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Syrie

Bachar el Assad, fils de son père<br> <br>

La Syrie n'est plus orpheline, elle a perdu un père, mais gagné un fils. Pourtant, Bachar, fils de son père, plébiscité par un petit 97% de ses fidèles sujets, fait moins bien que papa. Le «lion de Damas» comme l'appelaient ses admirateurs n'aurait jamais toléré, lui, une approbation à moins de 99,9%. Il n'empêche qu'avec le «lionceau de Damas», candidat unique à la présidence, la Syrie vient de devenir une monarchie républicaine. Dans un pays où 80% de la population a moins de 40 ans et n'a donc connu que la poigne de fer de Hafez el Assad, ce jeune homme de 34 ans incarne à la fois la continuité et un espoir de changement.

Comme tous les héritiers dynastiques, le nouveau président syrien devra tout à la fois assumer un lourd héritage et moderniser le système paternel, ce qui s'annonce passablement contradictoire. Le fardeau est d'autant plus lourd à porter que l'ophtalmologiste Bachar se destinait à la médecine, pas à la politique. N'étant pas l'aîné, il avait eu la chance d'échapper à la pression paternelle pour pouvoir se consacrer à ce qui l'intéressait. Hélas, à la mort de son frère Bassel qui avait été patiemment programmé pour le pouvoir, Bachar devient l'aîné des Assad et donc le dauphin de remplacement destiné à être hanté éternellement par les ombres du frère et du père disparus dont il doit prendre la place.

Son éducation politique sera d'autant plus exigeante que la tâche est ardue. Le clan Assad représente en effet une petite minorité d'alaouites dans le pays: à peine 10% de la population. Comme il se doit, Bachar fera ses classes dans l'armée qui occupe une place centrale. Commençant au bas de l'échelle, il connaîtra un promotion fulgurante changeant de grade tous les 6 mois, mais sans jamais vraiment convaincre ses instructeurs. Puis vinrent la formation express en économie, l'initiation politique accélérée dans le grand bain libanais, et enfin les cours de maintien à l'international avec une étape auprès de Jacques Chirac à Paris.

Le docteur-général Bachar, au destin contrarié sera donc devenu le plus jeune chef d'Etat en exercice dans le monde sans jamais l'avoir souhaité et sans y être vraiment prêt. Il manque de légitimité politique et militaire. Il n'a ni expérience ni charisme ni motivation guerrière, alors qu'en face de lui se dressent d'immenses défis. Ce long jeune homme aux yeux bleus, aussi bien élevé que son père était dur, a un nom mais peut-être pas les épaules pour le porter. Il va maintenant falloir qu'il se fasse un prénom.



par Jacques  Rozenblum

Article publié le 14/07/2000