Côte d''Ivoire
La polémique sur les candidatures s'accentue
Le report de la présidentielle ivoirienne a relancé le débat sur l'éligibilité des différents candidats. Dans le même temps, Abidjan bruisse de rumeurs de complots, plus ou moins avérés, contre le chef de la junte ivoirienne.
En repoussant d'un peu plus d'un mois le premier tour de l'élection présidentielle, initialement prévu pour le 17 septembre, de même que l'annonce officielle de la liste des personnalités admises à y participer, la junte ivoirienne a rouvert la discussion sur la validité des candidatures. Faute d'avoir pu connaître le verdict de la chambre constitutionnelle de la Cour suprême, attendu au départ samedi dernier, les différents états-majors rivalisent d'arguments contre leurs adversaires. Jeudi, c'est à nouveau Alassane Ouattara qui a indirectement tenu la vedette. Des avocats représentant la junte ivoirienne s'apprêtaient à tenir une conférence de presse dans un hôtel d'Abidjan, la capitale économique, pour mettre en cause l'éligibilité du leader du RDR. Mais selon le correspondant de RFI sur place, Bruno Minas, ils en ont été empêchés par des jeunes militants du parti qui ont bruyamment investi la salle. Les avocats ont tout juste eu le temps de présenter un document concernant l'inscription d'Alassane Ouattara dans une université américaine en tant que ressortissant de la Haute Volta (actuel Burkina Faso) dans les années soixante.
En fait, le débat sur l'éligibilité ne se limite plus à la personnalité de l'ancien premier ministre ivoirien. Tous les poids lourds engagés dans la course à la magistrature suprême sont désormais visés. A commencer par le général Robert Gueï, dont les adversaires jurent qu'il est toujours militaire d'active, ce qui selon le code électoral ivoirien devrait l'empêcher de briguer la présidence. Un argument que récuse bien évidemment son entourage, évoquant le fait que l'ancien président Konan Bédié l'avait écarté de l'armée en 1995, suite à des accusations de complot.
Aucun candidat n'est épargné
Les autres prétendants à la magistrature ne sont pas épargnés, y compris Laurent Gbagbo, qu'on croyait jusqu'à maintenant à l'abri d'une éventuelle exclusion de la course électorale. Selon ses partisans, la chambre constitutionnelle de la cour suprême voudrait écarter celle du leader du Front populaire ivoirien (FPI), pour une obscure affaire d'appartenance à la fonction publique. Notre Voie, quotidien proche du mouvement, a même fait état de man£uvres engagées pour éliminer de la course tous les autres adversaires sérieux du chef de la junte.
Cette semaine, en tous cas, la chambre d'accusation de la Cour d'appel d'Abidjan a ordonné la réouverture du dossier d'Emile Constant Bombet, candidat du PDCI (ancien parti unique) sur lequel pèsent des accusations de "détournements de fonds". Emprisonné à plusieurs reprises depuis le coup d'Etat du 24 décembre 1999, puis libéré, ses avocats jurent que son dossier est vide. Néanmoins la procédure en cours pourrait peser lourd dans l'examen de sa candidature.
Quant à l'ex-président Bédié, sous le coup de plusieurs mandats internationaux pour sa gestion très "personnelle" des ressources de l'Etat, il est également dans le collimateur de la junte. Après avoir émis des réserves sur son retour annoncé en Côte d'Ivoire, les autorités accusent des proches du chef de l'Etat déchu d'avoir fomenté un plan de "déstabilisation de la Côte d'Ivoire". Deux hommes placés en garde à vue en fin de semaine dernière, après s'être rendus par "devoir patriotique", ont affirmé avoir reçu 20 millions, sur un total de 100 millions de franc CFA, pour fomenter une nouvelle mutinerie. Le clan Bédié n'est pas le seul visé par ce genre d'accusation, puisque six anciens membres de sa garde rapprochée, considérés cette fois comme favorables à Alassane Ouattara ont été arrêtés le 1er septembre, et inculpés "d'atteinte à la sûreté de l'Etat".
Vrai ou faux complots? Dans un pays habitué aux conspirations factices destinées à éliminer les adversaires gênants, du temps du "père de l'indépendance" Houphouët-Boigny, on se garde de porter des jugements hâtifs. L'attention reste surtout concentrée sur l'échéance cruciale de l'annonce des candidatures, fixée au plus tard pour le 7 octobre. Beaucoup observateurs craignent en effet que l'élimination de certains candidats, et en premier lieu du leader du RDR, installent la Côte d'Ivoire dans une période de forte instabilité.
En fait, le débat sur l'éligibilité ne se limite plus à la personnalité de l'ancien premier ministre ivoirien. Tous les poids lourds engagés dans la course à la magistrature suprême sont désormais visés. A commencer par le général Robert Gueï, dont les adversaires jurent qu'il est toujours militaire d'active, ce qui selon le code électoral ivoirien devrait l'empêcher de briguer la présidence. Un argument que récuse bien évidemment son entourage, évoquant le fait que l'ancien président Konan Bédié l'avait écarté de l'armée en 1995, suite à des accusations de complot.
Aucun candidat n'est épargné
Les autres prétendants à la magistrature ne sont pas épargnés, y compris Laurent Gbagbo, qu'on croyait jusqu'à maintenant à l'abri d'une éventuelle exclusion de la course électorale. Selon ses partisans, la chambre constitutionnelle de la cour suprême voudrait écarter celle du leader du Front populaire ivoirien (FPI), pour une obscure affaire d'appartenance à la fonction publique. Notre Voie, quotidien proche du mouvement, a même fait état de man£uvres engagées pour éliminer de la course tous les autres adversaires sérieux du chef de la junte.
Cette semaine, en tous cas, la chambre d'accusation de la Cour d'appel d'Abidjan a ordonné la réouverture du dossier d'Emile Constant Bombet, candidat du PDCI (ancien parti unique) sur lequel pèsent des accusations de "détournements de fonds". Emprisonné à plusieurs reprises depuis le coup d'Etat du 24 décembre 1999, puis libéré, ses avocats jurent que son dossier est vide. Néanmoins la procédure en cours pourrait peser lourd dans l'examen de sa candidature.
Quant à l'ex-président Bédié, sous le coup de plusieurs mandats internationaux pour sa gestion très "personnelle" des ressources de l'Etat, il est également dans le collimateur de la junte. Après avoir émis des réserves sur son retour annoncé en Côte d'Ivoire, les autorités accusent des proches du chef de l'Etat déchu d'avoir fomenté un plan de "déstabilisation de la Côte d'Ivoire". Deux hommes placés en garde à vue en fin de semaine dernière, après s'être rendus par "devoir patriotique", ont affirmé avoir reçu 20 millions, sur un total de 100 millions de franc CFA, pour fomenter une nouvelle mutinerie. Le clan Bédié n'est pas le seul visé par ce genre d'accusation, puisque six anciens membres de sa garde rapprochée, considérés cette fois comme favorables à Alassane Ouattara ont été arrêtés le 1er septembre, et inculpés "d'atteinte à la sûreté de l'Etat".
Vrai ou faux complots? Dans un pays habitué aux conspirations factices destinées à éliminer les adversaires gênants, du temps du "père de l'indépendance" Houphouët-Boigny, on se garde de porter des jugements hâtifs. L'attention reste surtout concentrée sur l'échéance cruciale de l'annonce des candidatures, fixée au plus tard pour le 7 octobre. Beaucoup observateurs craignent en effet que l'élimination de certains candidats, et en premier lieu du leader du RDR, installent la Côte d'Ivoire dans une période de forte instabilité.
par Christophe Champin
Article publié le 09/09/2000