Union africaine
Ballet diplomatique pour une chimère
L'éditorial de Jacques Rozenblum
A quoi sert l'Organisation de l'unité africaine? Cette question qui se pose d'année en année revient avec une actualité nouvelle tant le sommet de Lomé confine à la caricature. Les chefs d'Etat du continent ont appliqué pour la première fois une résolution vertueuse prévoyant d'exclure de la grand-messe annuelle ceux de leurs collègues parvenus au pouvoir par un coup d'Etat. Le tout dernier putschiste en date, le général ivoirien Gueï, en a fait les frais. Heureusement que la décision n'était pas rétroactive parce qu'il y aurait eu plus d'absents que de présents à Lomé. Vertu auto-proclamée d'un côté donc, real politik de l'autre, puisque le sommet se tient sous la présidence du plus vieux despote du continent, le général Eyadema, président du Togo depuis 33 ans.
Le sommet de l'OUA se réunit donc au moment même où en Afrique du Sud, un congrès mondial sur le sida met en lumière les ravages de la maladie sur le continent. Les chefs d'Etat vont-ils enfin prendre le problème à bras le corps pour en faire leur cause sacrée ? Et bien pas du tout, parce que leur priorité est ailleurs.
L'Afrique a beau être saignée à blanc par le sida, étranglée par la dette, embourbée dans d'interminables conflits, le continent peut être revenu au Moyen-âge pour l'espérance de vie ou à l'époque des indépendances pour le revenu par habitant, ses dirigeants n'ont rien trouvé de mieux à faire que de se pencher gravement sur la dernière chimère du colonel Kadhafi: le projet d'Union africaine. Alors qu'un Africain sur 4 vit dans un pays en guerre, le sommet va plancher sur une utopique organisation intégrée dotée d'un président et d'un parlement, avec à la clé des abandons de souveraineté de la part des Etats. C'est un petit peu comme si on avait proposé eux Européens de signer le traité de Maastricht au sortir de la Seconde Guerre mondiale.
L'OUA incapable de mettre fin durablement à un seul conflit aussi minuscule soit-il se prend ainsi à rêver d'une maison commune sur le modèle européen. Mais on ne construit une maison sur des ruines en commençant par le toit. Il serait plus raisonnable de commencer par faire vivre des organisations régionales. Sur les 5 actuellement existantes, 2 seulement fonctionnent vaille que vaille: celle de l'Afrique de l'Ouest et celle de l'Afrique australe. Voilà un objectif sans doute moins ambitieux mais ô combien plus réaliste. L'Afrique a besoin d'un sursaut mais son ballet diplomatique donne sa représentation annuelle en se berçant d'une nouvelle illusion.
Le sommet de l'OUA se réunit donc au moment même où en Afrique du Sud, un congrès mondial sur le sida met en lumière les ravages de la maladie sur le continent. Les chefs d'Etat vont-ils enfin prendre le problème à bras le corps pour en faire leur cause sacrée ? Et bien pas du tout, parce que leur priorité est ailleurs.
L'Afrique a beau être saignée à blanc par le sida, étranglée par la dette, embourbée dans d'interminables conflits, le continent peut être revenu au Moyen-âge pour l'espérance de vie ou à l'époque des indépendances pour le revenu par habitant, ses dirigeants n'ont rien trouvé de mieux à faire que de se pencher gravement sur la dernière chimère du colonel Kadhafi: le projet d'Union africaine. Alors qu'un Africain sur 4 vit dans un pays en guerre, le sommet va plancher sur une utopique organisation intégrée dotée d'un président et d'un parlement, avec à la clé des abandons de souveraineté de la part des Etats. C'est un petit peu comme si on avait proposé eux Européens de signer le traité de Maastricht au sortir de la Seconde Guerre mondiale.
L'OUA incapable de mettre fin durablement à un seul conflit aussi minuscule soit-il se prend ainsi à rêver d'une maison commune sur le modèle européen. Mais on ne construit une maison sur des ruines en commençant par le toit. Il serait plus raisonnable de commencer par faire vivre des organisations régionales. Sur les 5 actuellement existantes, 2 seulement fonctionnent vaille que vaille: celle de l'Afrique de l'Ouest et celle de l'Afrique australe. Voilà un objectif sans doute moins ambitieux mais ô combien plus réaliste. L'Afrique a besoin d'un sursaut mais son ballet diplomatique donne sa représentation annuelle en se berçant d'une nouvelle illusion.
par Jacques Rozenblum
Article publié le 12/07/2000
