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Syrie

Un coup de jeune sur la scène arabe

Depuis un peu plus d'un an, de la Syrie au Maroc, de la Jordanie à Bahreïn, la scène politique arabe voit arriver une nouvelle génération de dirigeants. Ces héritiers sont à la fois porteurs d'espoir et garants d'une certaine continuité.
«Il y a une occasion en or, pour les jeunes dirigeants, de faire la différence et d'être le symbole de la façon dont les choses vont évoluer dans cette partie du monde». Cette déclaration du roi Abdallah II de Jordanie, juste après la désignation de Bachar el-Assad comme successeur de son père à la tête de la Syrie, illustre la volonté de changement affichée par la jeune génération des chefs d'Etat arabes.

Le monde arabe a connu quatre accessions au pouvoir depuis le début de 1999¯: celles du roi de Jordanie Abdallah II, du roi du Maroc Mohammed VI, de l'émir de Bahreïn Hamad ben Issa al-Khalifa, et celle, encore fragile, du président syrien désigné Bachar el-Assad.

Chacun porte, à sa façon, les espoirs de son peuple. Ces nouveaux dirigeants pourront-ils conduire le renouveau politique, économique, et social attendu dans une région où 40% de la population, en moyenne, a moins de 14 ans¯? Il est encore trop tôt pour le dire. La plupart de ces nouveaux chefs d'Etat sont, certes, très populaires, à commencer par le Marocain Mohammed VI, sans doute le plus charismatique d'entre eux. A peine désigné, le Syrien Bachar el Assad fait également l'objet d'une ferveur exceptionnelle. «Il n'y a que Dieu, la Syrie, et Bachar», scandent les manifestants à travers le pays. «Il a un très fort désir de redresser l'économie, estime Abdallah II, il veut ouvrir son pays sur le monde».

Toutefois, la volonté d'ouverture, les intentions libérales, les promesses de modernité se heurtent à un lourd héritage. Dans tous ces pays, il faut compter avec les pesanteurs politiques (structures féodales ou dictatoriales), les freins sociologiques (pauvreté, analphabétisme, islamisme, condition de la femme), le sous-développement économique et social. Dans le domaine diplomatique, les avancées restent prudentes et fortement marquées par la ligne du prédécesseur. Ainsi, le réchauffement entre le Maroc et l'Algérie n'est pas aussi sensible qu'on pouvait l'attendre. De même, les Israéliens espèrent que Bachar el-Assad sera plus souple que son père. Mais les analystes voient mal comment le nouveau président pourrait dévier de la position inflexible du président défunt sur le Golan. «L'héritage laissé par Assad est le suivant, affirme Saeb Erekat, principal négociateur palestinien: une paix totale signifie qu'Israël doit se retirer derrière les frontières de 1967. Je ne pense pas que quiconque en Syrie accepterait moins que cela».



par Philippe  Quillerier-Lesieur

Article publié le 13/06/2000