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Zimbabwe

Robert Mugabe:<br> un nationaliste autocrate<br>

Aujourd'hui âgé de 76 ans, le président Robert Mugabe a été au c£ur de la longue lutte pour l'indépendance de l'ancienne Rhodésie du Sud britannique, avant de prendre les reines du Zimbabwe. Son pouvoir quasi despotique a été souvent contesté par d'autres courants nationalistes comme par la minorité blanche qui lui reprochent d'avoir peu lutté contre la corruption et qui supportent mal son hostilité manifeste vis-à-vis de l'ancienne puissance coloniale.

Robert Mugabe est né à en 1924 à Kutala (Mashonaland, au nord de la Rhodésie du sud) et a été formé dans différentes écoles chrétiennes, avant d'intégrer l'université sud-africaine de Fort Hare, en 1950, où il a obtenu le diplôme d'enseignant. Dans les années 50 Mugabe se rapproche progressivement du mouvement panafricaniste et marxiste, surtout durant un long séjour au Ghana. Une fois rentré au pays en 1960, il assume des responsabilités au sein du National Democratic Party (NDP) puis de la ZAPU (Zimbabwe African People's Union) que dirige le leader nationaliste Joshua Nkomo - qui vient de disparaître au mois d'août 1999 - en lutte ouverte contre la minorité blanche au pouvoir. A la suite d'un conflit politique avec Nkomo, Mugabe quitte la ZAPU en 1963 pour fonder un parti beaucoup plus radical: la ZANU (Zimbabwe African National Union), aux côtés de Ndabaningi Sithole. Arrêté en 1964, Robert Mugabe passe dix années dans les prisons d'Ian Smith, durant lesquelles il obtient par correspondance deux autres diplômes. Il continue d'être très populaire et prône la lutte armée au Zimbabwe, qui commence en 1972. Libéré en 1974, Mugabe tenter de transformer le conflit lancé par la ZANU en une "guerre populaire de libération nationale" sur le modèle de celle qui a triomphé en Chine. Il est aussi favorable à la création d'un Front patriotique commun avec la ZAPU de Joshua Nkomo, ce qui contraint Ian Smith à la négociation, puis à la tenue des premières élections libres, en 1980.

Facile vainqueur de ce scrutin, grâce à l'appui déterminant des Shonas (ethnie majoritaire), dont il fait partie, Mugabe devient aussitôt premier ministre et prône la réconciliation nationale. Il doit néanmoins faire face à la rébellion du Matabeleland (dont est originaire Joshua Nkomo), sur lequel s'abat une répression militaire brutale entre 1982 et 85. Après cette grave crise, la ZANU et la ZAPU commencent à se rapprocher. Elu président en 1987, Mugabe parvient à intégrer la ZAPU dans la ZANU et Nkomo est nommé ministre, puis vice-président de la République. C'est vers la fin des années 80 qu'éclatent de grands scandales: la corruption qu'il ne parvient à enrayer est aussi à l'origine de la création de nouveaux partis d'opposition, ce qui empêchera Mugabe d'instaurer un système de parti unique à l'ougandaise. Il est néanmoins réélu président en 1990 contre Edgar Tekere du ZUM (Zimbabwe Unity Movement), qui avait été son allié dans les années 70. A partir des années 90, après avoir renoncé aux principes du marxisme-léninisme, Mugabe accepte le programme d'ajustement structurel de la Banque mondiale. Il est réélu président en 1996, mais les autres candidats avaient préféré se retirer avant le scrutin après avoir dénoncé de nombreuses fraudes.



par Elio  Comarin

Article publié le 23/06/2000