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Burkina Faso

Forte agitation estudiantine et scolaire

Quelques centaines de femmes accompagnées d'élèves et étudiants ont manifesté samedi 21 octobre 2000 dans les rues de la capitale burkinabé pour dénoncer la fermeture de l'université de Ouagadougou et l'invalidation de l'année 1999-2000.
De notre correspondant au Burkina Faso

Cette décision avait été prise par le gouvernement le 6 octobre dernier après plus de cinq mois de grève des étudiants qui réclament principalement une aide annuelle de 160ß000 francs CFA à tous les non-boursiers (estimés à 7ß300 sur les 10ß250 étudiants) que compte l'université de Ouagadougou. Invoquant les limites financières de l'Etat, le gouvernement avait proposé une aide pour les non boursiers des seules premières et deuxièmes années aux taux respectifs de 100ß000 et 125ß000 francs CFA.

La manifestation des femmes burkinabé était à l'appel d'un collectif de syndicats proches de la plus influente centrale syndicale du paysß: la Confédération général du travail du Burkina(CGT-B). Les manifestants ont marché en direction du ministère des Enseignements secondaires, supérieurs et de la Recherche scientifique où ils ont remis un message au gouvernement avant de revenir à la Bourse du travail pour un meeting animé en présence des dirigeants du Collectif contre l'impunité (un rassemblement de partis politiques et d'organisations de la société civile qui exige la lumière sur l'assassinat, le 13 décembre 1998, du journaliste Norbert Zongo et sur tous les crimes impunis) et des leaders de l'opposition. «Il faut consentir l'aide aux conditions demandées par les étudiants», ont déclaré les femmes s'adressant au gouvernement. Rejetant l'invalidation, elles ont souligné la nécessité de vite rattraper l'année 1999-2000.

Le pouvoir tente d'éviter la contagion


Cette manifestation de protestation de femmes intervient au moment où une cinquantaine d'élèves et étudiants, dont le président de la puissante Association nationale des étudiants du Burkina(Aneb), Souleymane Kologo, ainsi que plusieurs membres de son bureau ont été arrêtés par la police. Ces élèves et étudiants toujours détenus dans le camp de la compagnie d'intervention rapide(DCIR) avaient été tous cueillis en même temps le 18 octobre alors qu'ils tenaient une réunion préparatoire pour une manifestation de protestation contre la fermeture de l'université prévue le lendemain au lycée Philippe Zinda Kaboré de Ouagadougou. Quelques jours avant, l'Aneb avait tenté d'organiser des meetings éclatés dans une quinzaine d'établissements secondaires de la capitale. Mais sans succès, la police anti-émeute étant intervenue à coups de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants. La police avait également empêché la manifestation du jeudi 19 octobre. Celle-ci, baptisée «journée de protestation» a été reprogrammée pour le 26 octobre à l'appel à la fois de l'Aneb, de l'Association des élèves et scolaires de Ouagadougou (AESO) et du Syndicat national des travailleurs de l'éducation et de la recherche (Synter, principal syndicat d'enseignants) qui se sont mis d'accord pour des actions unitaires.

Depuis la fermeture du campus universitaire, les établissements secondaires sont devenus un enjeu important pour les étudiants. Désormais, coupés de leur base, ce sont les seuls cadres de pression qui leur restent. Mais le pouvoir s'emploie à tout prix pour éviter la contagion. C'est donc la guerre ouverte entre l'Aneb, à qui le pouvoir reproche d'être inféodé au Collectif contre l'impunité, et le gouvernement. Qui l'emporteraß? Ce qui est sûr, les étudiants ont déjà réussi à s'attirer la sympathie de leurs cadets ainsi que de leurs aînés professeurs qui font désormais, avec eux, front commun contre le pouvoir. Conséquenceß: les cours sont régulièrement perturbés à Ouagadougou et dans plusieurs villes du pays depuis la rentrée scolaire.



par Alpha  Barry

Article publié le 22/10/2000