Iran
Khatami dans la tourmente
A moins de six mois des élections présidentielles, qui auront lieu le 8 juin 2001, le président Khatami est le seul candidat sérieux en lice. Mais il hésite encore à se représenter pour un second et dernier mandat de quatre ans.
De notre correspondant en Iran
Le 13 décembre dernier, l'hodjatoleslam Mehdi Karoubi, président du parlement, a affirmé que Mohammad Khatami ne s'était pas encore décidé. «Mais nous allons essayer de le convaincre», a-t-il ajouté. Mohammad Reza Khatami, le frère du président et secrétaire général du Front de la participation de l'Iran islamique (FPII) a tenu il y a quelques jours des propos identiques.
Si les réformateurs insistent sur les hésitations du président Khatami, personne ne prend vraiment au sérieux une telle hypothèse. «Au-delà même des réformateurs, le pouvoir dans son ensemble n'a pas d'autre alternative que la réélection du président Khatami», affirme un journaliste iranien. En effet, seuls les groupes les plus extrémistes parmi les conservateurs militent pour empêcher une nouvelle candidature de Mohammad Khatami.
«En réalité, en laissant planer le doute sur sa candidature, le président fait un chantage politique. Il voudrait obtenir plus de pouvoir et d'avoir les coudées plus franches pour pouvoir mener à bien ses réformes durant son second mandat», affirme le même journaliste. En effet, le président s'est montré plutôt combatif lors de ses derniers discours. A plusieurs reprises, Mohammad Khatami est monté au créneau pour dénoncer les conservateurs. Il a notamment affirmé qu'il ne disposait pas de suffisamment de pouvoir pour garantir les libertés et empêcher la violation de la Constitution. Il a également dénoncé la fermeture massive des journaux réformateurs depuis avril dernier. «Le pouvoir exécutif n'est pas concerné par cette affaire. C'est la justice qui a décidé cette fermeture. Il faut encore se demander si la justice a raison», s'est demandé le président Khatami. Loin d'un simple constat d'impuissance, il s'agit pour le président de remobiliser ses amis.
En effet, depuis leur victoire aux élections législatives de février 2000, le président Khatami et ses amis réformateurs doivent faire face à une offensive en règle de la part des conservateurs, qui ont cherché à faire le vide autour du président. Une dizaine de journalistes réformateurs ont été envoyée en prison. Abdollah Nouri, ancien ministre de l'Intérieur et bras droit du président, a été condamné à cinq années de prison. Enfin, après huit mois de résistance, le président a été obligé de se séparer du ministre de la Culture, le plus populaire des membres de son cabinet en raison de sa politique libérale dans le domaine culturel et de la presse. Attaollah Mohajerani est en particulier très populaire chez les étudiants. Durant les quarante mois qu'il a passés à la tête du ministère de la culture, il a défendu bec et ongles la presse indépendante et a largement supprimé la censure aussi bien dans le cinéma que dans l'édition.
Créer un climat de désespoir chez les électeurs de Khatami
L'objectif des conservateurs est simple. Ils ne disposent d'aucun candidat sérieux face au président Khatami. Dans ces conditions, leur tactique consiste à créer un climat de désespoir et de déception chez les électeurs modérés afin de faire baisser la participation électorale pour affaiblir politiquement le président Khatami s'il décide en fin de compte de se représenter. «Khatami a été élu avec 70% des voix, soit vingt millions d'électeurs. S'il obtient moins de voix, les conservateurs ne vont pas manquer d'accentuer leur pression. Même si cela peut paraître paradoxal, en faisant pression sur les réformateurs, les conservateurs cherchent à convaincre à une partie de l'électorat que Khatami n'a pas la détermination nécessaire pour faire face à ces adversaires», affirme un diplomate occidental. Dans cette perspective, les conservateurs devraient augmenter encore leur pression sur les réformateurs pour créer un climat de désespoir.
Face à la stratégie de tension de leurs adversaires, les réformateurs, qui contrôlent le gouvernement et le parlement, ont une seule tactique : maintenir le calme et tenter de mettre en £uvre - même de manière très lente - les réformes. Ils ont crée de nouveaux journaux pour remplacer les titres interdits. Plusieurs nouveaux titres, dont deux quotidiens, ont été lancés récemment. Enfin, le président Khatami pourra s'appuyer sur son bilan économique. La remontée des prix du pétrole et l'augmentation notable des investissements étrangers lui permettent aujourd'hui de relancer la machine économique et de faire miroiter une sortie du tunnel.
Le 13 décembre dernier, l'hodjatoleslam Mehdi Karoubi, président du parlement, a affirmé que Mohammad Khatami ne s'était pas encore décidé. «Mais nous allons essayer de le convaincre», a-t-il ajouté. Mohammad Reza Khatami, le frère du président et secrétaire général du Front de la participation de l'Iran islamique (FPII) a tenu il y a quelques jours des propos identiques.
Si les réformateurs insistent sur les hésitations du président Khatami, personne ne prend vraiment au sérieux une telle hypothèse. «Au-delà même des réformateurs, le pouvoir dans son ensemble n'a pas d'autre alternative que la réélection du président Khatami», affirme un journaliste iranien. En effet, seuls les groupes les plus extrémistes parmi les conservateurs militent pour empêcher une nouvelle candidature de Mohammad Khatami.
«En réalité, en laissant planer le doute sur sa candidature, le président fait un chantage politique. Il voudrait obtenir plus de pouvoir et d'avoir les coudées plus franches pour pouvoir mener à bien ses réformes durant son second mandat», affirme le même journaliste. En effet, le président s'est montré plutôt combatif lors de ses derniers discours. A plusieurs reprises, Mohammad Khatami est monté au créneau pour dénoncer les conservateurs. Il a notamment affirmé qu'il ne disposait pas de suffisamment de pouvoir pour garantir les libertés et empêcher la violation de la Constitution. Il a également dénoncé la fermeture massive des journaux réformateurs depuis avril dernier. «Le pouvoir exécutif n'est pas concerné par cette affaire. C'est la justice qui a décidé cette fermeture. Il faut encore se demander si la justice a raison», s'est demandé le président Khatami. Loin d'un simple constat d'impuissance, il s'agit pour le président de remobiliser ses amis.
En effet, depuis leur victoire aux élections législatives de février 2000, le président Khatami et ses amis réformateurs doivent faire face à une offensive en règle de la part des conservateurs, qui ont cherché à faire le vide autour du président. Une dizaine de journalistes réformateurs ont été envoyée en prison. Abdollah Nouri, ancien ministre de l'Intérieur et bras droit du président, a été condamné à cinq années de prison. Enfin, après huit mois de résistance, le président a été obligé de se séparer du ministre de la Culture, le plus populaire des membres de son cabinet en raison de sa politique libérale dans le domaine culturel et de la presse. Attaollah Mohajerani est en particulier très populaire chez les étudiants. Durant les quarante mois qu'il a passés à la tête du ministère de la culture, il a défendu bec et ongles la presse indépendante et a largement supprimé la censure aussi bien dans le cinéma que dans l'édition.
Créer un climat de désespoir chez les électeurs de Khatami
L'objectif des conservateurs est simple. Ils ne disposent d'aucun candidat sérieux face au président Khatami. Dans ces conditions, leur tactique consiste à créer un climat de désespoir et de déception chez les électeurs modérés afin de faire baisser la participation électorale pour affaiblir politiquement le président Khatami s'il décide en fin de compte de se représenter. «Khatami a été élu avec 70% des voix, soit vingt millions d'électeurs. S'il obtient moins de voix, les conservateurs ne vont pas manquer d'accentuer leur pression. Même si cela peut paraître paradoxal, en faisant pression sur les réformateurs, les conservateurs cherchent à convaincre à une partie de l'électorat que Khatami n'a pas la détermination nécessaire pour faire face à ces adversaires», affirme un diplomate occidental. Dans cette perspective, les conservateurs devraient augmenter encore leur pression sur les réformateurs pour créer un climat de désespoir.
Face à la stratégie de tension de leurs adversaires, les réformateurs, qui contrôlent le gouvernement et le parlement, ont une seule tactique : maintenir le calme et tenter de mettre en £uvre - même de manière très lente - les réformes. Ils ont crée de nouveaux journaux pour remplacer les titres interdits. Plusieurs nouveaux titres, dont deux quotidiens, ont été lancés récemment. Enfin, le président Khatami pourra s'appuyer sur son bilan économique. La remontée des prix du pétrole et l'augmentation notable des investissements étrangers lui permettent aujourd'hui de relancer la machine économique et de faire miroiter une sortie du tunnel.
par Siavosh Ghazi
Article publié le 21/12/2000