Liban
La victoire du Hezbollah
Le retrait précipité des troupes israéliennes du Liban sud est avant tout la victoire du Hezbollah. Soutenue par l'Iran et la Syrie, l'ancienne milice chiite des temps de la guerre civile incarne la résistance nationale à l'occupant aux yeux de la plupart des Libanais, toutes communautés et toutes opinions confondues. Le mouvement fondé au début des années quatre-vingt par les partisans de l'imam Moussa Sadr, tout en restant fidèle à ses origines, à su s'adapter à la situation de l'après-guerre civile. A Beyrouth, le Hezbollah est désormais un parti politique en quête de respectabilité : plusieurs de ses membres siègent au parlement, parmi lesquels un député chrétien et un sunnite. Dans le sud, le Hezbollah est désormais bien davantage qu'une milice confessionnelle : une véritable armée de guérilla, aguerrie et disciplinée. Les coups sévères que le Hezbollah a porté depuis deux ans à l'armée israélienne et à l'ALS témoignent à l'évidence que les combattants de la «résistance islamique», comme se baptisent ses membres, disposent d'un efficace réseau de renseignement, favorisé par l'interpénétration entre les combattants du Hezbollah et la population chiite.
Chaque fois que le premier ministre israélien a confirmé son engagement de retirer les soldats de l'Etat hébreu avant juillet 2000, le Hezbollah a fait savoir qu'il ne laisserait pas les militaires israéliens se retirer en bon ordre. Et de fait, le harcèlement n'a fait que s'intensifier à mesure qu'approchait la date du retrait israélien. En février, le Hezbollah s'est bien gardé de bombarder le nord d'Israël afin de ne pas donner de prétexte aux bombardements effectués en représailles par l'aviation israélienne sur les infrastructures civiles du Liban. Mais en avril, quatre ans après les arrangements signés sous l'égide de la France et des Etats-Unis interdisant aux belligérants de s'en prendre au civils, le Hezbollah a repris son pilonnage de Kyriat Shmona, au nord de la Galilée, tandis que les chefs militaires israéliens, exaspérés, se voyaient interdire de riposter massivement par Ehoud Barak, obligé de tenir compte des pressions internationales.
Lors des affrontements de février 2000, qui sont restés cantonnés au territoire libanais, la «Résistance libanaise», autrement dit le Hezbollah, a recueilli le soutien de la Ligue arabe.
Hosni Moubarak lui-même s'est déplacé à Beyrouth ûle premier voyage au Liban d'un président égyptien !- pour apporter son soutien au pays du cèdreà et au Hezbollah, suscitant le mécontentement d'Israël.
Dans un tel contexte, le «Parti de Dieu» ne pouvait sortir que gagnant. Si par son harcèlement, il avait abouti au maintien au Liban de l'armée israélienne, Ehoud Barak aurait perdu la face, tant vis-à-vis de son opinion publique que sur le plan international. Quand au Hezbollah, il aurait continué de bénéficier du soutien dont il jouit au Liban en tant qu'incarnation de la «Résistance nationale».
Mais puisque l'armée d'occupation quitte le territoire libanais, aiguillonnée par les maquisards chiites, la défaite israélienne apparaît dans une large mesure comme le triomphe du Hezbollah et de lui seul. Que fera celui-ci de sa victoire. Les habitants du nord d'Israël et les officiers de Tsahal redoutent qu'il s'en prenne au territoire israélien depuis la frontière qu'il va désormais contrôler. Autre hypothèse : le Hezbollah a tout intérêt à capitaliser son succès sur la scène politique intérieure en faisant valoir son surcroît de légitimité face aux partis libanais traditionnels.
Chaque fois que le premier ministre israélien a confirmé son engagement de retirer les soldats de l'Etat hébreu avant juillet 2000, le Hezbollah a fait savoir qu'il ne laisserait pas les militaires israéliens se retirer en bon ordre. Et de fait, le harcèlement n'a fait que s'intensifier à mesure qu'approchait la date du retrait israélien. En février, le Hezbollah s'est bien gardé de bombarder le nord d'Israël afin de ne pas donner de prétexte aux bombardements effectués en représailles par l'aviation israélienne sur les infrastructures civiles du Liban. Mais en avril, quatre ans après les arrangements signés sous l'égide de la France et des Etats-Unis interdisant aux belligérants de s'en prendre au civils, le Hezbollah a repris son pilonnage de Kyriat Shmona, au nord de la Galilée, tandis que les chefs militaires israéliens, exaspérés, se voyaient interdire de riposter massivement par Ehoud Barak, obligé de tenir compte des pressions internationales.
Lors des affrontements de février 2000, qui sont restés cantonnés au territoire libanais, la «Résistance libanaise», autrement dit le Hezbollah, a recueilli le soutien de la Ligue arabe.
Hosni Moubarak lui-même s'est déplacé à Beyrouth ûle premier voyage au Liban d'un président égyptien !- pour apporter son soutien au pays du cèdreà et au Hezbollah, suscitant le mécontentement d'Israël.
Dans un tel contexte, le «Parti de Dieu» ne pouvait sortir que gagnant. Si par son harcèlement, il avait abouti au maintien au Liban de l'armée israélienne, Ehoud Barak aurait perdu la face, tant vis-à-vis de son opinion publique que sur le plan international. Quand au Hezbollah, il aurait continué de bénéficier du soutien dont il jouit au Liban en tant qu'incarnation de la «Résistance nationale».
Mais puisque l'armée d'occupation quitte le territoire libanais, aiguillonnée par les maquisards chiites, la défaite israélienne apparaît dans une large mesure comme le triomphe du Hezbollah et de lui seul. Que fera celui-ci de sa victoire. Les habitants du nord d'Israël et les officiers de Tsahal redoutent qu'il s'en prenne au territoire israélien depuis la frontière qu'il va désormais contrôler. Autre hypothèse : le Hezbollah a tout intérêt à capitaliser son succès sur la scène politique intérieure en faisant valoir son surcroît de légitimité face aux partis libanais traditionnels.
par Olivier Da Lage
Article publié le 23/05/2000