Corée
Les deux Kim ont ouvert<br> le chantier de la réunification
Cinquante ans après la guerre de Corée, les leaders du Nord et du Sud de la péninsule se sont rencontrés à Pyongyang, la capitale communiste du Nord, pour un sommet historique qui a duré trois jours. Echanges de prisonniers, contacts entre les familles séparées et dialogue sur la réunification: un bilan considéré dans toute l'Asie comme spectaculaire.
C'est probablement la dernière page de la guerre froide qui s'est tournée avec cette rencontre historique entre les dirigeants des deux parties de la Corée, divisée depuis un demi-siècle. Kim Jong-II, le fils de Kim II-Sung, "grand leader" nord-coréen, qui a maintenu son pays dans un isolement autarcique et un culte de la personnalité dépassant celui de son mentor Staline, a reçu dans une extraordinaire mise en scène, dans sa capitale, le président sud-coréen Kim Dae-Jung, l'ancien opposant condamné à mort par la dictature militaire et porté à la présidence par ses compatriotes en 1997.
Les frères ennemis de la péninsule ont décidé d'entreprendre un échange de prisonniers (Pyongyang veut récupérer ses ressortissants condamnés au Sud pour espionnage), et de favoriser la reprise de contacts entre les familles déchirées par la guerre, dont on estime qu'elles seraient environ huit millions. Cette reprise pourrait avoir lieu le 15 août, date anniversaire de la fin d'un demi-siècle de colonisation japonaise. Dans le même temps, les deux Kim se sont mis d'accord pour favoriser les investissements sud-coréens dans une économie nord-coréenne qui en a cruellement besoin. Mais surtout, confirme le communiqué conjoint publié à l'issue de la rencontre, les dirigeants du Sud et du Nord ont décidé d'ouvrir enfin le chantier de la réunification sur la base des premières propositions présentées de part et d'autre. Au Sud, on parle de confédération, alors qu'au Nord on évoque l'idée d'une forme souple de fédération.
Cet accord destiné à apaiser cinquante ans de tensions dans la péninsule coréenne laisse de côté deux sources de préoccupation cruciales: le programme nucléaire de Pyongyang et l'exigence nord-coréenne du retrait des 37 000 militaires américains stationnés en Corée du Sud, et dont la présence indispose au plus haut point le Nord. Les Etats-Unis ont cependant jugé "encourageant" le résultat obtenu à Pyongyang. Le président Kim Dae-Jung, du Sud, y voit un "succès", car "le soleil se lève enfin pour la réunification nationale". Si les deux camps unissent leurs forces, a t-il dit, la Corée et ses 70 millions d'habitants peuvent devenir une "nation de première classe". Et le nordiste Kim Jong-II de considérer, quant à lui, qu'il avait pu "briser la solitude" dans laquelle l'avaient enfermé ceux qui le qualifiaient "d'ermite".
Les frères ennemis de la péninsule ont décidé d'entreprendre un échange de prisonniers (Pyongyang veut récupérer ses ressortissants condamnés au Sud pour espionnage), et de favoriser la reprise de contacts entre les familles déchirées par la guerre, dont on estime qu'elles seraient environ huit millions. Cette reprise pourrait avoir lieu le 15 août, date anniversaire de la fin d'un demi-siècle de colonisation japonaise. Dans le même temps, les deux Kim se sont mis d'accord pour favoriser les investissements sud-coréens dans une économie nord-coréenne qui en a cruellement besoin. Mais surtout, confirme le communiqué conjoint publié à l'issue de la rencontre, les dirigeants du Sud et du Nord ont décidé d'ouvrir enfin le chantier de la réunification sur la base des premières propositions présentées de part et d'autre. Au Sud, on parle de confédération, alors qu'au Nord on évoque l'idée d'une forme souple de fédération.
Cet accord destiné à apaiser cinquante ans de tensions dans la péninsule coréenne laisse de côté deux sources de préoccupation cruciales: le programme nucléaire de Pyongyang et l'exigence nord-coréenne du retrait des 37 000 militaires américains stationnés en Corée du Sud, et dont la présence indispose au plus haut point le Nord. Les Etats-Unis ont cependant jugé "encourageant" le résultat obtenu à Pyongyang. Le président Kim Dae-Jung, du Sud, y voit un "succès", car "le soleil se lève enfin pour la réunification nationale". Si les deux camps unissent leurs forces, a t-il dit, la Corée et ses 70 millions d'habitants peuvent devenir une "nation de première classe". Et le nordiste Kim Jong-II de considérer, quant à lui, qu'il avait pu "briser la solitude" dans laquelle l'avaient enfermé ceux qui le qualifiaient "d'ermite".
par Pierre DELMAS
Article publié le 15/06/2000