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Liban

La FINUL : vingt-deux ans de présence impuissante

A leur arrivée au Liban sud, en 1978, les Casques bleus de la FINUL devaient être des acteurs de la paix. Ils n'ont été, au mieux, que des spectateurs, au pire des victimes de la violence.
Carte du retrait israélien
«Rétablir la paix et la sécurité» sur la frontière israélo-libanaise, et «aider le gouvernement libanais à assurer la restauration de son autorité sur la région» : c'est le mandat de la FINUL, issu de la résolution 425 du Conseil de sécurité. Depuis 1978, jamais les soldats de la paix n'ont été en mesure d'accomplir cette mission. Et pour cause: ils avaient été dépêchés pour superviser un retrait israélien qui devait s'effectuer «sans délai», et qui n'intervient que vingt-deux ans plus tard.

Dès le début, la FINUL est confrontée à de graves difficultés sur le terrain, l'Armée du Liban sud (ALS) et l'armée israélienne s'opposant à son déploiement dans la zone qu'elles contrôlent, dans le sud. La Force de l'ONU reste donc stationnée au nord de cette bande de 850 km2, baptisée «zone de sécurité» par l'armée israélienne. Composée de contingents envoyés par neuf pays (Finlande, France, Ghana, Inde, Irlande, Italie, Népal, Pologne, Fidji), elle compte plusieurs milliers d'hommes (jusqu'à 6 000).

En 1982, c'est l'humiliation: les chars et les soldats israéliens foncent sur Beyrouth en traversant, en toute impunité, les secteurs sous contrôle onusien. La FINUL n'a ni les moyens militaires, ni les moyens juridiques de s'interposer. Tout au plus tente-t-elle de limiter les effets de l'occupation sur les populations civiles. Elle obtient le prix Nobel de la paix en 1988, mais cette récompense cache mal le décalage entre la mission initiale et les services courageusement rendus: déminage, secourisme, actions humanitaires. Durant de longues années, les Casques bleus se trouvent pris dans les affrontements entre les forces israéliennes et les combattants libanais. En 1996 survient le point culminant de la violence: des bombardements israéliens contre le camp de la FINUL à Cana, où sont réfugiés de nombreux civils, causent la mort d'une centaine de Libanais. Depuis sa création, la FINUL a perdu 240 soldats, tués accidentellement ou dans des actes de violence délibérés.

Aujourd'hui, le retrait israélien change la donne. Il ouvre enfin la voie à une mission qui s'annonce, cependant, extrêmement dangereuse. C'est pourquoi le contingent de l'ONU devrait être quasiment doublé, passant de 4 500 à près de 8 000 hommes dotés d'armement lourd.



par Philippe  Quillerier-Lesieur

Article publié le 23/05/2000