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Sport automobile

Monaco : le mythe au coin de la rue

par Marc Verney

Article publié le 23/05/2008 Dernière mise à jour le 23/05/2008 à 08:50 TU

Le Britannique Damon Hill devant le casino de Monte-Carlo le 20 mai 1993. Le GP de Monaco reste l'un des derniers «circuits d'hommes» où le talent du pilote peut encore faire la différence. (Photo : AFP)

Le Britannique Damon Hill devant le casino de Monte-Carlo le 20 mai 1993. Le GP de Monaco reste l'un des derniers «circuits d'hommes» où le talent du pilote peut encore faire la différence.
(Photo : AFP)

Le Grand-Prix de Monaco est peut-être la plus mythique des épreuves du calendrier mondial de la F1. Inauguré le 14 avril 1929, son circuit serpente dans les rues de la principauté, rendant les dépassements difficiles et audacieux… Retour sur une histoire mouvementée, car Monaco, circuit lent et technique, reste encore aujourd’hui un circuit fait pour des pilotes ayant du cran et du coeur.

Deux hommes sont à l’origine du projet d’un circuit dans la principauté de Monaco : Antony Noghes, le fils du président de l’Automobile-Club monégasque, et Louis Chiron, l’un des plus célèbres coureurs automobile d’avant-guerre. Cette création, imposée par l’Association internationale des automobile-clubs reconnus (ancêtre de la Fédération internationale de l’automobile), pour admettre le club monégasque dans ses rangs était un véritable défi au bon sens. Il fallait en effet préparer un circuit automobile complet sur un territoire qui ne dépassait pas, dans l’entre-deux-guerres, plus de 1,5 km2...

La course inaugurale eut pourtant lieu le 14 avril 1929. Le tracé choisi (un peu plus de 3,3 km) partait du boulevard Albert-1er et enchaînait les virages serrés dans les rues de la ville tout en tournant autour du casino, du port pour revenir à son point de départ par une épingle à cheveux, dite du « Gazomètre » en raison de la présence de réservoirs à gaz dans ce secteur, situé pratiquement à l'angle de l'avenue du Port.

La maniabilité, plus que la puissance

Seize voitures prirent part au départ. Il y avait là huit Bugatti, trois Alfa-Roméo, deux Maserati, une Licorne et une Mercedes SSK. Mais, très vite, les abandons se succédèrent. En cause : l’inadaptation des véhicules à un tracé aussi sinueux ; ce fut l’Anglais Williams, sur une agile Bugatti type 35 qui l'emporta devant le Belge Georges Bouriano (Bugatti type 35) et l’Allemand Rudolf Caracciola (Mercedes SSK). Les 100 tours effectués furent bouclés à une vitesse moyenne de 80,194 km/h.

Plongeons !

Par deux fois, des Formule 1 ont littéralement « plongé » dans les eaux du port de la principauté.
Champion du monde en 1952 et 1953, le pilote italien Alberto Ascari aborde la saison 1955 avec de grandes ambitions. Grâce à une Lancia D50 compétitive, il est prêt à en découdre avec les Mercedes-Benz, réputées invincibles. Au Grand Prix de Monaco, ce 22 mai, il est proche de l'exploit. Alors qu’il se maintient en deuxième position, la victoire semble lui être promise quand il s’aperçoit que le moteur de la Mercedes de Stirling Moss perd de la puissance. Mais Ascari ne peut profiter de cette aubaine : il se fait surprendre à la sortie du tunnel par l'huile répandue par la Mercedes.
Perdant le contrôle de sa voiture, il finit sa course dans les eaux du port… Les hommes grenouille sauvent l’Italien de la noyade. Alberto Ascari va se tuer le 26 mai 1955 lors d’une séance d'essais privés sur le circuit de Monza.
Paul Hawkins, un pilote britannique qui court sur Brabham connaît la même mésaventure que l’Italien Ascari au 79e tour du Grand-Prix de Monaco 1965.


Une des premières leçons tirée par les participants à la compétition était que ce nouveau circuit urbain, terriblement sélectif, nécessitait des voitures maniables, dotées de châssis courts. Et, de fait, encore aujourd’hui, la maniabilité, plus que la puissance, reste l’un des atouts pour l’emporter à Monaco.

En raison de la Deuxième Guerre mondiale, les courses à Monaco sont arrêtées entre 1938 et 1947. Relancées en 1948, les courses s’interrompent encore une fois l’an suivant en raison du décès du prince monégasque Louis II. En 1950, le GP de Monaco est la deuxième épreuve du championnat du monde. Il est remporté, ce 21 mai, par Juan Manuel Fangio, sur Alfa-Roméo qui boucle les cent tours en 3 h et 13 min.

Après un nouvel intermède, les courses de Formule 1 reprennent en 1955. Le GP de Monaco figure, depuis cette date, sans interruption au calendrier du championnat du monde de F1. Ce circuit bien particulier a plutôt souri à Ayrton Senna. Avec six succès en dix participations, le pilote brésilien, qui a perdu la vie en 1994 à Imola y détient encore aujourd’hui le record des victoires.

Le dernier pilote français à avoir vaincu à Monaco est Olivier Panis, sur une Ligier en 1994. Ce Grand-Prix, qui se déroule sous une pluie battante est une véritable course par élimination. Le pilote lyonnais, qualifié en fond de grille, réussit à déborder de nombreux concurrents pour finalement décrocher une victoire historique, la première de l'écurie Ligier depuis quinze ans. Il ne reste alors plus que trois voitures en course…
Avec les 24 heures du Mans et les 500 miles d'Indianapolis, le Grand-Prix de Monaco est aujourd’hui sans doute l’un des plus importants événements du sport automobile.

Les cinq derniers vainqueurs
2003 :
Montoya (Williams), 2004 : Trulli (Renault), 2005 : Räikkönen (McLaren), 2006 : Alonso (Renault), 2007: Alonso (Mclaren).

Le circuit actuel

Le tracé de base est quasi inchangé depuis 1950. La ligne de départ se situe dans la contre-allée au niveau du port, traverse la place Sainte-Dévote puis passe devant le casino, longe l'ancienne gare de Monte-Carlo, serpente à l'emplacement de l'hôtel Loews (virage le plus lent du championnat) et repart vers la mer en empruntant le tunnel qui mène à la chicane du port. Puis, après, apparaissent le raide virage de la Rascasse suivi du virage Anthony-Noghes qui ramène à la ligne des stands.
Depuis sa naissance, le circuit a néanmoins subi quelques transformations : en 1973, la route de la Piscine a permis d'installer les stands sur le quai. Trois ans plus tard, deux nouvelles chicanes sont mises en place, respectivement à Sainte-Dévote et à la sortie de l'épingle de la Rascasse. L’année 86 est celle de l'élargissement du quai des Etats-Unis permettant ainsi la création d'une nouvelle chicane. En 1997, le premier S de la Piscine est redessiné ; il porte maintenant le nom de virage Louis-Chiron.
La première phase d'aménagement du circuit en 2003 n'a concerné que la partie sud du port (5 000 mètres carrés de terrain gagnés sur la mer). Le circuit compris entre le second S de la Piscine et la Rascasse a été déplacé de 10 mètres et complètement redessiné (une nouvelle chicane est confectionnée à la sortie du second virage de la Piscine). Un an plus tard, de nouveaux stands sont mis à la disposition de chaque écurie.

Plus d’informations

Le site officiel de l’Automobile Club de Monaco (lire)

Le site de la Formule 1 (lire)