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Liban

ALS : la milice supplétive d'Israël

Au printemps 1976, aux débuts de la guerre civile du Liban, une partie de l'armée libanaise fait sécession, sous la conduite du major chrétien Saad Haddad qui refuse la mainmise palestinienne sur une partie du Liban. A l'époque, le sud du pays est surnommé le «Fatahland», du nom du mouvement que dirige Yasser Arafat et qui contrôle effectivement une partie du territoire libanais. Haddad et un groupe d'officiers chrétiens accusent le gouvernement libanais d'abdiquer devant les combattants palestiniens qui défient l'autorité de l'Etat. Lorsqu'Israël pénètre sur le territoire libanais en mars 1978, occupant une bande de territoire longue de 100 kilomètres et large de 8, l'Etat hébreu en confie la garde au major Haddad et à ses 2 000 miliciens. L'armée israélienne fournit l'encadrement et la logistique.

En mai 1980, Haddad rebaptise «Armée du Liban Sud» sa milice au sein de laquelle les chrétiens côtoient les chiites, pour la plupart originaires de la région.

En juin 1982, Israël envahit le Liban pour y détruire l'infrastructure de l'OLP. Les miliciens de l'ALS accompagnent les soldats de Tsahal dans leur percée vers le nord. L'ALS suivra de même l'armée israélienne dans son repli vers le sud en juin 1985. Israël conserve cependant le contrôle d'une zone tampon, rebaptisée «zone de sécurité» et en confie la garde à l'ALS, qui fonctionne comme une milice supplétive au profit de l'Etat hébreu, qui lui assure un appui logistique sans faille.

Entre-temps, le général Antoine Lahad, autre dissident de l'armée libanaise, a remplacé à la tête de l'ALS Saad Haddad, mort en 1984. Les médias continuent par habitude de parler de milice chrétienne, et pourtant, au fil des années, les chiites sont devenus majoritaires au sein de cette «armée». Souvent, les salaires alléchants proposés par l'ALS sont la motivation principale de ces nouvelles recrues qui fuient le chômage. A l'évidence, cela facilite l'infiltration de l'ALS par le Hezbollah qui multiplie les coups de mains contre la milice. Les miliciens libanais occupant les postes les plus exposés, leurs pertes sont beaucoup plus lourdes que celles de l'armée israélienne. Au sein de l'Armée du Liban Sud forte d'environ 2500 hommes, le moral est en baisse continuelle, d'autant qu'à son arrivée au pouvoir, en juillet 1999, le premier ministre israélien Ehoud Barak s'est engagé à retirer ses troupes du Liban avant la date anniversaire de sa prise de fonctions. En fait, le premier test a eu lieu fin mai 1999 avec le retrait de l'ALS de Jezzine. L'armée régulière libanaise se déploie aussitôt dans la localité évacuée par les alliés d'Israël.

Au fil des mois, les désertions de miliciens se multiplient. D'anciens membres de l'ALS se rendent à l'armée libanaise et même au Hezbollah.

Le 8 mai, Antoine Lahad a écrit au président libanais Emile Lahoud pour lui demander l'amnistie générale pour tous ses hommes, à l'exception de lui-même, demande catégoriquement rejetée par le gouvernement de Beyrouth. Israël a entrepris des démarches auprès de la France pour qu'elle accorde l'asile politique à 200 officiers de l'ALS. Dans le même temps, l'Etat hébreu se prépare à accueillir ceux d'entre eux qui n'auraient d'autre refuge. En quelques jours, l'effondrement de l'Armée du Liban Sud a mis fin à l'espoir d'Israël de préserver une milice supplétive protégeant sa frontière nord.



par Olivier  Da Lage

Article publié le 23/05/2000