Proche-Orient
La dernière mission de Clinton
Le président Clinton reçoit jeudi Yasser Arafat à la Maison Blanche. Dimanche, c'est au tour d'Ehoud Barak. Il entend jeter tout son poids dans la balance pour sortir le processus de paix de l'impasse.
Jamais un président américain en fin de second mandat n'a eu autant de pouvoir que Bill Clinton et ce dernier entend bien en user au maximum pour débloquer le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens. Habituellement, un chef de l'exécutif américain dans sa situation est affecté du syndrome du «canard boiteux» (lame duck) : président doté d'un pouvoir constitutionnel, il est en réalité privé de son influence puisque tous les regards se portent déjà sur son successeur, investi de la véritable légitimité populaire, du moins la plus récente.
Mais rien de tel dans le cas de Bill Clinton. En toute hypothèse, il était décidé à faire tout son possible pour arracher un accord à Yasser Arafat et Ehoud Barak jusqu'au dernier jour de son mandat si besoin était. La volonté de rester dans l'Histoire et la perspective d'un prix Nobel de la Paix en étaient sans doute les raisons principales. En aurait-il les moyens politiques ? Bill Clinton en était convaincu. Que son successeur s'appelle George W. Bush ou Al Gore, il aurait tout intérêt à ce que l'épineux dossier israélo-palestinien soit réglé avant sa prise de fonction le 20 janvier.
Une légitimité supérieure à celle de son successeur
Bien entendu, un président sortant est moralement tenu, sinon constitutionnellement, de ne prendre aucune initiative d'envergure sans l'aval de l'équipe de transition désignée par le président élu le 7 novembre, mais il y a gros à parier que Bill Clinton aurait eu, quoi qu'il arrive, une marge de man£uvre considérable pour parvenir à un résultat. Mais le déroulement du scrutin présidentiel américain donne en réalité au président sortant une légitimité infiniment supérieure à celle de son successeur, élu par une marge infinitésimale. La leçon de l'élection du 7 novembre est bien que l'Amérique dispose d'un président incontestable : Bill Clinton.
Cela tombe bien, tout indique que Yasser Arafat et Ehoud Barak préfèrent traiter avec lui qu'avec son successeur. Malgré l'extrême méfiance qui s'est installée entre eux (ou à cause d'elle ?), les deux hommes ont accepté sans barguigner la convocation ûil n'y a pas d'autre terme- que leur a adressé Bill Clinton à se rendre à Washington. Cela a notamment été rendu possible par la constitution de la commission d'enquête internationale demandée par les Palestiniens et acceptée à Charm el-Cheikh. Bill Clinton avait un temps envisagé d'en confier la présidence à Warren Christopher, l'ancien secrétaire d'Etat. «Trop pro-israélien !» se sont indignés les Palestiniens qui l'ont récusé. Qu'à cela ne tienne, Bill Clinton a désigné l'ancien sénateur George Mitchell, l'artisan des accords de paix en Irlande du Nord. En revanche, compte tenu de l'opposition vigoureuse d'Israël, Clinton n'appuiera pas la demande palestinienne de l'envoi d'une force internationale d'interposition.
Mais rien de tel dans le cas de Bill Clinton. En toute hypothèse, il était décidé à faire tout son possible pour arracher un accord à Yasser Arafat et Ehoud Barak jusqu'au dernier jour de son mandat si besoin était. La volonté de rester dans l'Histoire et la perspective d'un prix Nobel de la Paix en étaient sans doute les raisons principales. En aurait-il les moyens politiques ? Bill Clinton en était convaincu. Que son successeur s'appelle George W. Bush ou Al Gore, il aurait tout intérêt à ce que l'épineux dossier israélo-palestinien soit réglé avant sa prise de fonction le 20 janvier.
Une légitimité supérieure à celle de son successeur
Bien entendu, un président sortant est moralement tenu, sinon constitutionnellement, de ne prendre aucune initiative d'envergure sans l'aval de l'équipe de transition désignée par le président élu le 7 novembre, mais il y a gros à parier que Bill Clinton aurait eu, quoi qu'il arrive, une marge de man£uvre considérable pour parvenir à un résultat. Mais le déroulement du scrutin présidentiel américain donne en réalité au président sortant une légitimité infiniment supérieure à celle de son successeur, élu par une marge infinitésimale. La leçon de l'élection du 7 novembre est bien que l'Amérique dispose d'un président incontestable : Bill Clinton.
Cela tombe bien, tout indique que Yasser Arafat et Ehoud Barak préfèrent traiter avec lui qu'avec son successeur. Malgré l'extrême méfiance qui s'est installée entre eux (ou à cause d'elle ?), les deux hommes ont accepté sans barguigner la convocation ûil n'y a pas d'autre terme- que leur a adressé Bill Clinton à se rendre à Washington. Cela a notamment été rendu possible par la constitution de la commission d'enquête internationale demandée par les Palestiniens et acceptée à Charm el-Cheikh. Bill Clinton avait un temps envisagé d'en confier la présidence à Warren Christopher, l'ancien secrétaire d'Etat. «Trop pro-israélien !» se sont indignés les Palestiniens qui l'ont récusé. Qu'à cela ne tienne, Bill Clinton a désigné l'ancien sénateur George Mitchell, l'artisan des accords de paix en Irlande du Nord. En revanche, compte tenu de l'opposition vigoureuse d'Israël, Clinton n'appuiera pas la demande palestinienne de l'envoi d'une force internationale d'interposition.
par Olivier Da Lage
Article publié le 09/11/2000