Monnaie unique européenne
Euro chahuté, Duisenberg bousculé
Alors que l'euro est à nouveau à la baisse, sans que les autorités monétaires et politiques parviennent à convaincre les marchés de la bonne santé économique des pays de la zone euro, la polémique s'est engagée sur l'action du président de la Banque centrale européenne Wim Duisenberg.
On reproche à Wim Duisenberg des déclarations à la presse, jugées intempestives, laissant entendre qu'il n'y aurait pas, dans l'immédiat, de nouvelle intervention des banques centrales pour soutenir l'euro. Or, en ces circonstances, l'effet de surprise est recherché, comme cela a été le cas, le 22 septembre, sans aucune annonce préalable. Des rumeurs de démission du président de la BCE, surnommé «le gaffeur», ont couru les salles de marchés, faisant même brièvement remonter le cours de l'euro, jusqu'à ce que ce bruit soit démenti, accélérant la chute.
A l'issue du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne qui s'est tenu exceptionnellement jeudi à Paris, Wim Duisenberg, qui a reçu le soutien de ses pairs, a fait amende honorable pour son «faux pas». Il a déclaré accepter les conseils de prudence qui lui ont été donnés mais a repoussé l'idée d'une démission. Le président de la BCE demande à être jugé sur la stabilité des prix au sein de la zone euro, et, toujours préoccupé par la faiblesse de la devise européenne, a rappelé que l'intervention sur le marché des changes reste un «instrument disponible».
Toutefois, l'embellie dégagée par le précédent recours à ce type d'action monétaire aura été de courte durée. Après l'intervention des banques centrales européenne, américaine, japonaise et britannique, le 22 septembre, vendant massivement du dollar pour acheter de l'euro, la devise européenne avait bien repris quelques couleurs, remontant à 0,89 dollar contre 0,85 dollar la veille. Mais l'opération qui a porté sur la vente de dollars pour un montant non négligeable de 6 milliards d'euros a fait long feu. Très rapidement la tendance est repartie à la baisse. L'euro a atteint, le 18 octobre, un nouveau record historique à 0,8330 dollar.
Le problème
est ailleurs
Des voix s'élèvent, de toutes parts, pour mettre en cause la capacité de Wim Duisenberg à diriger le destin monétaire de l'Europe en ces temps de crise. La faiblesse persistante de l'euro, il a perdu 28% de sa valeur face au dollar depuis sa naissance le 1er janvier 1999, et la remontée brutale du prix du pétrole font naître le doute. La croissance économique semble s'essouffler et l'inflation, fléau redouté entre tous, fait une réapparition encore timide.
Le Conseil des gouverneurs de la BCE a renoncé à utiliser l'outil du relèvement des taux d'intérêts pour attirer les capitaux et soutenir la monnaie. Le taux d'intérêt principal reste fixé à 4,75%, tel qu'il était lors du dernier relèvement le 5 octobre dernier. Il est vrai que les relèvements progressifs des taux d'intérêts de la BCE, sept fois en vingt mois, n'ont jamais eu beaucoup d'impact sur les marchés tandis qu'ils risquent, en revanche, de peser négativement sur la croissance.
Ce qui fait dire aux analystes que le problème de l'euro est ailleurs. Les marchés des changes n'ont pas une vision claire des objectifs poursuivis par la BCE, d'autant que la coordination des politiques économiques des pays de la zone euro reste très insuffisante. Tout en déplorant la faiblesse injustifiée de l'euro certains pays, tels l'Allemagne ou la France, de félicitent à voix basse de la compétitivité qu'elle induit dans les échanges internationaux. Argument qui perd toutefois de sa valeur avec l'augmentation du prix de l'énergie, notamment en France où, ce qui ne s'était pas produit depuis plusieurs années, la balance commerciale est en déficit pour le deuxième mois consécutif.
A l'issue du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne qui s'est tenu exceptionnellement jeudi à Paris, Wim Duisenberg, qui a reçu le soutien de ses pairs, a fait amende honorable pour son «faux pas». Il a déclaré accepter les conseils de prudence qui lui ont été donnés mais a repoussé l'idée d'une démission. Le président de la BCE demande à être jugé sur la stabilité des prix au sein de la zone euro, et, toujours préoccupé par la faiblesse de la devise européenne, a rappelé que l'intervention sur le marché des changes reste un «instrument disponible».
Toutefois, l'embellie dégagée par le précédent recours à ce type d'action monétaire aura été de courte durée. Après l'intervention des banques centrales européenne, américaine, japonaise et britannique, le 22 septembre, vendant massivement du dollar pour acheter de l'euro, la devise européenne avait bien repris quelques couleurs, remontant à 0,89 dollar contre 0,85 dollar la veille. Mais l'opération qui a porté sur la vente de dollars pour un montant non négligeable de 6 milliards d'euros a fait long feu. Très rapidement la tendance est repartie à la baisse. L'euro a atteint, le 18 octobre, un nouveau record historique à 0,8330 dollar.
Le problème
est ailleurs
Des voix s'élèvent, de toutes parts, pour mettre en cause la capacité de Wim Duisenberg à diriger le destin monétaire de l'Europe en ces temps de crise. La faiblesse persistante de l'euro, il a perdu 28% de sa valeur face au dollar depuis sa naissance le 1er janvier 1999, et la remontée brutale du prix du pétrole font naître le doute. La croissance économique semble s'essouffler et l'inflation, fléau redouté entre tous, fait une réapparition encore timide.
Le Conseil des gouverneurs de la BCE a renoncé à utiliser l'outil du relèvement des taux d'intérêts pour attirer les capitaux et soutenir la monnaie. Le taux d'intérêt principal reste fixé à 4,75%, tel qu'il était lors du dernier relèvement le 5 octobre dernier. Il est vrai que les relèvements progressifs des taux d'intérêts de la BCE, sept fois en vingt mois, n'ont jamais eu beaucoup d'impact sur les marchés tandis qu'ils risquent, en revanche, de peser négativement sur la croissance.
Ce qui fait dire aux analystes que le problème de l'euro est ailleurs. Les marchés des changes n'ont pas une vision claire des objectifs poursuivis par la BCE, d'autant que la coordination des politiques économiques des pays de la zone euro reste très insuffisante. Tout en déplorant la faiblesse injustifiée de l'euro certains pays, tels l'Allemagne ou la France, de félicitent à voix basse de la compétitivité qu'elle induit dans les échanges internationaux. Argument qui perd toutefois de sa valeur avec l'augmentation du prix de l'énergie, notamment en France où, ce qui ne s'était pas produit depuis plusieurs années, la balance commerciale est en déficit pour le deuxième mois consécutif.
par Francine Quentin
Article publié le 19/10/2000