La Nouvelle-Zélande est régulièrement désignée par le monde de l’ovalie comme la meilleure équipe de la planète. Impressionnants lors des tests matchs et lors du Tri-Nations qu’ils ont remporté pour la huitième fois en juillet, les All Blacks n’ont cependant gagné qu’une seule fois la Coupe du monde, face à la France 29 à 9 chez eux en 1987.
Voilà un bien beau paradoxe : les
All Blacks pulvérisent régulièrement leurs adversaires lors des tests matchs et, hormis une victoire en 1987, ratent systématiquement l’accès au sacre suprême lors des Coupes du monde. En 2003, l’équipe est tombée sur l’os australien en demi finale (10 à 22), tout comme en 1999, face à une équipe de France inspirée (31à 43). Les « Blacks » n’auront pas plus de succès en 1995 : ils sont défaits 15 à 12 par l’Afrique du Sud, tout juste acceptée dans la compétition. La Coupe 1991, qui se déroule en Grande-Bretagne, Irlande et France est également un échec : l’Australie bat l’équipe néo-zélandaise par 16 à 6.
Arrivé à la tête de l’équipe en 2003, Graham Henry est un entraîneur prudent. Grâce à un effectif important, il fait tourner les joueurs lors des matchs et peut ainsi préserver ses hommes clés. Une stratégie qui semble payer : depuis 2004, la Nouvelle-Zélande a gagné trois fois le Tri-Nations (2005, 2006, 2007), a eu une série victorieuse contre les Lions britanniques en 2005 et fait une belle tournée en 2006 en France (notamment une nette victoire 47 à 3 à Lyon en novembre 2006). Au total, les hommes en noir n’ont concédé que cinq défaites lors de leurs 43 derniers tests matchs, dont aucune contre une équipe de l’hémisphère nord...
Le « haka » maori |
Le haka est une danse rituelle du peuple maori et qui a été adoptée par les joueurs du XV néo-zélandais. Il était interprété à l'occasion de cérémonies, de fêtes de bienvenue, ou avant de partir à la guerre. Depuis 1987, les All Blacks se lancent dans un haka avant le début de chacune de leurs rencontres, ce qui a pour but d’impressionner l'adversaire. Le Te Rauparaha Haka est le plus connu. C’est celui que les « Blacks » ont interprété lors de leurs tournées en Europe dès la fin du XIXe siècle. |
« L’équipe à battre »
Stirling Mortlock, le capitaine australien est formel, lors de ce Mondial 2007, la Nouvelle-Zélande reste « l’équipe à battre ». Les joueurs importants comme McCaw ou Carter, mis au repos, vont pouvoir donner tout leur potentiel durant le Mondial 2007. C’est en tous cas ce qu’espère David Kirk, le capitaine des « Blacks » victorieux en 87 : « Nous attendons de l’équipe de 2007 qu’elle fasse le boulot. Ils sont la meilleure équipe engagée et la plus équilibrée ».
Reste que les All Blacks avouent quelques petites faiblesses. Une défaite 15 à 20 face à l’Australie dans le Tri-Nations 2007 a révélé des lacunes dans le jeu néo-zélandais. « La défaite australienne nous a contraints à jeter un regard salvateur et sans concessions sur nous-même » a lancé le capitaine de la formation, le troisième ligne Richie Mccaw. La poule C, avec L’Italie, l’Ecosse la Roumanie et le Portugal, semble quand même nettement à leur portée.
Les « colleges », cœur du système
La Nouvelle-Zélande, quatre millions d’habitants seulement, a réussi l’exploit d’être LA nation du rugby. Le pays compte 141 000 licenciés en 2006 (269 832 en France) et l’essentiel de l’apprentissage se passe dans les colleges. Les compétitions qui révèlent les futures grandes stars de ce sport s'y déroulent là. On y joue le Roppa Rugby, sorte de barette à la néo-zélandaise, où les plaquages sont remplacés par un système de touches sur les maillots. A la Grammar School d’Auckland, qui a formé 50 All Blacks, les apprentis rugbymen s’entraînent tous les jours après les cours et disputent des matchs chaque samedi matin. La mixité grandissante de la société profite également au rugby néo-zélandais. Les joueurs ne sont plus seulement des Maoris ou les descendants des colons britanniques mais des sportifs venus des îles voisines (comme Jonah Lomu de Tonga) pour qui jouer sous les couleurs des All Blacks est le plus grand des honneurs.
Du côté des joueurs présents à ce Mondial, on remarquera notamment le capitaine, Richie McCaw, troisième ligne élu joueur 2006 par l’International Rugby Board (IRB). «
C’est ce qui se fait de mieux en ce moment : un plaqueur, coureur, sauteur », précise l’international français Rémy Martin. Amoureux du combat dur, McCaw est très critiqué pour aller récupérer les ballons dans le camp adverse souvent à la limite de la légalité… Meilleur joueur 2005 pour l’IRB, le demi d’ouverture Daniel Carter, à seulement 25 ans et 41 sélections est le tacticien et le buteur précis des All Blacks. Avec 636 points marqués, il est en passe de dépasser le record de Grant Fox (645 en 46 sélections) qui avait gagné la première Coupe du monde en 1987. Chris Jack, en seconde ligne, est un incontournable de l’équipe, doté de l’étonnante capacité –pour un avant- de jouer en agilité et puissance. Ce pur produit de l’école néo-zélandaise, malgré son 2,02 m et ses 115 kilos sait surprendre un adversaire par un cadrage-débordement d’école. Les équipes de la poule C sont prévenues…
Une Coupe qui a failli être boycottée par la presse |
Une coalition de médias regroupant notamment les plus grandes agences de presse mondiales (Reuters, AFP, AP) a décidé, le jeudi 6 septembre, de suspendre la couverture texte, photo et télévision du Mondial en raison d'un différend avec les organisateurs sur les droits d'exploitation de l'événement. Le journal sportif français L’Equipe et le quotidien électronique 20minutes.fr s'étaient associés au mouvement et ne contenaient ce vendredi aucun cliché d'actualité ayant trait à la Coupe du monde. La plupart des journaux britanniques avaient pris une initiative similaire. Le groupe des médias refusait notamment la restriction du nombre de photos prises lors des matchs et autorisées à la diffusion sur les sites internet mais aussi l’abandon du droit d’auteur sur les clichés réalisés au profit de l’International Rugby Board (IRB). Ils réclamaient aussi de la part de l'IRB qu'il revienne sur une disposition lui permettant de modifier sans la moindre consultation les conditions d'accréditation.
L'IRB, qui a vendu fort cher les droits du Mondial à un nombre restreint d’opérateurs TV craignait que la diffusion d'un trop grand nombre de photos sur internet ne dévalue les droits d'exclusivité vendus à ces mêmes chaînes de télévision. « Nous sommes face à des gens qui veulent maximiser l’exploitation commerciale de l’événement quitte à piétiner les droits des journalistes » déclarait Pierre Louette, le patron de l’Agence France Presse dans les colonnes du journal Le Monde daté du 7 septembre.
Quelques minutes avant le premier match de la Coupe du monde 2007, le boycott des agences était levé après la conclusion d'un accord entre l'IRB et les médias. Cet accord autorise notamment les agences de presse à diffuser sur internet un total de 200 photos par matchs (contre cinquante jusqu'à présent). Un des sponsors de l'épreuve, le groupe Emirates, avait jugé ce boycott «ennuyeux». |