Corée
Portraits croisés
Corée du Nord
Au commencement était Kim-Il-Sung (1912-1994). Disciple de Staline, c'est pendant l'occupation japonaise qu'il s'illustra pour la première fois. Sa famille s'était réfugiée en Mandchourie. C'est au lendemain de l'armistice, avec l'appui de Moscou, qu'il prend le pouvoir de la partie nord d'une Corée que se sont partagés Américains et Soviétiques. Il y met en place un régime stalinien: réforme agraire, constitution d'un Front uni incluant, théoriquement, quelques petits partis, mais les plaçant sous la vassalité du Parti des travailleurs, lancement des classiques "organisations de masse" pour encadrer la population. Kim-Il-Sung devient désormais le leader tout puissant. Il installe au bureau politique ses plus fidèles partisans. Le culte de la personnalité se développe. La Corée du Nord devient au fil des ans l'un des derniers pays staliniens. Le règne de Kim-Il-Sung aura l'un des plus longs de ce siècle: près de 50 ans. En I994, le pouvoir revient à son fils, Kim-Jong-Il, qui fait de la Corée du Nord la première dynastie stalinienne de la planète. La "dynastie des Kim" fait l'objet en Corée du Nord d'un culte de la personnalité poussé à l'extrême. Six ans après sa disparition, le "grand leader" fait toujours l'objet d'une véritable vénération de la part d'un peuple dont les conditions d'existence n'ont pourtant cessé de se dégrader, au point d'atteindre un seuil intolérable.
Corée du Sud
Elu en 1998 devant Lee Hoi-Chang, Rhee In-Je et Kim Jong-Pil, Kim Dae-Jung prend sa revanche sur les défaites passées. Il hérite d'un pays à la dérive et d'une société inquiète, soumise à des tensions que la crise et ses conséquences (faillites et chômage) vont accentuer. En cette année, il s'agit des élections présidentielles les plus libres et les premières véritablement démocratiques que la Corée ait connues. Les Coréens ont procédé à un vote historique en élisant à la tête de l'Etat le dissident de toujours Kim Dae-Jung, naguère condamné à mort par la dictature, emprisonné, exilé, mais qui a pu rassurer les électeurs en passant une alliance paradoxale avec l'ancien chef des services de renseignements qui avait tenté de le faire éliminer. Les Coréens ont choisi comme chef de l'Etat un homme qui a incarné la conscience démocratique de ce pays depuis quarante ans et qui, à plusieurs reprises, a été présenté comme un candidat possible au prix Nobel de la paix. Ils ont eu le courage de dire "non" à un système politico-affairiste qui avait conduit le pays à la faillite et de mettre fin au monopole d'un parti qui gouvernait la Corée du Sud depuis les années 60.
Au commencement était Kim-Il-Sung (1912-1994). Disciple de Staline, c'est pendant l'occupation japonaise qu'il s'illustra pour la première fois. Sa famille s'était réfugiée en Mandchourie. C'est au lendemain de l'armistice, avec l'appui de Moscou, qu'il prend le pouvoir de la partie nord d'une Corée que se sont partagés Américains et Soviétiques. Il y met en place un régime stalinien: réforme agraire, constitution d'un Front uni incluant, théoriquement, quelques petits partis, mais les plaçant sous la vassalité du Parti des travailleurs, lancement des classiques "organisations de masse" pour encadrer la population. Kim-Il-Sung devient désormais le leader tout puissant. Il installe au bureau politique ses plus fidèles partisans. Le culte de la personnalité se développe. La Corée du Nord devient au fil des ans l'un des derniers pays staliniens. Le règne de Kim-Il-Sung aura l'un des plus longs de ce siècle: près de 50 ans. En I994, le pouvoir revient à son fils, Kim-Jong-Il, qui fait de la Corée du Nord la première dynastie stalinienne de la planète. La "dynastie des Kim" fait l'objet en Corée du Nord d'un culte de la personnalité poussé à l'extrême. Six ans après sa disparition, le "grand leader" fait toujours l'objet d'une véritable vénération de la part d'un peuple dont les conditions d'existence n'ont pourtant cessé de se dégrader, au point d'atteindre un seuil intolérable.
Corée du Sud
Elu en 1998 devant Lee Hoi-Chang, Rhee In-Je et Kim Jong-Pil, Kim Dae-Jung prend sa revanche sur les défaites passées. Il hérite d'un pays à la dérive et d'une société inquiète, soumise à des tensions que la crise et ses conséquences (faillites et chômage) vont accentuer. En cette année, il s'agit des élections présidentielles les plus libres et les premières véritablement démocratiques que la Corée ait connues. Les Coréens ont procédé à un vote historique en élisant à la tête de l'Etat le dissident de toujours Kim Dae-Jung, naguère condamné à mort par la dictature, emprisonné, exilé, mais qui a pu rassurer les électeurs en passant une alliance paradoxale avec l'ancien chef des services de renseignements qui avait tenté de le faire éliminer. Les Coréens ont choisi comme chef de l'Etat un homme qui a incarné la conscience démocratique de ce pays depuis quarante ans et qui, à plusieurs reprises, a été présenté comme un candidat possible au prix Nobel de la paix. Ils ont eu le courage de dire "non" à un système politico-affairiste qui avait conduit le pays à la faillite et de mettre fin au monopole d'un parti qui gouvernait la Corée du Sud depuis les années 60.
par Pierre DELMAS
Article publié le 09/06/2000