Sida
Une deuxième épreuve<br>pour les femmes violées
En Afrique du Sud, les victimes de viol n'ont pas accès aux médicaments contre le sida. Une situation dénoncée par la journaliste Charlene Smith et par plusieurs personnalités qui tentent de changer le regard porté sur les séropositifs et les malades.
Un juge blanc, Edwin Cameron, a été le premier à faire publiquement état de sa séropositivité, en avril 1999, avant d'accepter un siège à la Cour constitutionnelle. Il a choisi de le faire pour rompre la loi du silence, dans un climat général d'hostilité à l'égard des porteurs du virus et des malades du sida. Il a aussi expliqué qu'en tant que privilégié, il pouvait s'offrir des médicaments qui allaient lui permettre de vivre, une chance dont la majorité de ses concitoyens sont toujours privés. Lucky Mazibuko, un éditorialiste du quotidien national The Sowetan, a choisi la même voie. Régulièrement, dans les colonnes de son journal, il traite des questions liées au sida, pour contribuer à briser les mythes et les tabous qui entourent la maladie dans son pays.
La journaliste Charlene Smith, elle, a également choisi de parler. Victime d'un viol, elle a rédigé, en avril 1999, deux longs articles pour l'hebdomadaire The Mail & Guardian, l'un sur le récit de son viol, l'autre sur sa quête désespérée de médicaments antirétroviraux les jours qui ont suivi. "Toutes les 26 secondes, une femme est violée en Afrique du Sud. C'était mon tour jeudi dernier. Avant d'écrire ceci, j'ai pris de l'AZT, du 3TC et du Crixivan, des antirétroviraux qui vont réduire mes chances d'avoir été contaminée par le violeur, en supposant, bien sûr, qu'il ait été séropositif. Dans un pays où 1 800 personnes contractent le virus HIV chaque jour, c'est un pari que je refuse de faire."
Avant d'acheter, pour 4 000 rands (4000 francs), ces médicaments non remboursés par son assurance maladie, Charlene Smith a opéré un véritable parcours du combattant. La nuit même de son viol, escortée par un officier de police, elle est allée d'hôpitaux publics en cliniques privées, pour s'entendre dire que les médicaments n'étaient pas disponibles. Depuis, elle est devenue le porte-drapeau des victimes de viols, militant sans relâche pour leur accès rapide aux médicaments antirétroviraux. Des produits que le gouvernement refuse obstinément de fournir à des groupes pourtant supposés prioritaires : les victimes de viol, mais aussi les femmes enceintes séropositives.
Le 13 juin dernier, devant le Parlement, Thabo Mbeki a été interpellé par l'opposition sur la question. Irrité, le président a affirmé qu'aucune compagnie pharmaceutique n'avait de licence pour fournir de l'AZT aux victimes de viols. Citant Charlene Smith, l'opposition a insisté : si l'offre faite au gouvernement par la compagnie pharmaceutique Glaxo Wellcome de fournir l'AZT à un coût de 200 rands pour un traitement de 28 jours avait été acceptée, 10 000 victimes auraient pu être soignées. Thabo Mbeki a ajouté un peu plus de confusion au débat sur le sida en Afrique du Sud, en répondant que l'AZT n'était pas un vaccin, et que ce produit n'était de toute façon pas utilisé dans pareilles circonstances.
La journaliste Charlene Smith, elle, a également choisi de parler. Victime d'un viol, elle a rédigé, en avril 1999, deux longs articles pour l'hebdomadaire The Mail & Guardian, l'un sur le récit de son viol, l'autre sur sa quête désespérée de médicaments antirétroviraux les jours qui ont suivi. "Toutes les 26 secondes, une femme est violée en Afrique du Sud. C'était mon tour jeudi dernier. Avant d'écrire ceci, j'ai pris de l'AZT, du 3TC et du Crixivan, des antirétroviraux qui vont réduire mes chances d'avoir été contaminée par le violeur, en supposant, bien sûr, qu'il ait été séropositif. Dans un pays où 1 800 personnes contractent le virus HIV chaque jour, c'est un pari que je refuse de faire."
Avant d'acheter, pour 4 000 rands (4000 francs), ces médicaments non remboursés par son assurance maladie, Charlene Smith a opéré un véritable parcours du combattant. La nuit même de son viol, escortée par un officier de police, elle est allée d'hôpitaux publics en cliniques privées, pour s'entendre dire que les médicaments n'étaient pas disponibles. Depuis, elle est devenue le porte-drapeau des victimes de viols, militant sans relâche pour leur accès rapide aux médicaments antirétroviraux. Des produits que le gouvernement refuse obstinément de fournir à des groupes pourtant supposés prioritaires : les victimes de viol, mais aussi les femmes enceintes séropositives.
Le 13 juin dernier, devant le Parlement, Thabo Mbeki a été interpellé par l'opposition sur la question. Irrité, le président a affirmé qu'aucune compagnie pharmaceutique n'avait de licence pour fournir de l'AZT aux victimes de viols. Citant Charlene Smith, l'opposition a insisté : si l'offre faite au gouvernement par la compagnie pharmaceutique Glaxo Wellcome de fournir l'AZT à un coût de 200 rands pour un traitement de 28 jours avait été acceptée, 10 000 victimes auraient pu être soignées. Thabo Mbeki a ajouté un peu plus de confusion au débat sur le sida en Afrique du Sud, en répondant que l'AZT n'était pas un vaccin, et que ce produit n'était de toute façon pas utilisé dans pareilles circonstances.
par Anne K. SE
Article publié le 07/07/2000