L''affaire Elf
Le juge se heurte au secret-défense
Renaud Van Ruymbeke, l'un des juges d'instruction chargé de l'affaire Elf s'est vu refuser l'accès aux dossiers concernant les commissions versées à l'étranger par le groupe Elf-Aquitaine de 1989 à 1993. François Auvigne, directeur général des douanes lui a opposé le secret-défense. Une information révélée par le journal Le Monde en date du 8 août 2000.
Sans doute inspiré par les récentes déclarations d'André Tarallo, l'ancien directeur des hydrocarbures et dirigeant des filiales africaines du groupe pétrolier, le juge Renaud Van Ruymbeke s'est rendu à l'improviste le 3 août dernier, au siège de la direction générale des douanes. Sur place, il a demandé à consulter les dossiers afférant aux commissions versées à l'étranger par Elf entre 1989 et 1993. Mais le directeur général des douanes, François Auvigne a invoqué le secret-défense pour lui barrer l'accès à ces documents, révèle Le Monde. C'est la première obstruction de l'Etat dans ce dossier tentaculaire.
Suite à cette déconvenue, le juge a écrit à Laurent Fabius, ministre français de l'Economie, pour lui demander de lever le secret-défense. Renaud Van Ruymbeke conteste cette classification, car les documents qu'il venait consulter concernaient des contrats civils et non militaires. Le magistrat enquête actuellement sur un volet spécifique de l'affaire Elf: les versements occultes du groupe pétrolier en 1991, lors de la reprise de la compagnie espagnole Ertoil et en 1992, en marge du rachat de la raffinerie Leuna et du réseau de distribution d'essence Minol, en ex-Allemagne de l'Est. Ces deux opérations ont, semble-t-il, donné lieu à des versements de plusieurs centaines de millions de francs de commissions, dont une partie aurait été redistribuée en France. Dans le volet Leuna, des membres du gouvernement de l'ex-chancelier allemand, Helmut Kohl et de la CDU sont soupçonnés d'avoir bénéficié des largesses du groupe pétrolier français. Fait toujours démenti par l'ex-chancelier. Mais l'enquête a déjà révélé que l'opération d'Elf en ex-Allemagne de l'Est s'était accompagnée du versement de 330 millions de francs dont la majeure partie a été versée à deux intermédiaires: l'allemand Dieter Holzer et Pierre Léthier, ancien officier des services secrets français.
Pour Renaud Van Ruymbeke, le chemin va être encore long et semé d'embûches avant qu'il n'accède enfin à ces pièces sensibles du dossier. En effet, la commission consultative du secret de la défense nationale doit, dans un premier temps, donner un avis sur cette demande de levée du secret-défense. Elle a deux mois pour le faire à compter de sa saisine. Et ce n'est qu'une fois cette recommandation donnée que le Premier ministre, Lionel Jospin, ou le ministre de l'Economie, Laurent Fabius, ministre de tutelle de la direction des douanes, se prononcera.
Suite à cette déconvenue, le juge a écrit à Laurent Fabius, ministre français de l'Economie, pour lui demander de lever le secret-défense. Renaud Van Ruymbeke conteste cette classification, car les documents qu'il venait consulter concernaient des contrats civils et non militaires. Le magistrat enquête actuellement sur un volet spécifique de l'affaire Elf: les versements occultes du groupe pétrolier en 1991, lors de la reprise de la compagnie espagnole Ertoil et en 1992, en marge du rachat de la raffinerie Leuna et du réseau de distribution d'essence Minol, en ex-Allemagne de l'Est. Ces deux opérations ont, semble-t-il, donné lieu à des versements de plusieurs centaines de millions de francs de commissions, dont une partie aurait été redistribuée en France. Dans le volet Leuna, des membres du gouvernement de l'ex-chancelier allemand, Helmut Kohl et de la CDU sont soupçonnés d'avoir bénéficié des largesses du groupe pétrolier français. Fait toujours démenti par l'ex-chancelier. Mais l'enquête a déjà révélé que l'opération d'Elf en ex-Allemagne de l'Est s'était accompagnée du versement de 330 millions de francs dont la majeure partie a été versée à deux intermédiaires: l'allemand Dieter Holzer et Pierre Léthier, ancien officier des services secrets français.
Pour Renaud Van Ruymbeke, le chemin va être encore long et semé d'embûches avant qu'il n'accède enfin à ces pièces sensibles du dossier. En effet, la commission consultative du secret de la défense nationale doit, dans un premier temps, donner un avis sur cette demande de levée du secret-défense. Elle a deux mois pour le faire à compter de sa saisine. Et ce n'est qu'une fois cette recommandation donnée que le Premier ministre, Lionel Jospin, ou le ministre de l'Economie, Laurent Fabius, ministre de tutelle de la direction des douanes, se prononcera.
par Clarisse Vernhes
Article publié le 08/08/2000