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Proche-Orient

La Commission Mitchell sur le terrain

La commission d'enquête sur les violences dont la création a été décidée au sommet de Charm el-Cheikh a commencé ses travaux sur place, sous la présidence de l'Américain George Mitchell. l'ambiance est au scepticisme. Mais pour l'un de ses membres, l'Européen Javier Solana, il existe une «petite opportunité» pour redémarrer les négociations.
De notre correspondant dans les Territoires palestiniens

L'arrivée sur le terrain de la commission internationale d'établissement des faits sur les violences israélo-palestiniennes n'a pas dissipé les interrogations sur ses capacités d'investigation. Entre Israéliens et Palestiniens, les divisions demeurent profondes sur les «termes de référence» qui lui ont été assignés par Bill Clinton, parrain du sommet de Charm el-cheikh, mi-octobre, qui avait décidé de sa création.

Ehoud Barak, opposé initialement à cette commission réclamée par Yasser Arafat, la conçoit comme un levier devant favoriser une reprise des pourparlers de paix avec l'autorité palestinienne. Mais sa capacité d'enquête doit être minimale. Israel ne souhaite pas que lui soit adjointe une équipe d'experts qui procéderait à des recherches poussées en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Pour l'Etat hébreu, l'Intifada qui enflamme les territoires depuis deux mois et demi a été instrumentalisée par Yasser Arafat, afin d'obtenir les gains politiques qu'il n'avait pu arracher au sommet de Camp David, en juillet, qui s'était soldé par un échec. A l'appui de cette thèse, les autorités comptent livrer à la commission des «preuves» soulignant «l'incitation à la violence» par l'autorité palestinienne, «l'utilisation des enfants en première ligne face aux soldats» et «la nocivité» de la libération des militants islamistes emprisonnés.

Les Palestiniens, de leur côté, ont une vision beaucoup plus volontariste. Pour eux, les cinq membres de la commission, qui rendront leur rapport fin mars à Bill Clinton, doivent mener «une véritable enquête», afin d'établir d'abord la responsabilité d'Ariel Sharon, le leader du Likoud, dans le déclenchement des violences, par sa visite controversée sur l'Esplanade des mosquées, troisième lieu saint de l'islam, le 28 septembre. Au-delà, ils veulent que soit pris en compte «le contexte de l'occupation», c'est-à-dire le bouclage de la Cisjordanie et la bande de Gaza et la colonisation juive, sans oublier l'usage excessif de la force par l'armée israélienne, comme l'a reconnu le Conseil de sécurité de l'ONU.

Solana : «Nous ne serons pas un tribunal»

Mais face à ces attentes, les sceptiques sont nombreux. «Nous ne serons pas un tribunal», a prévenu Javier Solana, représentant l'Union européenne au sein de la commission, partisan de ne pas distribuer de blâmes. «Tout le monde sait qui est l'agresseur et qui est l'agressé», estime, de son côté, Marwan Barghouti, chef du Fatah en Cisjordanie, la faction de Yasser Arafat au sein de l'OLP. L'exemple du déploiement d'observateurs internationaux (TIPH) dans la poudrière d'Hébron, décidé après le massacre de 29 Palestiniens par un colon en 1994, alimente les appréhensions. La TIPH n'a pas permis de ramener le calme dans la cité des Patriarches.

Le Comité palestinien des Droits de l'Homme a appelé Yasser Arafat à boycotter les travaux de la commission. «Ce qui est important, a souligné le leader palestinien en recevant ses membres lundi à Gaza, c'est qu'elle permettre de faire avancer le processus de paix». Même vidée en partie de sa substance, sa venue pourrait permettre à Yasser Arafat de montrer à son peuple qu'une de ses revendications a été exaucée et que des centaines de «martyrs» ne sont pas morts pour rien.



par Georges  Malbrunot

Article publié le 13/12/2000