Proche-Orient
Peres tenté par la candidature
A 77 ans, Shimon Peres, plusieurs fois premier ministre d'Israël, envisage de se présenter à nouveau le 6 février. Ehoud Barak, le tenant du titre, l'adjure de n'en rien faire. Analyse.
La nouvelle a été aussi douce à entendre pour Shimon Peres qu'elle a dû être amère pour Ehoud Barak. Le sondage publié mercredi par le quotidien israélien Yediot Aharonot indique que Shimon Peres l'emporterait face à Ariel Sharon par 41 % des voix contre 39 %, et 20 % d'indécis. Ehoud Barak, quant à lui, n'obtiendrait que 35 % des voix face à Sharon (43 %) et 20 % d'indécis.
Certes, en Israël, les sondages sont particulièrement peu fiables, si l'on en juge par les expériences passées. Mais Barak, en démissionnant, le 10 décembre dernier plastronnait en affirmant qu'il avait toujours remportée les élections. La statistique ne portait que sur un seul échantillon, l'élection du 17 mai 1999 qu'il avait, il est vrai, remporté haut la main face à Benyamin Netanyahou. Par contraste, Shimon Peres traîne la réputation d'avoir, par trois fois, emmené son camp à la défaite électorale.
Pourtant, la roue tourne. Netanyahou, qui s'était (provisoirement) retiré de la vie politique après sa défaite de 1999, est au zénith de sa popularité. Seul, le refus des députés ultra-orthodoxes, pourtant favorables à son élection au poste de Premier ministre, de se faire hara-kiri, l'a conduit à retirer sa candidature. Netanyahou n'est pas fou : il sait bien que même élu au suffrage universel, il devrait composer avec un parlement émietté et ingouvernable, celui qui s'est ingénié depuis deux ans à ligoter Ehoud Barak. Son forfait laisse donc le champ libre à son rival, l'actuel chef du Likoud Ariel Sharon.
Peres marginalisé et humilié par Barak
L'irruption dans le jeu d'un Shimon Peres qu'Ehoud Barak n'attendait plus a un goût de revanche pour le prix Nobel de la paix. Après avoir emporté le parti travailliste à la hussarde et remporté les élections, Ehoud Barak s'est employé à marginaliser et à humilier Shimon Peres, cantonné dans des rôles subalternes, nullement associé aux négociations de paix. L'été dernier, il avait cru neutraliser définitivement son prédécesseur et rival en le faisant élire à la présidence de l'Etat. Mais les députés en avaient décidé autrement en choisissant un député modéré du Likoud, Moshé Katsav.
La décision d'Ehoud Barak d'ouvrir des négociations avec Ariel Sharon sur un gouvernement d'union nationale a ulcéré Shimon Peres. C'était la fin des accords d'Oslo. L'échec de Barak à conclure la paix avec les Palestiniens n'était pas celui de Peres. Au plus fort des violences, Barak s'est résolu à faire appel à Peres, le seul homme politique israélien qu'Arafat écoute encore pour aller négocier un cessez-le-feu.
Aujourd'hui, Peres ouvre le jeu. En envisageant sa candidature au poste de Premier ministre, quitte à la retirer si un accord de paix était conclu d'ici au 6 février, date de l'élection, il met la pression sur Ehoud Barak. Ce dernier conserve toutes ses chances d'accéder au poste de Premier ministre, mais à l'unique condition qu'il suive la voie tracée par un Shimon Peres qui retrouve la parole, après avoir été contraint au silence pendant près de deux ans.
Somme toute, le général Barak s'est montré un bon tacticien. Mais question stratégie, c'est Shimon Peres qui lui donne une leçon.
Certes, en Israël, les sondages sont particulièrement peu fiables, si l'on en juge par les expériences passées. Mais Barak, en démissionnant, le 10 décembre dernier plastronnait en affirmant qu'il avait toujours remportée les élections. La statistique ne portait que sur un seul échantillon, l'élection du 17 mai 1999 qu'il avait, il est vrai, remporté haut la main face à Benyamin Netanyahou. Par contraste, Shimon Peres traîne la réputation d'avoir, par trois fois, emmené son camp à la défaite électorale.
Pourtant, la roue tourne. Netanyahou, qui s'était (provisoirement) retiré de la vie politique après sa défaite de 1999, est au zénith de sa popularité. Seul, le refus des députés ultra-orthodoxes, pourtant favorables à son élection au poste de Premier ministre, de se faire hara-kiri, l'a conduit à retirer sa candidature. Netanyahou n'est pas fou : il sait bien que même élu au suffrage universel, il devrait composer avec un parlement émietté et ingouvernable, celui qui s'est ingénié depuis deux ans à ligoter Ehoud Barak. Son forfait laisse donc le champ libre à son rival, l'actuel chef du Likoud Ariel Sharon.
Peres marginalisé et humilié par Barak
L'irruption dans le jeu d'un Shimon Peres qu'Ehoud Barak n'attendait plus a un goût de revanche pour le prix Nobel de la paix. Après avoir emporté le parti travailliste à la hussarde et remporté les élections, Ehoud Barak s'est employé à marginaliser et à humilier Shimon Peres, cantonné dans des rôles subalternes, nullement associé aux négociations de paix. L'été dernier, il avait cru neutraliser définitivement son prédécesseur et rival en le faisant élire à la présidence de l'Etat. Mais les députés en avaient décidé autrement en choisissant un député modéré du Likoud, Moshé Katsav.
La décision d'Ehoud Barak d'ouvrir des négociations avec Ariel Sharon sur un gouvernement d'union nationale a ulcéré Shimon Peres. C'était la fin des accords d'Oslo. L'échec de Barak à conclure la paix avec les Palestiniens n'était pas celui de Peres. Au plus fort des violences, Barak s'est résolu à faire appel à Peres, le seul homme politique israélien qu'Arafat écoute encore pour aller négocier un cessez-le-feu.
Aujourd'hui, Peres ouvre le jeu. En envisageant sa candidature au poste de Premier ministre, quitte à la retirer si un accord de paix était conclu d'ici au 6 février, date de l'élection, il met la pression sur Ehoud Barak. Ce dernier conserve toutes ses chances d'accéder au poste de Premier ministre, mais à l'unique condition qu'il suive la voie tracée par un Shimon Peres qui retrouve la parole, après avoir été contraint au silence pendant près de deux ans.
Somme toute, le général Barak s'est montré un bon tacticien. Mais question stratégie, c'est Shimon Peres qui lui donne une leçon.
par Olivier Da Lage
Article publié le 20/12/2000