Chili
Pinochet face à la justice de son pays
L'ex-dictateur a demandé l'annulation de son inculpation et assignation à résidence prononcée par le juge chilien Juan Guzman Tapia pour soixante-quinze crimes commis en octobre 1973. Ce recours doit être examiné dans les 48 heures.
Plus de vingt-cinq ans après son coup d'état et âgé de 85 ans le général Augusto Pinochet est à nouveau rattrapé par l'Histoire. Le juge chilien Juan Guzman Tapia a inculpé l'ex-dictateur et l'a assigné à résidence pour soixante-quinze crimes commis en octobre 1973. Après sa mise en cause par un juge espagnol, Pinochet pourrait bien cette fois être jugé par les siens.
Personne n'y croyait vraiment lorsqu'en mars 2000 l'ex-dictateur chilien Augusto Pinochet rentrait à Santiago après avoir passé 503 jours de détention à Londres. L' «affaire Pinochet», lancée par le juge espagnol Baltasar Garzon en octobre 1998, semblait s'achever avec sa remise en liberté pour raisons médicales par la justice britannique. Il n'en a rien été et, trois jours après le retour du général dans son pays, le juge chilien Juan Guzman Tapia prenait le relais. Première étape, la levée de l'immunité parlementaire d'Augusto Pinochet, devenu sénateur à vie en 1998 : elle a été prononcée par la Cour Suprême le 8 août dernier. Désormais, le général, sous le coup d'une inculpation avec assignation à résidence, va devoir répondre en tant qu' «auteur intellectuel» et «co-auteur» de 75 exécutions sans jugement de prisonniers politiques perpétrées en octobre 1973 par la Caravane de la mort, une unité militaire putschiste.
Le président chilien Ricardo Lagos s'est immédiatement félicité de cette décision de justice car il y voit le signe du «renforcement du système démocratique dans son pays». L'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty international se réjouit de «ce début de justice pour les personnes tuées, torturées et disparues, et pour leurs proches». Quant au juge Baltasar Garzon, il n'a pu qu'approuver l'évolution en cours et semble même prêt à collaborer avec la justice chilienne si on le lui demande.
3000 morts et disparus
Les faits actuellement reprochés à Augusto Pinochet par la justice de son pays ne son pas les seules accusations portées contre lui. En fait, il serait responsable de la mort de plus de 3000 personnes, dont environ 1 200 prisonniers politiques pour la plupart «disparus», pendant la période de la dictature. La justice argentine demande son extradition pour l'assassinat, dans ce pays, d'un général chilien et la justice américaine enquête sur des faits du même type survenus à Washington.
Le vieux dictateur sera-t-il pour autant jugé et condamné ? Ce n'est pas complètement sûr. Le juge Guzman a demandé, avant tout interrogatoire, un examen psychiatrique et neurologique afin de déterminer s'il est ou non en état d'être jugé. Or, c'est déjà pour raisons médicales que Pinochet a pu quitter Londres en mars dernier, bien que sa santé ait connu une amélioration visible, un peu trop peut-être, dès son retour au Chili.
De plus, une loi d'amnistie prévoit qu'il est possible d'absoudre les crimes politiques commis pendant les cinq premières années de la dictature lorsque l'enquête est achevée, les circonstances précisées, les auteurs identifiés et les restes des victimes retrouvés. L'ex-dictateur pourrait donc, dans ces conditions, ne pas terminer sa vie en prison.
Personne n'y croyait vraiment lorsqu'en mars 2000 l'ex-dictateur chilien Augusto Pinochet rentrait à Santiago après avoir passé 503 jours de détention à Londres. L' «affaire Pinochet», lancée par le juge espagnol Baltasar Garzon en octobre 1998, semblait s'achever avec sa remise en liberté pour raisons médicales par la justice britannique. Il n'en a rien été et, trois jours après le retour du général dans son pays, le juge chilien Juan Guzman Tapia prenait le relais. Première étape, la levée de l'immunité parlementaire d'Augusto Pinochet, devenu sénateur à vie en 1998 : elle a été prononcée par la Cour Suprême le 8 août dernier. Désormais, le général, sous le coup d'une inculpation avec assignation à résidence, va devoir répondre en tant qu' «auteur intellectuel» et «co-auteur» de 75 exécutions sans jugement de prisonniers politiques perpétrées en octobre 1973 par la Caravane de la mort, une unité militaire putschiste.
Le président chilien Ricardo Lagos s'est immédiatement félicité de cette décision de justice car il y voit le signe du «renforcement du système démocratique dans son pays». L'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty international se réjouit de «ce début de justice pour les personnes tuées, torturées et disparues, et pour leurs proches». Quant au juge Baltasar Garzon, il n'a pu qu'approuver l'évolution en cours et semble même prêt à collaborer avec la justice chilienne si on le lui demande.
3000 morts et disparus
Les faits actuellement reprochés à Augusto Pinochet par la justice de son pays ne son pas les seules accusations portées contre lui. En fait, il serait responsable de la mort de plus de 3000 personnes, dont environ 1 200 prisonniers politiques pour la plupart «disparus», pendant la période de la dictature. La justice argentine demande son extradition pour l'assassinat, dans ce pays, d'un général chilien et la justice américaine enquête sur des faits du même type survenus à Washington.
Le vieux dictateur sera-t-il pour autant jugé et condamné ? Ce n'est pas complètement sûr. Le juge Guzman a demandé, avant tout interrogatoire, un examen psychiatrique et neurologique afin de déterminer s'il est ou non en état d'être jugé. Or, c'est déjà pour raisons médicales que Pinochet a pu quitter Londres en mars dernier, bien que sa santé ait connu une amélioration visible, un peu trop peut-être, dès son retour au Chili.
De plus, une loi d'amnistie prévoit qu'il est possible d'absoudre les crimes politiques commis pendant les cinq premières années de la dictature lorsque l'enquête est achevée, les circonstances précisées, les auteurs identifiés et les restes des victimes retrouvés. L'ex-dictateur pourrait donc, dans ces conditions, ne pas terminer sa vie en prison.
par Francine Quentin
Article publié le 03/12/2000