Syrie
Les recettes du «docteur Bachar»
Rien ne prédisposait Bachar el Assad, qui se destinait à une carrière d'ophtalmologiste, à devenir un jour le maître de la Syrie. Rien, si ce n'est le nom de son père, et la mort accidentelle de son frère Bassel en 1994. En Syrie, on l'appelle «Docteur Bachar». Le deuxième fils de Hafez el Assad, diplômé de la faculté de médecine de Damas, poursuivait à Londres une spécialisation d'ophtalmologie lorsque tombe la tragique nouvelle: son frère aîné, Bassel, vient de trouver la mort dans un accident de voiture. Depuis de nombreuses années, Hafez el Assad avait préparé Bassel pour la succession. Tandis que Bassel se formait aux affaires de l'Etat, à l'administration, au pouvoir et à la chose militaire, Bachar pouvait se consacrer à la médecine.
Avec la disparition de son frère aîné, le monde du jeune médecin chavire. Hafez el Assad le rappelle aussitôt à Damas pour reprendre le flambeau. Pas question de laisser la place à son frère banni, Rifaat, qui, en 1983, a tenté de prendre le pouvoir par la force en profitant de l'hospitalisation du président syrien qui se remettait d'un accident cardiaque. «Docteur Bachar» abandonne donc la médecine et entre à l'académie militaire de Homs. Il gravit patiemment tous les échelons militaires. Commandant en 1994, lieutenant-colonel en 1997, colonel en 1999. A travers le pays, portraits géants et affichettes sont omniprésents: on peut y voir le président Assad entouré de ses deux fils, le «martyr» Bassel et le «docteur Bachar». Pour le peuple syrien, le message est clair: la succession est assurée.
Pourtant, Bachar n'assume encore aucune fonction officielle, ni dans l'appareil d'Etat, ni au sein du parti Baath. En revanche, sa passion pour l'informatique est connue. Il dirige d'ailleurs la «Société scientifique syrienne pour l'informatique». Bachar el Assad s'est fixé l'objectif d'ouvrir la Syrie à l'Internet. Dans un pays où les journaux sont étroitement surveillés et où dans chaque ville, le siège des services de renseignements est plus grand que la mairie, c'est un signal d'ouverture que l'héritier présomptif envoie à ses compatriotes. Son nom est également associé à la lutte contre la corruption. La presse syrienne souligne le rôle qu'il joue dans la mise à l'écart, voire l'arrestation d'hommes d'affaires et de hauts dirigeants corrompus.
Pour compléter sa formation de prince héritier, il lui reste à se faire connaître sur la scène internationale. Son père l'envoie parcourir les capitales du monde arabe. Au Liban, bien sûr, dans les monarchies du Golfe, en Jordanie. Il y rencontre de jeunes princes héritiers de son âge et noue des liens d'amitiés avec Abdallah II, le nouveau souverain jordanien. Avec Mohammed VI, ils font partie du club des jeunes leaders qui prennent la relève dans le monde arabe. La consécration vient cependant lorsqu'en novembre 1999 Jacques Chirac reçoit sur le perron de l'Elysée Bachar el Assad qui n'a encore d'autre titre que d'être le fils de son père. Il est désormais reconnu internationalement comme un représentant autorisé de la Syrie. Désormais général et bientôt président, Bachar el Assad a jusqu'à présent franchi sans encombre les obstacles sous la bienveillante protection de son père. A lui, désormais, de voler de ses propres ailes et de faire ses preuves.
Avec la disparition de son frère aîné, le monde du jeune médecin chavire. Hafez el Assad le rappelle aussitôt à Damas pour reprendre le flambeau. Pas question de laisser la place à son frère banni, Rifaat, qui, en 1983, a tenté de prendre le pouvoir par la force en profitant de l'hospitalisation du président syrien qui se remettait d'un accident cardiaque. «Docteur Bachar» abandonne donc la médecine et entre à l'académie militaire de Homs. Il gravit patiemment tous les échelons militaires. Commandant en 1994, lieutenant-colonel en 1997, colonel en 1999. A travers le pays, portraits géants et affichettes sont omniprésents: on peut y voir le président Assad entouré de ses deux fils, le «martyr» Bassel et le «docteur Bachar». Pour le peuple syrien, le message est clair: la succession est assurée.
Pourtant, Bachar n'assume encore aucune fonction officielle, ni dans l'appareil d'Etat, ni au sein du parti Baath. En revanche, sa passion pour l'informatique est connue. Il dirige d'ailleurs la «Société scientifique syrienne pour l'informatique». Bachar el Assad s'est fixé l'objectif d'ouvrir la Syrie à l'Internet. Dans un pays où les journaux sont étroitement surveillés et où dans chaque ville, le siège des services de renseignements est plus grand que la mairie, c'est un signal d'ouverture que l'héritier présomptif envoie à ses compatriotes. Son nom est également associé à la lutte contre la corruption. La presse syrienne souligne le rôle qu'il joue dans la mise à l'écart, voire l'arrestation d'hommes d'affaires et de hauts dirigeants corrompus.
Pour compléter sa formation de prince héritier, il lui reste à se faire connaître sur la scène internationale. Son père l'envoie parcourir les capitales du monde arabe. Au Liban, bien sûr, dans les monarchies du Golfe, en Jordanie. Il y rencontre de jeunes princes héritiers de son âge et noue des liens d'amitiés avec Abdallah II, le nouveau souverain jordanien. Avec Mohammed VI, ils font partie du club des jeunes leaders qui prennent la relève dans le monde arabe. La consécration vient cependant lorsqu'en novembre 1999 Jacques Chirac reçoit sur le perron de l'Elysée Bachar el Assad qui n'a encore d'autre titre que d'être le fils de son père. Il est désormais reconnu internationalement comme un représentant autorisé de la Syrie. Désormais général et bientôt président, Bachar el Assad a jusqu'à présent franchi sans encombre les obstacles sous la bienveillante protection de son père. A lui, désormais, de voler de ses propres ailes et de faire ses preuves.
par Olivier Da Lage
Article publié le 12/06/2000