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Proche-Orient

Un accord de plus en plus improbable

Alors qu'Israéliens et Palestiniens ont repris le dialogue, le fossé qui les sépare reste grand, à huit jours de la fin du mandat de Bill Clinton. De nouvelles rencontres sont toutefois prévues à partir de samedi soir.
De notre correspondant dans les Territoires palestiniens

La perspective d'un accord de paix israélo-palestinien, conclu avant le départ de Bill Clinton de la Maison-blanche le 20 janvier, paraît irréaliste aux principaux intéressés eux-mêmes, mais chaque camp reste déterminé à continuer de déblayer le terrain avant l'entrée en fonction de l'administration Bush. En Cisjordanie et à Gaza, la relative accalmie de ces derniers jours a permis la reprise de la coopération sécuritaire et du dialogue politique. Les Etats-Unis accentuent leur pression pour arracher un accord-cadre avant le 20 janvier, mais les Palestiniens refusent pour l'heure de s'engager dans des discussions qui ne régleraient pas rapidement le conflit. «Nous rejetons tout accord qui serait une déclaration de principes ou un accord provisoire. Ce que nous voulons, c'est un accord global», a précisé le ministre de l'Information, Yasser Abed Rabbo.

Selon un dirigeant palestinien qui a souhaité conserver l'anonymat, les deux camps sont invités à tracer les grandes lignes du futur traité de paix, chaque partie dressant la liste de ses positions sur les points de contentieux. Cet inventaire est au c£ur des pourparlers en cours, qui devraient se poursuivre durant le week-end, et ce n'est qu'à l'issue de cet état des lieux que Bill Clinton, qui a téléphoné vendredi matin encore à Yasser Arafat, décidera d'envoyer ou non son émissaire Dennis Ross, afin de tenter d'aplanir les divergences. Les principales pommes de discorde restent la question de Jérusalem et celle des réfugiés.

Des opinions chauffées à blanc

Face à une opinion majoritairement opposée au plan Clinton, Ehoud Barak récuse désormais une souveraineté palestinienne sur l'Esplanade des mosquées, troisième lieu saint de l'islam, considérée par les juifs comme le Mont du temple, lieu le plus sacré du judaïsme. Yasser Arafat de son côté refuse de céder sur le droit au retour des 3,7 millions de réfugiés, reconnu par l'ONU. Un déblocage paraît difficile en cette période pré-électorale. Le rival du premier ministre démissionnaire Ariel Sharon, du Likoud (droite nationaliste), bénéficie toujours de 20 points d'avance dans les sondages d'opinion, à 25 jours du scrutin.

A défaut d'un accord-cadre d'ici le 20 janvier, Israéliens et Palestiniens veulent examiner la possibilité de «se mettre d'accord sur telle ou telle formulation», a ajouté, minimaliste, Danny Yatom, le conseiller à la sécurité de M. Barak. Si la détente se poursuit, Israël pourrait continuer de desserrer l'étau autour des territoires palestiniens, et les discussions pourraient gagner en substance. Ce scénario optimiste reste toutefois subordonné à plusieurs hypothèques. Côté palestinien, la principale concerne le sort d'un éventuel accord, en cas de victoire d'Ariel Sharon, le 6 février. Ce dernier a indiqué en effet qu'il considérait les accords d'Oslo, fondés sur le principe de l'échange de la terre contre la paix, comme «morts», et que sous sa magistrature, l'Etat hébreu ne céderait plus de territoire aux Palestiniens. Face, lui aussi, à une opinion chauffée à blanc après cent jours de soulèvement meurtrier, Yasser Arafat a besoin de garanties pour éviter de se faire berner.



par Georges  Malbrunot

Article publié le 12/01/2001