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Jeux olympiques 2012

Paris veut les Jeux

par Valérie Gas

Article publié le 05/07/2005 Dernière mise à jour le 05/07/2005 à 17:25 TU

Jacques Chirac a rejoint la délégation française à Singapour pour participer à la dernière présentation de la candidature de Paris, avant la décision finale du CIO, qui sera annoncée officiellement mercredi.(Photo: AFP)

Jacques Chirac a rejoint la délégation française à Singapour pour participer à la dernière présentation de la candidature de Paris, avant la décision finale du CIO, qui sera annoncée officiellement mercredi.
(Photo: AFP)

A quelques heures de la séance de présentation des villes candidates à l’organisation des JO 2012 devant les électeurs du Comité international olympique, Paris continue sa campagne. Le président français, Jacques Chirac, est arrivé à Singapour, où la décision doit être rendue, pour soutenir l’équipe française. Le chef de l’Etat, qui doit d’ailleurs intervenir devant les membres du CIO, entend bien peser de tout son poids pour que Paris remporte la victoire devant Londres, sa principale concurrente, mais aussi Madrid, en embuscade, New York et Moscou.

Les Jeux ne sont pas faits. Tous les candidats le savent, jusqu’au dernier moment, c’est-à-dire le 6 juillet vers 11h40 (TU), lorsque le président du Comité international olympique (CIO), Jacques Rogge, annoncera quelle ville a emporté la mise pour organiser les JO 2012, il faut essayer de convaincre les 99 électeurs présents à Singapour de la qualité de son projet olympique. L’enjeu est important. Et les représentants des cinq villes candidates, Londres, Madrid, Moscou, New York et Paris ont mobilisé toutes leurs forces pour défendre leurs chances. Les Français n’ont pas dérogé à la règle. D’autant que pour leur troisième tentative (après 1992 et 2008), ils espèrent bien réussir enfin à transformer l’essai olympique.

Le dossier de Paris est bon, mais il n’est pas le seul. La candidature de Londres a obtenu, elle aussi, les félicitations de la commission d’évaluation présidée par l’ex-athlète marocaine Nawal El Moutawakel. Et les dernières semaines, voire les derniers jours, de la campagne des deux villes ont été marqués par cette rivalité franco-britannique, laissant un peu de côté, et peut-être à tort, les autres villes candidates, notamment Madrid. Point d’orgue de la guéguerre pour les Jeux olympiques : le voyage des dirigeants des deux pays à Singapour. Tony Blair a ouvert les hostilités et a pris de l’avance sur son homologue français en passant 48 heures à vanter les mérites du projet britannique auprès des représentants du CIO. Malgré tout, Jacques Chirac l’a suivi de près et entend bien non seulement le marquer à la culotte mais aussi lui porter, si possible, le coup de grâce lors de son intervention durant la présentation de la candidature française devant les membres du Comité. Un exercice auquel le Premier ministre britannique ne pourra pas se livrer pour cause de G8 à Gleneagles en Ecosse.

Paris, Londres  ou Madrid : qui va gagner les Jeux ?

L’investissement personnel de Blair et de Chirac dans cette course aux JO s’inscrit dans un contexte de tensions entre les deux dirigeants qui dépasse le cadre sportif. Est-ce pour cette raison qu’un certain nombre de piques ont été envoyées de part et d’autre ? Cela n’a vraisemblablement pas arrangé les choses. Mais pour le président du CIO, la ligne jaune n’a pas été franchie et la règle olympique qui veut qu’un candidat ne fasse pas sa promotion en en attaquant un autre n’a pas été transgressée. Quant les Français suggèrent que les Anglais ne sont pas fair play lorsqu’ils s’en prennent au Stade de France qui serait, selon eux, dépassé et pas adapté à l’athlétisme, roi des sports olympiques, les Britanniques ont beau jeu de rappeler certains propos peu amènes que Jacques Chirac aurait tenu devant ses homologues russe, Vladimir Poutine, et allemand, Gerhard Schröder. Il aurait ainsi, selon le quotidien Libération, plaisanté en disant que «la seule chose que les Anglais ont faite pour l’agriculture européenne, c’est la vache folle». Ce qui lui a valu d’être accueilli à Singapour par une question ironique des journalistes britanniques : «Do you like roast-beef ?» [Aimez-vous le rosbeef ?]

Le soutien apporté par les dirigeants politiques est important pour les candidatures. Le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, l’a bien compris lui aussi puisqu’il a fait la voyage à Singapour afin d’aider Madrid. Tout comme Hillary Clinton qui est venue pour New York qu’elle représente au Sénat américain. Mais il ne fait pas tout. Au-delà du travail de fond réalisé durant plusieurs années pour ficeler les projets, la dernière séance de présentation devant les électeurs du CIO est particulièrement importante. Les Français l’ont préparé avec beaucoup d’attention et espèrent jouer leur va-tout grâce à un film réalisé par le célèbre cinéaste Luc Besson sur lequel plane le plus grand secret.

Pérec, Parker, Flessel… et Jean-François Lamour

Chacune des villes candidates essaiera aussi de mettre en valeur le soutien populaire dont elle bénéficie, gage de succès car des Jeux sans spectateurs ne sont pas tout à fait des Jeux. Les Français sont, selon les sondages, 80 % à soutenir la candidature de Paris. L’élan olympique semble nettement plus important que lors de deux précédentes candidatures de la capitale. La manifestation organisée le 5 juin, sur les Champs Elysées, transformés pour l’occasion en vaste terrain de sport où les participants pouvaient s’initier aux 28 disciplines des JO d'été, a d’ailleurs rassemblé près de 700 000 personnes. A Singapour, les athlètes français venus apporter leur soutien à la candidature de Paris se sont fait l’écho de cet enthousiasme et y ont ajouté l’aura de leur statut de champion. Du basketteur vedette de la NBA, Tony Parker, à la triple championne olympique Marie-José Pérec en passant par le porte-drapeau de la délégation française aux JO d’Athènes, le handballeur Jackson Richardson, ou l’épéiste médaillée olympique Laura Flessel, ils sont nombreux à avoir fait le voyage. Les sportifs français seront d’autant plus à l’honneur dans cette candidature qu’ils sont représentés au plus haut niveau puisque le ministre des Sports, Jean-François Lamour, est lui-même un ancien champion olympique.