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Autriche

L'Autriche réintègre l'Europe

Sept mois après avoir suspendu leurs relations bilatérales avec le gouvernement autrichien, les quatorze autres membres de l'UE ont décidé de lever toutes les sanctions politiques.
Sept mois après avoir suspendu leurs relations bilatérales avec le gouvernement autrichien, les quatorze autres membres de l'UE ont décidé le 12 septembre 2000 de lever toutes les sanctions politiques, mais aussi de maintenir une « vigilance particulière» à l'égard du parti extrémiste de Jörg Haider (le FPO). Le chancelier conservateur Wolfgang Schüssel s'est immédiatement félicité de la fin de la quarantaine politique dans laquelle était plongée l'Autriche, qu'il a qualifié de «gros succès» pour son pays. Quant au principal intéressé, le gouverneur de la Carinthie Jörg Haider, il a parlé d'«humiliation» pour Jacques Chirac qui a constamment mis en avant le danger représenté par la coalition au pouvoir à Vienne et les «provocations verbales» de Haider.

«Les mesures prises par les Quatorze ont été utiles. Elles peuvent maintenant être levées, (car elles) iraient, si elles ne cessaient pas, à l'encontre de leur objectif» lit-on dans le communiqué officiel publié à Paris. En réalité, l'Union européenne a toujours été profondément divisée sur la stratégie à adopter vis-à-vis d'un gouvernement de coalition issu d'élections incontestables. Alors que la France et la Belgique - comme par ailleurs les Etats-Unis et Israël - avaient pris la tête d'une véritable campagne anti-Haider, l'Allemagne, l'Italie et la plupart des pays du Nord étaient beaucoup plus modérés : tous auraient préféré continuer à explorer la voie de la négociation discrète plutôt qu'emprunter celle de sanctions difficilement applicables et peu efficaces. Et ce parce que tous ces pays sont actuellement confrontés à l'apparition de mouvements politiques extrémistes et parfois xénophobes comparables au FPO de Haider. De plus, le Danemark doit faire face à un sentiment anti-européen croissant, à la veille d'un référendum sur l'adoption de l'euro, le 28 septembre prochain. Quant à l'Italie, à quelques mois des élections prévues pour le printemps prochain, tous les sondages donnent gagnante une coalition très hétéroclite comprenant trois partis souvent qualifiés de populistes, xénophobes voire post-fascistes, à savoir : Forza Italia de Berlusconi, la Ligue du Nord de Bossi et Alliance nationale de Fini. Enfin, l'Allemagne de centre et de droite (CDU et CSU) a été, depuis le début, soupçonnée de pencher en faveur du chancelier Schüssel et n'a que modérément protesté lorsque celui-ci a décidé de former une coalition avec Jörg Haider.

L'échec de la stratégie de l'isolement

La décision de l'UE de réintégrer l'Autriche tout en maintenant une certaine «vigilance /i>» sur Haider indique que les 14 pays ont finalement accepté de revoir leur stratégie, sans toutefois délivrer un quelconque «brevet démocratique» à une coalition qui continue de susciter beaucoup d'interrogations. La plupart d'entre eux ne voulaient surtout pas doter peu à peu l'Union européenne d'un pouvoir supplémentaire, réservé de facto aux plus grands d'entre eux : celui d'imposer un diktat politique à tout pays ne répondant pas à un certain nombre de critères démocratiques difficiles à déterminer. La stratégie de l'isolement - ou du «ghetto politique» - prônée par certains pays vis-à-vis de l'Autriche n'a visiblement pas donné les résultats escomptés. Elle sera désormais difficilement applicable ailleurs. C'est aussi pour cela que l'UE a souligné qu'il «convient de poursuivre la réflexion sur la manière de prévenir, suivre, apprécier et agir dans des situations analogues». Autant dire qu'elle reconnaît indirectement n'avoir pas su «prévenir»,«apprécier » ou «agir», et ce, dès le début de l'affaire Haider.



par Elio  Comarin

Article publié le 13/09/2000