Roumanie
Le drame des enfants abandonnés
Dans son dernier rapport, la commission de Bruxelles dénonce les « progrès insuffisants » de Bucarest dans le domaine de la protection des enfants abandonnés de Roumanie.
Il y a une dizaine d'années, après la chute de Ceaucescu, l'Occident découvrait avec stupeur l'existence en Roumanie de plusieurs centaines d'orphelinats, transformés en véritables mouroirs où des milliers d'enfants ont été abandonnés. Parmi les pays d'Europe de l'Est, la Roumanie est sans conteste celui où le nombre d'enfants abandonnés est le plus élevé. On estime à près de 150 000 le nombre d'enfants qui se trouvent aujourd'hui dans des « centres de placement » (pour enfants dits normaux) et dans des « Caman spital » (pour enfants à handicap physique ou moral). Dans ce pays de 25 millions d'habitants, on compterait plus de 600 orphelinats répartis sur tout le territoire. C'est par l'histoire que s'explique ce drame des enfants abandonnés.
En 1970, le régime Ceaucescu, convaincu qu'un pays fort est un pays très peuplé, mène une politique nataliste forcenée. Et il n'y va pas par quatre chemins : les célibataires de plus de vingt ans paieront des taxes, les couples sans enfants aussi. Contraception et avortement seront punis de peines allant jusqu'à la prison ferme. Les visites chez le gynécologue sont obligatoires. Les médecins pratiquant l'avortement risquent jusqu'à 25 ans de prison, voire la peine de mort en cas de récidive. Tout un arsenal est mis en place pour inciter les couples à procréer : primes, facilités de travail, logement, transports, vacances. S'ils ne peuvent pas s'occuper de leurs enfants, l'Etat s'en chargera par l'intermédiaire d'orphelinats. Le bilan de cette politique dépasse l'entendement.
Dès 1990, les consciences occidentales se réveillent : journalistes, photographes, cameramen, diplomates, hommes politiques, églises, associations arrivent en Roumanie. Chacun veut voir, comprendre, aider. Très vite, ils découvrent « Les enfants oubliés de la Roumanie », « Les innocentes victimes d'un système ». Des convois humanitaires se mettent en place. Le premier objectif de l'Union européenne est de fournir une aide indispensable (alimentation, chauffage, soins médicaux) aux institutions dans lesquelles sont placés les enfants. En novembre 1990, Bernard Kouchner, alors secrétaire d'Etat à l'Action humanitaire annonce la signature d'un accord avec le premier ministre roumain pour la fourniture de 600 tonnes de matériel. De nombreuses associations et ONG sont à pied d'£uvre et travaillent d'arrache-pied.
Tout est fait pour freiner la mortalité de ces enfants abandonnés, mais il est bien difficile de dissuader les mères de continuer à abandonner leurs enfants, soit parce qu'elles sont pauvres ou que l'enfant souffre d'un quelconque handicap. Depuis janvier 2000, la nouvelle Agence pour la Protection de l'Enfance, née de la volonté européenne, met en place une stratégie visant, à terme, à fermer les orphelinats roumains. Un travail de longue haleine s'annonce, car rien n'a vraiment changé : les conditions de vie y sont déplorables : locaux insalubres, hygiène à peine développée, personnel insuffisantàEt, une nouvelle fois, Bucarest s'est fait épingler sur ce dossier par la Commission européenne de Bruxelles.
En 1970, le régime Ceaucescu, convaincu qu'un pays fort est un pays très peuplé, mène une politique nataliste forcenée. Et il n'y va pas par quatre chemins : les célibataires de plus de vingt ans paieront des taxes, les couples sans enfants aussi. Contraception et avortement seront punis de peines allant jusqu'à la prison ferme. Les visites chez le gynécologue sont obligatoires. Les médecins pratiquant l'avortement risquent jusqu'à 25 ans de prison, voire la peine de mort en cas de récidive. Tout un arsenal est mis en place pour inciter les couples à procréer : primes, facilités de travail, logement, transports, vacances. S'ils ne peuvent pas s'occuper de leurs enfants, l'Etat s'en chargera par l'intermédiaire d'orphelinats. Le bilan de cette politique dépasse l'entendement.
Dès 1990, les consciences occidentales se réveillent : journalistes, photographes, cameramen, diplomates, hommes politiques, églises, associations arrivent en Roumanie. Chacun veut voir, comprendre, aider. Très vite, ils découvrent « Les enfants oubliés de la Roumanie », « Les innocentes victimes d'un système ». Des convois humanitaires se mettent en place. Le premier objectif de l'Union européenne est de fournir une aide indispensable (alimentation, chauffage, soins médicaux) aux institutions dans lesquelles sont placés les enfants. En novembre 1990, Bernard Kouchner, alors secrétaire d'Etat à l'Action humanitaire annonce la signature d'un accord avec le premier ministre roumain pour la fourniture de 600 tonnes de matériel. De nombreuses associations et ONG sont à pied d'£uvre et travaillent d'arrache-pied.
Tout est fait pour freiner la mortalité de ces enfants abandonnés, mais il est bien difficile de dissuader les mères de continuer à abandonner leurs enfants, soit parce qu'elles sont pauvres ou que l'enfant souffre d'un quelconque handicap. Depuis janvier 2000, la nouvelle Agence pour la Protection de l'Enfance, née de la volonté européenne, met en place une stratégie visant, à terme, à fermer les orphelinats roumains. Un travail de longue haleine s'annonce, car rien n'a vraiment changé : les conditions de vie y sont déplorables : locaux insalubres, hygiène à peine développée, personnel insuffisantàEt, une nouvelle fois, Bucarest s'est fait épingler sur ce dossier par la Commission européenne de Bruxelles.
par Pierre DELMAS
Article publié le 24/11/2000