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Corée

Kim Dae-Jung prix Nobel de la paix

Le président sud-coréen, ancien dissident, vient de se voir attribuer le prix Nobel de la paix 2000. Le comité Nobel norvégien a ainsi salué « son travail pour la démocratie et les droits de l'Homme en Corée du Sud et en Asie de l'Est et pour la paix et la réconciliation avec la Corée du Nord ».
Déjà à Sydney l'image a été forte, symbolique et historique ! Lors de la Cérémonie d'ouverture des JO, les deux frères ennemis ont défilé sous le même drapeau tenu par deux athlètes : un judoka du Nord et une basketteuse du Sud. Une délégation très applaudie par l'ensemble du stade, car pour la première fois le rapprochement entre les deux Corées éclatait au grand jour.

L'artisan de ce processus de réconciliation n'est autre que Kim Dae-Jung, le président sud-coréen à qui le jury norvégien vient d'attribuer le prix Nobel de la paix. Né en 1925 dans une famille pauvre, il prend d'abord la tête d'une société de transport puis au début des années 50, il entre en politique. Une démarche qui exigera de lui d'énormes sacrifices : il perdra sa fortune et sa première femme avant de connaître plusieurs revers électoraux.

En 1961, il entre au Parlement et dix ans plus tard, se présente pour la première fois à l'élection présidentielle où il sera battu de peu par le dictateur militaire Park Chung-Hee. C'est en 1973 que le contre-espionnage sud-coréen le prend en otage à Tokyo où il s'était réfugié après l'imposition de la loi martiale par le président Park. Sauvé in extremis par des pressions américaines, il revient en Corée du Sud où il est emprisonné et maintenu en résidence surveillée jusqu'à l'assassinat, en 1979, de Park.

Eteindre le dernier foyer de guerre froide sur la planète

Peu après, le pouvoir est repris par la junte militaire, avec à sa tête le général Chun Doo-Hwan, qui s'empresse d'arrêter Kim Dae-Jung avant de le condamner à mort pour sédition. En 1981, après deux ans et demi de détention, il s'exile aux Etats-Unis. Mais il revient, en 1985, dans son pays pour y prendre la tête des manifestations pro-démocratiques qui contraindront le pouvoir à adopter des réformes et à organiser une élection présidentielle directe.

Ce n'est qu'en 1998 qu'il remporte cette élection et qu'il entreprend du même coup une vaste réforme économique, permettant à la Corée du Sud de sortir de la crise financière, mais surtout il entame une vigoureuse politique d'ouverture vers la Corée du Nord. Ainsi à 74 ans, cet ancien dissident a pris, une fois élu, l'initiative de se rendre à Pyongyang, en juin dernier, pour y tendre la main à son homologue du Nord Kim Jung-Il, fils et successeur de Kim Il-Sung, dernier dirigeant stalinien du monde. A l'annonce de cette distinction, Kim Dae-Jung a assuré, vendredi, qu'il continuerait à travailler en faveur de la paix et des droits de l'Homme.

L'an dernier, le prix était allé à l'Organisation non-gouvernementale française «Médecins sans Frontières».



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 13/10/2000