s’est avéré du quartz pour les diamants et de la pyrite de fer pour l’or. Ce dernier minéral, très répandu, aux cristaux cubiques, offre des reflets métalliques dorés trompeurs et qui ont donné tant de fausses joies aux prospecteurs. « Or des fous » ou « or du sot », ce minéral n'a heureusement pas altéré l'éclat, à travers les âges, du métal précieux, le vrai, l'or, resté la valeur de référence.

Couronne (Or martelé, Chavín, Pérou, - 900–200 av. J.-C.).
© Museo Arqueológico Rafael Larco Herrera, Pérou.