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Cyclisme

Telekom : dopage sur toute la ligne ?

par Marc Verney (Avec AFP)

Article publié le 02/06/2007 Dernière mise à jour le 02/06/2007 à 17:54 TU

Le vainqueur du Tour de France 1996, Bjarne Riis, a reconnu s'être dopé à l'EPO, notamment cette année-là.(Photo : AFP)

Le vainqueur du Tour de France 1996, Bjarne Riis, a reconnu s'être dopé à l'EPO, notamment cette année-là.
(Photo : AFP)

À quelques semaines du départ du Tour de France, les affaires de dopage repartent de plus belle dans le cyclisme professionnel. Une équipe est au cœur de la tourmente : la formation Telekom, star des années 90, dont plusieurs coureurs de premier plan comme Dietz, Zabel ou Riis viennent d’avouer qu’ils se sont dopés dans les années 90, suite aux révélations de Jef d’Hont, un soigneur de l’équipe.
Jan Ullrich, le vainqueur du Tour de France 97, qui courait également pour l’équipe Telekom (aujourd’hui T-Mobile) semble lui aussi touché par cette pluie de révélations.

Le cyclisme professionnel poursuit sa descente aux enfers. À quelques encablures du départ du Tour de France, l’épreuve la plus prestigieuse de l’année, l’affaire Telekom relance les soupçons de dopage au cœur du peloton. Et ce sont les grands qui tombent de leur piédestal : Bjarne Riis, vainqueur du Tour en 1996, a ainsi avoué le 25 mai dernier s’être dopé à l’EPO entre 1993 et 1998 alors qu’il portait le maillot Telekom.

Tout comme l’affaire Festina en 1997, ce sont les révélations d’un soigneur qui mettent le feu aux poudres. Le 30 avril dernier, Jef d’Hont, ancien soigneur de la formation Telekom publie un ouvrage, Mémoire d’un soigneur, dans lequel il évoque ses quarante années de travail dans le milieu du cyclisme professionnel. Au fil des pages, celui que l’on surnommait «Jef Bidon» y évoque ouvertement des pratiques de dopage au sein du peloton.

Un chapitre est particulièrement consacré à l’équipe Telekom où Jef d’Hont a travaillé de 1992 à 1996 sous la direction de Walter Godefroot. Les révélations s’y succèdent. Cependant, pour les anciens coureurs de Telekom, le dopage au sein de leur équipe n’était pas comparable à l’organisation bien rôdée qui était en place chez les Festina, où les primes d’engagement dans les critériums servaient à l’achat de produits interdits.

Réactions en chaîne

Le premier coureur à confirmer les propos de Jef d’Hont est Bert Dietz. Le 21 mai, il indique avoir recouru au dopage lors de son passage chez Telekom, entre 1994 et 1998. Depuis, les confessions s’enchaînent et les têtes tombent. Le 23 mai, les Dr Lothar Heinrich et Andreas Schmid, les médecins en charge de la santé des coureurs, avouent leur participation au système de dopage et sont licenciés de la clinique universitaire de Fribourg, l’un des lieux les plus réputés d’Allemagne en matière de médecine sportive. Le 24 mai, Zabel passe à son tour à table : «Je me suis dopé à l’EPO lors de la première semaine du Tour 1996». Puis, c’est au tour de Rolf Adlag, de Udo Bölts, qui quitte son poste dans l’équipe Gerolsteiner. Le 25 mai, enfin, Bjarne Riis reconnaît le dopage à l’EPO, particulièrement lors de sa victoire de 1996.

Tous les regards se tournent maintenant vers Jan Ullrich, le vainqueur du Tour de France 1997, également accusé par Jef d’Hont d’avoir reçu des injections d’EPO. En réponse, Ullrich fait parler son agent, Wolfgang Strohband. Celui-ci indique sur le site internet d’Ullrich que d’Hont n’est pas «crédible» dans ses attaques contre le vainqueur du Tour 97, car le soigneur serait revenu sur ses accusations moins d’une journée après les avoir proférées.

Quoiqu’il en soit, la publication de l’ouvrage de Jef d’Hont a initié un mouvement dont il est aujourd’hui difficile de voir jusqu’où il ira. En Allemagne, l’affaire s’étend désormais au cyclisme amateur et touche même les médias : la chaîne de télévision publique ZDF menace de ne pas diffuser les images du Tour de France 2007 si elle n’obtient pas de garanties dans la lutte contre le dopage.