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Bénin/ Ecologie

Coton bio, une agriculture de pointe

par Agnès Rougier

Article publié le 11/02/2009 Dernière mise à jour le 27/02/2009 à 12:58 TU

Dans cette vaste région cotonnière du nord ouest du Bénin, où le coton conventionnel représente à la fois le principal revenu et la 1ère source de pollution, lancer la production de coton biologique dans la zone de transition de la réserve de la Pendjari, ressemblait à une gageure … Pari gagné.

(Photo : Agnès Rougier/ RFI)

(Photo : Agnès Rougier/ RFI)


L’idée est née de l’action dans ce domaine d’une organisation non gouvernementale suisse, Helvétas, et de la GTZ, une ONG allemande.  Les agriculteurs étaient plutôt sceptiques au départ, et pour les convaincre, des sessions de formation et des voyages d’étude ont été organisés avec le soutien du programme Mab-Unesco

Douze cultivateurs du village de Batia se sont finalement lancés dans l’aventure en 2008, en cultivant 2,5 hectares, et cette première année de production cotonnière biologique est, semble-t-il, un véritable succès.

Que du bio : le secret de la réussite

Les cotonniers biologiques, qui sont tenus de renoncer aux pesticides chimiques, doivent en revanche utiliser un engrais biologique fabriqué par compost. Or, si l’on considère que le coton conventionnel nécessite cinq traitements de pesticides par récolte, on ne pouvait que douter de la réussite d’une culture du coton sans pesticide. Pourtant, contrairement à ce que l’on aurait pu imaginer, les ravageurs ne se sont pas jetés sur les fleurs de coton pour les dévorer. Pour faire fuir les insectes, les cotonniers ont utilisé le lait d’une plante locale, le neem. Et l’absence de pesticides a été compensée par une régulation naturelle des ravageurs, ceux-ci ayant eux-mêmes leurs propres prédateurs. C’est donc un système de lutte biologique qui s’est mis en place.

Michel Boundia

Président des cotoniers de Batia (Bénin)

« Avec les formateurs, la première sensibilisation qu'ils ont eue, c'est au niveau des composts. »

24/02/2009 par Agnès Rougier


Pour engraisser les plants de coton, le compost s’est avéré très efficace. Celui-ci est fabriqué directement dans les jardins villageois, et le transport s’effectue par brouette. Du coup, pour éviter de trop longs transports, les champs se sont rapprochés du village lui-même. Mais ce gain de temps et d’énergie n’a été réalisable que parce qu’il n’y avait plus aucun risque ni danger de contamination par les pesticides.

Le coton de la bonne santé

Cultivatrices de coton bio à la Pendjari.(Photo : Agnès Rougier/ RFI)

Cultivatrices de coton bio à la Pendjari.
(Photo : Agnès Rougier/ RFI)

Les pesticides utilisés dans le coton conventionnel sont dangereux, au point que les femmes ne sont pas autorisées à travailler dans les champs, et que des suicides ont parfois lieu par ingestion. Au village de Batia, tout le monde se félicite aujourd’hui des bénéfices du coton biologique sur la santé : c’est « le coton de la bonne santé », comme l’appellent les femmes de Batia, nombreuses maintenant dans le groupement des cotonniers bios.

 Ne pas s’endetter

Cultivateur de coton bio à la Pendjari.(Photo : Agnès Rougier/ RFI)

Cultivateur de coton bio à la Pendjari.
(Photo : Agnès Rougier/ RFI)

Les agriculteurs avaient peur de courir des risques financiers inconsidérés, en se lançant dans la production de coton biologique. La filière cotonnière conventionnelle est solidement implantée, et la vente du coton est en principe garantie à un taux fixe. Mais depuis deux ans, les cours baissent, et les agriculteurs se sentent floués, d’autant plus qu’ils doivent obligatoirement s’endetter avant même d’avoir commencé à cultiver. En effet, la culture de coton conventionnel demandant des traitements spécifiques, les agriculteurs se trouvent contraints  d’acheter à crédit les intrants. Or, avec le coton bio, ils ont tout de suite mesuré qu’ils ne devraient plus s’endetter.

 Créer une filière

En revanche, la filière cotonnière bio n’existant pas, il fallait donc la créer. Mais créer une filière, dans le domaine biologique, cela revient à travailler à la labellisation. Car, « cultiver biologique » ne suffit pas à vendre « biologique ». En effet, pour vendre bio, il faut séparer les filières bios des filières conventionnelles. Cela signifie, pour commencer, trouver un égreneur qui n’égrène pas de coton conventionnel et qui s’engage à ne pas mélanger les genres ; puis avoir une « traçabilité » jusqu’à la fabrication de la chemise, voire la vente de celle-ci. 

Kiansi Yantibossi

Anthropologue

« Nous avons essayé de nouer un partenariat entre un égreneur, les AVIGREF et les partenaires financiers et on travaille aussi pour la certification. »

24/02/2009 par Agnès Rougier


Djafarou Tiomoko, le directeur de la réserve, et Kiansi Yantibossi, un anthropologue qui travaille à la Pendjari, ont aidé l’association des cotonniers à trouver un égreneur qui accepte ces conditions. Finalement, la récolte 2008 a été totalement pré-vendue, et ensemble, ils cherchent aujourd’hui à faire certifier la filière bio.

Le bio ? un succès !

Avec un prix de vente de 230 FCFA au kg, ajoutés aux primes pour culture biologique, le coton bio est plus rémunérateur que le coton conventionnel.

A terme, il est souhaitable, pour la protection de la biodiversité de la Pendjari, que tous les cotoculteurs se convertissent au bio, et c’est bien parti ! Ils étaient douze en 2008 et, en 2009, au vu des succès remportés, leur nombre va exploser ; c’est simple : tous les cultivateurs du village veulent aujourd’hui s’y mettre !

Djafarou Ali Tiomoko

« Ceux qui ont décidé de se convertir en producteur de coton bio sont des pionniers. »

24/02/2009 par Agnès Rougier


(Photo : Agnès Rougier/ RFI)

(Photo : Agnès Rougier/ RFI)

Pour en savoir plus :

Consulter les sites de

- accueil sur le portail de Pendjari

- Mab Unesco

- Analyse des finances 2007

- Coopération allemande GTZ