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Lutte antidopage

Jean-François Lamour ne présidera pas l’AMA

par Marc Verney

Article publié le 16/10/2007 Dernière mise à jour le 16/10/2007 à 18:47 TU

Jean-François Lamour.(Photo : AFP)

Jean-François Lamour.
(Photo : AFP)

Le Français Jean-François Lamour a démissionné, ce 16 octobre, de ses fonctions de vice-président de l’Agence mondiale antidopage (AMA). Le double champion olympique d’escrime et ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, qui faisait face à la candidature surprise de l’Australien John Fahey a également confirmé qu’il ne briguerait pas la présidence de l’institution, le 17 novembre 2007. L’échec de Jean-François Lamour démontre certainement les tensions qui traversent le monde du sport, partagé entre une ligne plus rigoureuse de lutte contre le dopage illustrée par le Français et une autre, plus laxiste, qui pourrait tendre vers la légalisation de certains produits.

Jean-François Lamour ne sera pas le prochain président de l’Agence mondiale antidopage. Après avoir passé plusieurs années à peaufiner sa préparation à la succession de Dick Pound, dirigeant historique de l’AMA, le Français est obligé de renoncer à sa candidature à la présidence de l’institution devant la défiance de ses pairs et une absence de soutien international qui illustre clairement les fractures qui déchirent le monde sportif autour du dossier du dopage.

En annonçant le retrait de sa candidature, ce mardi 16 octobre, à l’Assemblée nationale française, le double champion olympique d’escrime et ancien ministre de la Jeunesse et des Sports est revenu sur les raisons qui l’ont poussé à se retirer de la course à la présidence de l’AMA. Le 22 septembre dernier, en marge d’une réunion du Comité exécutif de l’Agence, des représentants des gouvernements mettent en minorité Jean-François Lamour en l’obligeant à se plier à des élections primaires entre lui et un candidat de dernière minute, l’ancien ministre australien des Finances, John Fahey.

Le dopage libéralisé ?

Alors qu’il faisait apparemment l’objet d’un consensus sur son nom, Lamour a vu l’opposition à sa candidature, aussi soudaine qu’inattendue, conforter ses positions à quelques encablures de l’élection : « L’AMA vient d’entrer en régression », a lancé l’ex-futur président, qui voit en la candidature australienne l’instrument des partisans d’une approche plus libérale, voire laxiste de la lutte antidopage… « Très clairement, explique-t-il à l’AFP, il y a deux visions de cette lutte. Une vision minimaliste, utilitaire, défendue par l’Union cycliste internationale et les pays anglo-saxons, où l’AMA sert de couverture. L’autre vision, plus éthique, fondée sur la protection de la santé des sportifs, la chasse aux tricheurs et aux pourvoyeurs de produits dopants, voulait faire de l’AMA le gendarme international de la lutte antidopage ». Mais force est de constater que la vision de Jean-François Lamour, au moment décisif, n’a su ou pu rallier grand monde autour de ses positions, basées sur un combat sans concession contre les pratiques dopantes.

Mais tout n’est pas encore perdu. Si John Fahey semble être soutenu par certains gouvernements, plutôt anglo-saxons, il est en revanche regardé avec méfiance par le mouvement sportif, qui contribue pour moitié au budget de fonctionnement de l’Agence mondiale antidopage. Le Comité international olympique notamment, qui n’avait pas caché son soutien à Jean-François Lamour, pourrait être tenté de refuser un candidat peu connu, considéré comme l’homme de paille des opposants à une agence antidopage ayant plus de pouvoirs. Par ailleurs, le Français envisage de poursuivre le combat en marge de l’AMA et évoque la possibilité de « créer une agence européenne indépendante qui reprendrait le code mondial antidopage ».