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Sécurité alimentaire

Les inquiétantes projections des spécialistes <br> <br>

La variante de la maladie de Creutzfeldt-Jakob pourrait devenir un problème majeur de santé publique, dans les années à venir, pour les pays concernés par l'épidémie de maladie de la «vache folle» . Deux études scientifiques parues au mois d'août en Grande-Bretagne dans The Lancet et Nature provoquent l'inquiétude.
Les projections statistiques les plus récentes concernant la Grande-Bretagne, pays européen le plus touché, ne sont guère rassurantes en dépit de leur imprécision, car le nombre de malades avérés progresse rapidement Outre-Manche.

A l'origine de troubles neurologiques, de démence, sans test de dépistage ni traitement, la forme humaine de l'encéphalopathie spongiforme transmissible sera-t-elle le sida du siècle qui commence? La question mérite d'être posée quand on se souvient qu'à ses débuts la «maladie des homosexuels» était réputée ne toucher que des minorités «à risque». On sait ce qu'il en est advenu.

En Grande-Bretagne, le nombre de malades de la variante de Creutzfeldt-Jakob est passé de 55 fin 1999 à 79 en août 2000, dont 70 décédés. Les nouveaux cas recensés en 1999 s'élevaient à 17 contre 24 pour le premier semestre 2000. Dans ce contexte, l'étude publiée par les spécialistes de l'université d'Oxford ne rassure qu'à moitié. D'ici à 2040 le nombre de victimes en Grande-Bretagne devrait se situer entre 63 000 et 136 000. Ces résultats resserrent la fourchette des prévisions faites fin 1999 qui étaient alors de 14 000 à 500 000, mais demeurent très imprécis, démontrant la difficulté à prévoir les conséquences de l'épidémie.

Le modèle mathématique fondant les derniers résultats table sur l'hypothèse que seules les personnes présentant une prédisposition génétique seraient sensibles à l'affection (soit, quand même, 40% des Britanniques) et que pas plus de deux personnes seraient infectées par chaque bovin atteint, contre une centaine dans des calculs plus anciens. Rappelons que de 1980 à 1996, 750 000 vaches infectées ont été mises sur le marché.

L'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) comme la variante humaine de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (vMCJ) ont pris de court la communauté scientifique. Ces maladies ont mis au jour l'existence des prions, protéines atypiques dont la connaissance est encore incomplète, et remis en cause l'axiome de l'infranchissabilité de la barrière des espèces. Pourtant, la tremblante du mouton, qui vient tout récemment de s'étendre à l'Espagne, la maladie de la vache folle et celle de Creutzfeldt-Jakob étaient connues de longue date sans qu'un lien ait été établi entre elles. Un réseau européen de surveillance de la maladie s'est mis en place, rassemblant les meilleurs spécialistes de la question.



par Francine  Quentin

Article publié le 17/08/2000