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Affaires politico-financières

DSK abandonné par les siens

Le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire contre Dominique Strauss-Kahn pour «soustraction de document », après avoir pris connaissance des investigations menées par les juges d'instruction concernant la cassette vidéo de Jean-Claude Méry.
Après les affaires Mnef et Elf, le dossier Méry rattrape Dominique Strauss-Kahn. Lundi matin, Armand Riberolles et Marc Brisset-Foucault, les deux juges chargés notamment de «l'affaire Méry», ont procédé à une perquisition au domicile de l'ancien ministre de l'Economie avant de se rendre dans l'après-midi à son bureau du Conseil régional d'Ile-de-France, où il a été entendu comme témoin, à sa demande. Un peu plus tôt dans la journée, l'un de ces deux magistrats avait saisi des documents dans le coffre de Maître Belot (l'un des avocats de Jean-Claude Méry, décédé en 1999), lors d'une autre perquisition dans une agence parisienne du groupe bancaire BNP-Paribas. La teneur de ces documents n'a pas été révélée mais selon les premiers éléments de l'enquête, ceux-ci ne seraient pas «déterminants».

Interrogé ce mardi matin sur Europe 1, DSK a donné sa version des faits. Il a indiqué que les juges, à la recherche de la cassette vidéo de Jean-Claude Méry, n'avaient «rien trouvé» lors des perquisitions de lundi. «Ils cherchent cette cassette et j'espère moi-même qu'on la retrouvera, a-t-il déclaré. Je ne suis ni juge ni journaliste et cette cassette ne m'a pas intéressée, a-t-il martelé. Je sais que cela paraît peu crédible mais cette cassette je ne l'ai pas regardée, je suis économiste (à) les HLM de Paris je m'en fous». Rappelons que l'ancien ministre socialiste avait reconnu la veille avoir été en possession de cet enregistrement tout en soulignant l'avoir égarée et non visionnée. Tout aussi catégorique et ulcéré, DSK a nié avoir reçu ce document en échange d'un quelconque arrangement fiscal concernant le couturier Karl Lagerfeld.

Les journées parlementaires du PS à Lyon en ébullition

Une onde de choc s'est abattue, lundi, sur le parti socialiste qui ne trouve plus assez de mots pour exprimer son désarroi quant à l'implication de DSK dans «l'affaire Méry ». François Hollande, premier secrétaire du PS a tenu de durs propos : «C'est à Dominique Strauss Kahn de fournir toutes les explications et les informations nécessaires à l'établissement de la vérité (à) S'il le faut, nous prendrons les décisions les plus graves». Ségolène Royal, ministre déléguée à la famille a renchéri : «Il n'y a pas de loi du silence. La justice doit faire son travail». Et le Premier ministre français, Lionel Jospin après avoir déclaré lundi soir, peu après son arrivée aux journées parlementaires du PS à Lyon, que «cette affaire de cassette de M. Méry ne me concerne en rien, ni pour ce qui est de son contenu, ni pour ce qui est de sa diffusion» a récidivé ce mardi matin devant un parterre d'élus socialistes en déclarant «ma conception de la vie publique m'a toujours conduit à ne pas utiliser les affaires dans le débat politique (à) mais ce la ne doit pas nous amener à nous laisser intimider ou accuser collectivement pour des fautes que nous n'avons pas commises ni conduire à occulter la gravité des dossiers sur lesquels la justice enquête».

L'irruption de DSK dans l'affaire Méry tend encore un peu plus les relations entre l'Elysée et Matignon. Avec cette affaire, la cohabitation s'achemine tout droit vers un combat frontal car la si redoutée cassette met en cause, outre le financement occulte du RPR, elle éclabousse également celui des partis socialiste et communiste.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 26/09/2000