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Environnement

Pollution et polémique après le naufrage

Au lendemain du naufrage du cargo italien Ievoli Sun dans la Manche, les experts se mobilisent pour déterminer les risques de pollution chimique. Moins d'un an après la catastrophe de l'Erika, le débat fait rage dans la classe politique sur la question des responsabilités et de la réglementation maritime.
Trois nappes de produits provenant de l'épave du cargo italien ont été repérées mercredi après-midi en Manche par les autorités maritimes françaises. Au lendemain du naufrage du Ievoli Sun, il s'agit pour les experts de déterminer, voire de circonscrire, les réels risques de pollution chimique.
Le cargo gît par quelque 70 mètres de fond, à 19 km de l'île anglo-normande d'Aurigny. En début de matinée mercredi, le Céphée, un chasseur de mines de la Marine nationale équipé de sonars, s'est rendu sur les lieux du naufrage pour évaluer la situation et l'état de la coque du navire qui a coulé avec 6000 tonnes de produits chimiques, dont 4000 tonnes de styrène, un produit « très toxique, très corrosif et déflagrant ».
Selon le Cedre, le Centre de documentation et d'étude sur les pollutions marines, si ce produit remontait à la surface, il se volatiliserait dans l'atmosphère et ne serait pratiquement pas récupérable.
L'équipage du Céphée a aussitôt constaté une forte odeur qui laisse supposer que des produits se sont échappés du navire. Selon les premières informations, il semble que le navire reposerait à l'envers, la quille en avant. Elle se trouverait à 3 km de la fosse des Casquets, une fosse marine de 160 mètres de profondeur, où sont rejetés depuis plusieurs années des déchets radioactifs.

Polémique

L'épave doit être radiographiée avec précision afin de voir dans quelle mesure la coque a été endommagée. Par ailleurs, un autre navire, le patrouilleur L'Audacieuse, a appareillé de Cherbourg pour réaliser des prélèvements d'air et d'eau de mer. Les résultats de ces analyses devraient être communiqués jeudi après-midi. Le cargo italien a été affrété par les groupes pétroliers Shell et Exxon-Mobil.
Le président Jacques Chirac a pour sa part fait le point de la situation mercredi avec les autorités civiles et militaires. Le chef de l'Etat s'est notamment rendu au Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage de la Manche (CROSSMA). Alors que les autorités maritimes ont affirmé qu'il n'y avait aucun « danger immédiat », la préfecture de la Manche a annoncé la suspension de toutes les opérations dans la zone de naufrage en raison des risques de conservation.
Alors que ce naufrage a fait irruption dans le débat politique, moins d'un an après la catastrophe provoquée par le pétrolier Erika, le président français a insisté mercredi à Cherbourg sur la nécessité de légiférer en matière de droit maritime.
Le naufrage du Ievoli Sun a en effet entraîné un début de polémique dans la classe politique, l'opposition dénonçant « l'impuissance » du gouvernement. « Il faut avoir un droit de la mer qui s'impose », a affirmé Jacques Chirac.
Enfin, le gouvernement a saisi l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA), afin d'étudier les éventuels risques sur les produits de la mer après le naufrage du chimiquier italien.



par Sylvie  Berruet

Article publié le 01/11/2000