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Concorde

Le moteur gauche mis en cause<br>

Deux jours après le crash du Concorde d'Air France, et dans l'attente du décryptage complet des boîtes noires, les premiers éléments de l'enquête semblent indiquer que c'est à la suite d'un incendie dans l'un des moteurs de l'appareil que l'accident s'est produit.
C'est au moment du décollage que tout semble s'être joué, lorsqu'un incendie s'est déclaré dans le moteur intérieur gauche du Concorde d'Air France. La tour de contrôle a signalé au pilote, en cours de procédure, l'apparition d'un feu. L'équipage a alors répondu : «panne de moteur numéro deux ». La vitesse de l'appareil étant trop élevée pour s'arrêter, le Concorde a décollé. Sur cet avion supersonique, la vitesse de décision après laquelle il n'est plus possible de stopper l'appareil est, en effet, très rapidement atteinte. Le commandant aurait alors voulu tenter une man£uvre pour se poser rapidement sur l'aéroport du Bourget en faisant une boucle. Il n'en a pas eu le temps et le Concorde s'est écrasé, vraisemblablement à plat, à Gonesse.

Une réparation de dernière minute

Pour en arriver là, il faut, selon les spécialistes, que les deux réacteurs jumelés sur le même côté aient été endommagés. Une panne de moteur est une avarie bien connue des pilotes qui sont tous entraînés, et d'autant plus ceux qui volent sur le Concorde, à la maîtriser. L'avion peut voler avec un moteur en moins. Avec deux réacteurs en panne, cela devient quasiment impossible. La poussée n'est plus assez importante. Et le Concorde, qui a été conçu pour voler à très grande vitesse, est encore plus difficile qu'un autre avion de ligne à manier à faible allure.

Le crash est-il lié à l'avarie qui a été réparée juste avant le décollage de l'appareilß? En effet, le vol avait été retardé en raison d'une défaillance de la reverse du moteur numéro 2, celui qui a pris feu. Ce mécanisme qui permet d'inverser la poussée est utilisé pour le freinage au sol, à l'atterrissage ou au décollage lorsque cela s'avère nécessaire. A priori, il n'était pas absolument indispensable de réparer et le Concorde aurait pu prendre son envol sans l'intervention des mécaniciens. Mais, à la demande du pilote et étant donné que l'avion était complet, la réparation avait été effectuée en prélevant la pièce sur un Concorde de réserve. Cette intervention avait duré une trentaine de minutes.

L'avenir du Concorde en suspens

Erreur humaine, défaillance technique, attentatß? Les enquêteurs du Bureau Enquêtes-Accidents devront répondre à ces questions et leur verdict aura certainement une incidence sur l'avenir du Concorde dont on n'a pas manqué, depuis l'accident, de mettre en valeur le vieillissement technologique. Pour l'instant, ils n'ont pas avancé d'éléments d'explication. Le décryptage des deux boîtes noires, qui contiennent les enregistrements des conversations dans l'appareil et des paramètres techniques, est en cours. Il devrait prendre 48 heures, peut-être moins. La thèse de l'attentat, toujours envisagée en cas de crash aérien, semble être écartée par les autorités. Jean-Pierre Chevènement, ministre français de l'Intérieur, a affirmé qu'il n'y avait pas «le moindre petit argument à l'appui».

D'autre part, l'appareil incriminé avait été révisé à trois reprises depuis 1999, dont la dernière fois quatre jours avant le crash. Il n'avait que 12 000 heures de vol ce qui est peu par rapport à la moyenne des avions de ligne qui peuvent aller jusqu'à 80 000 heures. Le Concorde avait jusqu'à cet accident la réputation d'être l'avion le plus sûr du marché. Mais on avait évoqué récemment l'apparition de fissures dans la carlingue sur plusieurs appareils. Celui qui s'est écrasé n'en faisait pas partie. L'équipage et les équipes de maintenance étaient quant à eux très expérimentés. Le pilote, Christian Marty, était instructeur et son co-pilote, Jean Marcot, volait sur cet appareil depuis douze ans.



par Valérie  Gas

Article publié le 27/07/2000