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Corée

L'oeil de Pékin

Deux semaines avant le sommet Nord-Sud, le numéro un nord-coréen s'est rendu dans le plus grand secret à Pékin.
C'est le premier voyage à l'étranger de Kim Jong-Il depuis qu'il a succédé à son père en 1994. Comme il sied au plus secret des chefs d'Etat de la planète, ce voyage n'a pas été annoncé et il a fallu attendre plusieurs jours pour que Pékin confirme la nouvelle. Pour des raisons de sécurité, Kim Jong-Il est arrivé en Chine par train spécial le 29 mai et il en est reparti par le même chemin. Entre-temps, le dirigeant de la Corée du Nord a été reçu par les plus hautes autorités chinoises : le président Jiang Zemin, le président du parlement Li Peng et le premier ministre Zhu Rongji.

A l'évidence, avant la rencontre historique du 12 juin, Kim Jong-Il a voulu prendre des assurances du côté de Pékin, peut-être aussi des conseils sur la façon de traiter avec l'adversaire. Qui, de la Chine ou de la Corée du Nord était demandeur ? Mystère. Ce qui est sûr, c'est que Pékin, qui a apporté son soutien public au sommet inter-coréen, a tout intérêt à ce qu'elle se déroule à son avantage.

Les Etats-Unis avaient joué un rôle crucial pour permettre les précédentes rencontres entre le Nord et le Sud. Désormais, la Chine se pose en parrain de cette rencontre à l'égal des Etats-Unis. Séoul devrait s'en montrer reconnaissant à l'égard de Pékin, où les investissements sud-coréens sont déjà significatifs. De plus, une détente dans la péninsule coréenne devrait jouer à l'avantage de la Chine: une diminution de la tension dans la péninsule coréenne va progressivement faire perdre sa justification à la présence militaire américaine dans le Sud. Du moins l'espère-t-on à Pékin. Et à toute étape de la normalisation entre Séoul et Pyongyang, la Chine sera désormais en mesure de peser au gré de ses intérêts, soit en jouant un rôle d'accélérateur, soit au contraire, celui du frein.



par Olivier  Da Lage

Article publié le 09/06/2000