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Rallye Paris-Dakar

La première victoire d'une femme

par Gérard Dreyfus

Article publié le 22/01/2001 Dernière mise à jour le 21/01/2001 à 23:00 TU

Victorieuse à Dakar, l'Allemande Jutta Kleinschmidt est devenue la première femme à remporter le plus célèbre des rallyes-raids. Les succès féminins sont si rares dans l' histoire du sport automobile que celui de l'Allemande restera comme le fait majeur de la 23è édition d'un Paris-Dakar marqué par le duel entre les Mitsubishi et les buggies de l'écurie Schlesser.
Rien ne sert de courirà Le 23è Paris-Dakar a couronné des chevronnés qui n'en étaient pas à leur coup d'essai. L'Allemande Jutta Kleinschmidt, victorieuse de la catégorie autos, participait pour la onzième fois à l'épreuve et le lauréat des motards, l'Italien Fabrizio Meoni, en était à sa neuvième présence. La preuve que l'expérience est, probablement, un des atouts majeurs pour remporter ce rallye pas comme les autres.

Jutta Kleinschmidt avait effectué ses premiers pas sur les pistes, non pas en voiture, mais à moto en 1991. Il s'agissait pour elle déjà d'une apothéose, après cinq années passées sur d'autres terrains, moins difficiles, et après une jeunesse marquée par le ski puis le bobsleigh au sein de l'équipe nationale d'Allemagne Fédérale. En 1997, elle abandonne les deux-roues pour la stabilité des quatre roues, sous l'aile protectrice de Jean Louis Schlesser qui lui conteste aujourd'hui son succès dakarois. Jean Louis Schlesser a déposé réclamation après l'heure de pénalité infligée par les commissaires de course au soir de la vingt-deuxième et avant-dernière étape. Profitant d'une défaillance du règlement, il avait décidé de partir devant le leader de la course, Hiroshi Masuoka, afin de ne pas rouler dans la poussière, contraignant son rival à rouler hors piste. Schlesser a été lourdement pénalisé pour attitude anti-sportive. En attendant de connaître les suites de cette réclamation, pas avant plusieurs semaines, le classement final est maintenu.

« C'est une très grande performance», se contente simplement de déclarer la blonde allemande, «parce que personne ne pensait qu'un jour une femme remporterait le Dakar ». Une victoire acquise sur le fil, lors des derniers kilomètres de la course, avec moins de trois minutes d'avance sur son camarade d'écurie, le Japonais Hiroshi Masuoka, et un peu plus de vingt minutes sur le troisième, le Français Jean Louis Schlesser, lauréat des deux dernières éditions. Jutta Kleinschmidt va, peut-être, susciter des vocations féminines dans un monde réputé machiste.

Meoni réalise son rêve à 43 ans

L'Italien Fabrizio Meoni a attendu ses quarante-trois ans pour voir son rêve de terminer premier à Dakar se réaliser. Habitué aux places d' honneur, troisième en 94, quatrième en 95, deuxième en 98, l'Italien était considéré comme un excellent pilote, pas comme un vainqueur. Au point que l'écurie autrichienne, KTM, à laquelle il a offert sa première victoire sur le Dakar, ne lui fit jamais une totale confiance. Comme le dit son entourage, sa victoire est un exemple pour tous les gens ordinaires ; si on veut quelque chose, on peut y arriver à force de travail. Ce qui aide à mieux comprendre les mérites du pilote italien dont la victoire est de celles qui font plaisir à tout le monde. Il a eu le mérite de se retrouver en tête dès la mi-course et son équipe, qui n'avait jamais remporté l'épreuve, a tout mis en £uvre pour qu'il aille au bout. Un succès qui est un triomphe puisque KTM a pris les cinq premières places du 23è Paris-Dakar.

Le rallye s'achève par le sacre des quadras après avoir charrié, comme chaque année son lot de contestations, de tricheries et de mauvaise humeur. C'est la loi du genre. Certains s'interrogent sur son avenir mais c'est une question récurrente depuis quinze ans et la mort de son créateur Thierry Sabine. Gageons qu'on ira au moins jusqu'à la vingt-cinquième édition.