FMI-Banque mondiale
Alliance Nord-Sud contre la dette et la mondialisation
Eric Toussaint, président du Comité pour l'annulation de la dette du tiers-monde (CADTM), plaide pour une alliance entre les mouvements antimondialisation au nord et les militants de l'annulation de la dette au sud. A condition, toutefois, que ces derniers y pèsent de tout leur poids.
RFI : L'année 2000 et son «jubilé» s'achèvent. Comment, à partir de 2001, relancer la mobilisation pour l'annulation de la dette ?
Eric Toussaint : «Il y a un rendez-vous important : juin 2001, le prochain sommet du G7 à Gènes où nous attendons des dizaines de milliers de manifestants. Car il n'est pas question d'abandonner le combat. D'ailleurs, on assiste à une mobilisation en profondeur, dans les pays du nord comme dans les pays du sud. Aucune solution n'a été apportée fondamentalement au problème posé par le mouvement pour l'annulation de la dette. La Banque mondiale et le FMI traversent une crise de légitimité comme jamais auparavant et y répondent en affirmant donner la priorité à la lutte contre la pauvreté. Leur «cadre stratégique de lutte contre la pauvreté» est une tentative d'accentuation de l'ajustement structurel, en essayant d'obtenir le consentement de la société civile. C'est un défi pour nous. Doit-on s'inscrire dans cette stratégie en tentant de l'infléchir ou doit-on s'y opposer par des alternatives ? La réponse est probablement l'indépendance par rapport à ces institutions, l'opposition à ce cadre stratégique de lutte contre la pauvreté, ce qui ne veut pas dire absence de participation à la discussion.
RFI :Qu'est-ce que cette alliance stratégique Nord-Sud souvent évoquée ?
E.T. : «Il y a une différence entre le nord et le sud. Ce serait trop facile de dire «tous ensemble dans un même mouvement». Mais quand on n'admet pas les différences, il y a une tendance, dans les campagnes menées par le nord, à monopoliser la parole dans les médias et les négociations. Au sud le problème c'est la dette, au nord, c'est la financiarisation et le débat sur la taxe Tobin, mais il y a une alliance fondamentale entre eux. Les politiques que mènent ceux qui dominent la mondialisation ont des conséquences au sud, au nord, à l'est et à l'ouest. Ce qui ressort donc, dans la plupart des mouvements, c'est la volonté de chercher les points communs et de réaliser des passerelles.
Les gens du sud doivent peser dans cette alliance comme un élément qu'on ne puisse sous-estimer à aucune étape. Au nord, on a tout intérêt à ce que les pays en développement surmontent la crise de la dette car elle a des répercussions qui accentuent la crise au nord. La logique d'endettement et d'ajustement structurel implique une dégradation des conditions de vie de la majorité de la population de la planète et une poursuite de la dégradation de l'environnement.
RFI : Quel est l'apport spécifique des organisations des pays industrialisés dans ce combat ?
E.T. : «Evidemment il y en a un. Les centres de décisions et de pouvoir se situent dans les pays industrialisés. Tout pays en développement négocie sa dette à Paris, Washington ou Londres. Donc construire un rapport de forces dans les pays riches pour appuyer leurs revendications est un élément fondamental. Ce qui n'exclut pas la constitution de front des pays endettés, de pays producteurs de matières premières etc. S'il existait un front des pays du sud, cela changerait considérablement la situation : ils sont majoritaires à l'OMC. Et, si l'Argentine, le Brésil et le Mexique décrétaient un moratoire unilatéral sur la dette, c'est les créanciers qui pleureraient pour négocier car cela déstabiliserait le système financier international. C'est une question de volonté politique des gouvernants sur laquelle la base doit peser.»
Eric Toussaint : «Il y a un rendez-vous important : juin 2001, le prochain sommet du G7 à Gènes où nous attendons des dizaines de milliers de manifestants. Car il n'est pas question d'abandonner le combat. D'ailleurs, on assiste à une mobilisation en profondeur, dans les pays du nord comme dans les pays du sud. Aucune solution n'a été apportée fondamentalement au problème posé par le mouvement pour l'annulation de la dette. La Banque mondiale et le FMI traversent une crise de légitimité comme jamais auparavant et y répondent en affirmant donner la priorité à la lutte contre la pauvreté. Leur «cadre stratégique de lutte contre la pauvreté» est une tentative d'accentuation de l'ajustement structurel, en essayant d'obtenir le consentement de la société civile. C'est un défi pour nous. Doit-on s'inscrire dans cette stratégie en tentant de l'infléchir ou doit-on s'y opposer par des alternatives ? La réponse est probablement l'indépendance par rapport à ces institutions, l'opposition à ce cadre stratégique de lutte contre la pauvreté, ce qui ne veut pas dire absence de participation à la discussion.
RFI :Qu'est-ce que cette alliance stratégique Nord-Sud souvent évoquée ?
E.T. : «Il y a une différence entre le nord et le sud. Ce serait trop facile de dire «tous ensemble dans un même mouvement». Mais quand on n'admet pas les différences, il y a une tendance, dans les campagnes menées par le nord, à monopoliser la parole dans les médias et les négociations. Au sud le problème c'est la dette, au nord, c'est la financiarisation et le débat sur la taxe Tobin, mais il y a une alliance fondamentale entre eux. Les politiques que mènent ceux qui dominent la mondialisation ont des conséquences au sud, au nord, à l'est et à l'ouest. Ce qui ressort donc, dans la plupart des mouvements, c'est la volonté de chercher les points communs et de réaliser des passerelles.
Les gens du sud doivent peser dans cette alliance comme un élément qu'on ne puisse sous-estimer à aucune étape. Au nord, on a tout intérêt à ce que les pays en développement surmontent la crise de la dette car elle a des répercussions qui accentuent la crise au nord. La logique d'endettement et d'ajustement structurel implique une dégradation des conditions de vie de la majorité de la population de la planète et une poursuite de la dégradation de l'environnement.
RFI : Quel est l'apport spécifique des organisations des pays industrialisés dans ce combat ?
E.T. : «Evidemment il y en a un. Les centres de décisions et de pouvoir se situent dans les pays industrialisés. Tout pays en développement négocie sa dette à Paris, Washington ou Londres. Donc construire un rapport de forces dans les pays riches pour appuyer leurs revendications est un élément fondamental. Ce qui n'exclut pas la constitution de front des pays endettés, de pays producteurs de matières premières etc. S'il existait un front des pays du sud, cela changerait considérablement la situation : ils sont majoritaires à l'OMC. Et, si l'Argentine, le Brésil et le Mexique décrétaient un moratoire unilatéral sur la dette, c'est les créanciers qui pleureraient pour négocier car cela déstabiliserait le système financier international. C'est une question de volonté politique des gouvernants sur laquelle la base doit peser.»
par Propos recueillis par Francine Quentin
Article publié le 18/12/2000