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Monnaie unique européenne

Les conséquences du «non» danois

Par 53,1 % des voix, les électeurs danois ont rejeté l'entrée de leur pays dans l'euro. Un refus qui confirme les référendums précédents au Danemark, mais qui n'a pas eu d'incidence sur le cours de l'euro.
Ce nouveau «non» danois ne claque pas comme le coup de tonnerre de juin 1992, lorsque le petit royaume du nord de l'Europe rejeta une première fois le traité de Maastricht, donnant des sueurs froides au reste de l'Europe. Pour les marchés financiers c'est le «oui» qui aurait constitué une surprise. Et d'un point de vue purement économique, le Danemark ne pèse pas d'un poids majeur par rapport à la zone euro.

A court terme, comme l'avaient très bien expliqué dès le mois de mai des experts du conseil économique et social danois, le pays ne devrait pas souffrir outre mesure de son choix. Tout au plus une hausse des taux d'intérêt rendue nécessaire par la défense de la couronne danoise pourrait-elle s'accompagner de la suppression de quelques milliers d'emplois. Mais dans un pays où le chômage est à son plancher, cela ne devrait pas être trop durable.

En revanche les conséquences du «non» danois sont bien plus réelles sur le plan politique. Et le libre choix de quelque quatre millions de personnes, dont une majeure partie se plaint d'être marginalisée dans une Europe écrasante, va peut-être influencer durablement l'avenir de toute l'Union européenne. Tout d'abord en dissuadant les voisins suédois de choisir l'euro, puis en confortant les adversaires britanniques de la monnaie unique dans leur rejet. Le Danemark et le Royaume Uni sont entrés, il faut s'en souvenir, tous deux en 1973, dans ce qui était alors le Marché Commun. Et ils n'ont fondamentalement pas changé leur idée de départ, celle d'une zone de libre échange, dépouillée de tout projet politique. Et c'est sans doute là qu'il faut chercher l'enseignement le plus intéressant de ce résultat.

Une Europe à plusieurs vitesses

En disant, après 1992, une deuxième fois «non» à l'euro, un choix qui ne doit rien au hasard mais a, au contraire, été pesé et repesé, les Danois ont peut être sonné le glas d'une Europe unie dans un même projet. Une Europe qui espérait toujours convaincre les retardataires de rattraper le wagon de tête, qu'il s'agisse de monnaie unique, d'espace de sécurité et de justice ou de défense. Cette fois-ci plus question de se voiler la face. Il y aura les pays définitivement dans la zone euro et les autres. Les in et les out. Et le temps pourrait bien être venu de multiplier sans complexe les coopérations renforcées, c'est-à-dire développer une Europe à plusieurs vitesses, où les pays les plus intégrationnistes n'attendraient plus les autres.

En tout cas le non danois devrait exacerber les tensions politiques, crisper les négociations autour de la réforme institutionnelle et au mieux ne pas faciliter l'élargissement. Mais l'Europe y trouvera peut-être le courage de se poser enfin la question de son projet, de ses ambitions et de ses limites.




par Valérie  Lainé

Article publié le 22/09/2000