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Jeux Olympiques

Paris ou Pékin?

par Gérard Dreyfus

Article publié le 11/07/2001 Dernière mise à jour le 10/07/2001 à 22:00 TU

Vendredi 13. Porte bonheur ou jour maudit ? Les villes candidates à l'organisation des Jeux Olympiques de 2008 seront fixées au milieu de l'après-midi. A l'issue d'un dernier oral de quarante-cinq minutes au cours duquel s'exprimeront, pour Paris, le Premier ministre Lionel Jospin et la nouvelle recrue du Real Madrid, Zinedine Zidane, les membres du CIO passeront au vote pour départager les cinq villes encore en lice, à savoir Istanbul (Turquie), Osaka (Japon), Toronto (Canada), mais surtout Paris (France) et Pékin (Chine).
Paris est un challenger, n'ont cessé de rappeler les représentants du comité de candidature de la capitale française. Pékin, pour un bon nombre de raisons, étant le favori tout désigne. D'abord parce que le pays le plus peuplé du monde n'a jamais abrité la plus universelle des manifestations sportives ; ensuite parce que Pékin n'a été battue que de justesse par Sydney, lorsqu'il s'était agi de désigner la ville hôte des Jeux de l'an 2000 ; enfin parce d'importants intérêts économiques et politiques sont en jeu.
Or, s'il s'en est toujours gardé, le Comité International Olympique n'a jamais été totalement insensible aux sirènes autres que sportives. Il n'est pas étonnant, dans ces conditions, que la candidature de Pékin ait soulevé depuis de longs mois de vives polémiques. Si certains sont prêts à se voiler la face sur le non respect des droits de l'Homme en Chine, d'autres, pas nécessairement les plus nombreux, mais sûrement les plus audibles, n'ont cessé de crier au scandale. Le dernier en date s'appelle Rod McGeogh. Il est australien et il a largement contribué au succès des Jeux de Sydney. « La candidature de Pékin doit être écartée parce que l'attitude de la Chine en matière des droits de l'Homme et de respect des libertés individuelles est contraire aux valeurs olympiques. La Chine, confiait-il au début de la semaine au journal The Australian, est une nation en contradiction avec l'esprit olympique. Les individus, la loi et les droits fondamentaux n'y sont pas respectés et il est clair que des exécutions sommaires s'y déroulent toujours ». Violent réquisitoire qui vient s'ajouter à tous ceux entendus aux quatre coins de la planète.

Un choix très politique

Les inconditionnels de Pékin existent, même s'ils se font plus discrets. Pour ne pas prêter le flanc à la critique, voire aux accusations de toutes sortes. Le premier d'entre eux n'est autre que celui qui achèvera le 16 juillet, à Moscou, son mandat de vingt et un an à la tête du CIO, Juan Antonio Samaranch. Parce que politiquement, ce serait un coup d'éclat que de conférer à la Chine une place sportive en rapport avec son poids politique et économique. Pour lui ce serait une forme d'apothéose, au terme d'un règne souvent controversé et marqué par la révélation d'un gros scandale il y a deux ans. Rassembler au-delà des divergences politiques, culturelles et religieuse a toujours été l'ambition, somme toute légitime, du CIO. Il a commis de grosses erreurs mais, contre vents et marées, a su tenir le cap depuis 1896.

Rien n'est simple. Ceux qui optent pour Pékin assurent que ce serait une occasion unique d'inciter à la libéralisation du régime. Pas la moindre certitude, naturellement. Les adversaires de la capitale chinoise sont, dans le même temps, convaincus du contraire. C'est donc dans ce climat ultra-politisé que va se dérouler le vote. Sur les cinq villes retenues par le CIO, deux, Osaka et Istanbul, paraissent ne posséder aucune chance, la commission d'inspection leur ayant trouvé quelques failles, pour parler en langage diplomatico-olympique. Reste, derrière Pékin, Paris et Toronto. Contre Paris, le fait que les Jeux de 2004 se tiendront à Athènes, et même si ce n'est pas une règle écrite, le CIO a toujours évité de donner les Jeux, deux éditions de suite, au même continent. Toronto pourrait être la ville-surprise, celle qui permettrait de renvoyer dos à dos les deux candidats mastodontes. Le CIO a déjà réservé des surprises dans le passé.

Dernier élément susceptible d'influencer le choix de la ville hôte : les élections pour désigner le successeur de Juan Antonio Samaranch. Deux Européens (un Belge et un Hongrois), deux Américains (une Américaine et un Canadien) et un Asiatique (un Sud-Coréen) sont en lice. Il semble difficilement envisageable de donner les Jeux de 2008 au continent d'où sera issu le huitième président du CIO. Là encore pas de règle écrite, simplement des habitudes. A quelques heures du double vote de Moscou, Pékin et le Belge Jacques Rogge constituent le ticket gagnant. Mais les amateurs de grosse cote peuvent toujours faire un choix différent.