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Corée

La Corée : une péninsule compliquée<br>

Difficile à comprendre, la Corée: coincée entre la Chine, la Russie et le Japon, la Corée, depuis cinquante ans, n'en finit pas de subir une division entre deux systèmes inconciliables. Depuis des années, elle est confrontée à deux crises: l'une, au sud, est économique, sociale et financière; l'autre, au nord, est de nature idéologique, avec pour conséquence ses famines, ses drames humains, ses réfugiés et son isolement.
La carte des 2 Corées
La Corée du Nord, c'est avant tout un pays hermétique, replié sur lui-même, malgré quelques timides ouvertures diplomatiques (Chine, Italie, France, Grande-Bretagne, Canada, Japonà). Pour les observateurs qui ont réussi à pénétrer dans le pays, la Corée du Nord reste un pays où, à part les nantis, le peuple est réduit à l'état d'esclavage par la mégalomanie de ses dirigeants. Un peu, disent certains, comme un peuple au fond du gouffre. Comme, par exemple, la Roumanie avant la chute de Ceaucescu en 1989. Les ex-pays de l'Est étaient fermés, mais jamais à ce point. La population nord-coréenne est passée du féodalisme au colonialisme nippon, puis au socialisme dans la version proposée par Kim Il Sung. Conséquence: le peuple nord-coréen n'a connu ni la démocratie, ni le développement industriel. Dans sa politique d'enfermement, le régime a bénéficié d'une situation géographique privilégiée: au nord, la Chine et l'ex-URSS, au sud, l'impérialisme américain, et les "fantoches" de Séoul. Raison pour laquelle les autorités de Pyongyang ont entretenu l'idée que le peuple avait une mentalité d'assiégé. Le ciment idéologique du régime, la notion du Juche (autosuffisance et indépendance), élaborée à la fin des années 50, servit au départ à consolider le pouvoir de Kim Il-sung et à éliminer ses adversaires. Puis, à partir du schisme sino-soviétique des années 60, elle devint le "credo" du régime au point que dans la constitution de 1992, cette expression d'un " socialisme à la mode coréenne " en vient à remplacer la référence au "marxisme-léniniste".

Qu'en est-il de la Corée du Sud ? A la fin des années 70, on évoquait en Asie et en Occident un "miracle économique". Il est vrai que dix ans auparavant, les centaines de millions de dollars injectés par le Japon, principalement dans le cadre des réparations de guerre, avaient contribué à aider l'économie de la Corée du Sud. Très rapidement, cependant, ce "miracle économique" a trouvé ses limites. Ce modèle cité en exemple a connu de nombreux déboires, liés tout à la fois aux craintes nées de la mondialisation, à un pouvoir politique discrédité et au fait que la Corée du Sud soit encore une jeune démocratie. On a souvent comparé l'économie coréenne à une bicyclette: "Si elle ralentit, elle risque de tomber". Ce n'est pas son premier incident de parcours, mais cette fois, et depuis de longues années, la crise est sérieuse. Tant que la collusion entre groupes industriels, banques et pouvoir politique, n'aura pas pris fin, la "recette de la Corée battante" qui est passée en quarante ans de la pauvreté à l'accession en 1996 au club très restreint des pays riches de l'OCDE, perdra une très large part de sa crédibilité. Depuis plusieurs années, on observe une décélération de la croissance, une hausse spectaculaire des salaires, des faillites retentissantes de grands groupes vendus à vil prix à l'étranger et la baisse des exportations due à la dépréciation du yen. Bon nombre d'observateurs se posent désormais la question de savoir si, au fond, l'expansion coréenne n'était pas finalement "un grand bluff





par Pierre  DELMAS

Article publié le 09/06/2000