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Congo démocratique

19902001 dix ans de guerre

1990

Avril - Le président zaïrois Mobutu Sese Seko annonce, sous la pression de l'opposition, le passage à la "démocratie multipartite".
Mai - Massacre d'étudiants, dans le campus de Lubumbashi (Shaba), par les forces de sécurité du Maréchal Mobutu.
Octobre - Le Congrès américain coupe l'aide militaire et économique au Zaïre.
Au Rwanda, le FPR (Front patriotique rwandais) lance la première attaque contre le régime de Habyarimana, sur la frontière nord, depuis l'Ouganda. Arrestation à Kigali de quelques 10.000 rwandais tutsi ou opposants, et premier massacre de Tutsi à Kibilira. Intervention de troupes étrangères (françaises, belges et zaïroises), en faveur de l'armée rwandaise (opération Noirot). De nombreux ressortissants européens sont évacués. Les troupes belges rentrent au pays, tandis que les françaises et les zaïroises restent au Rwanda. Sur le plan militaire, le FPR subit de nombreuses pertes: son principal dirigeant, le "commandant Fred" est tué au combat dès le troisième jour de guerre.

1991

Janvier - Le FPR, dirigé désormais par Paul Kagame, ouvre un deuxième front, dans la région de Byumba (nord-est du Rwanda).
Septembre - Au Zaïre, Mobutu accepte que l'opposant modéré Etienne Tsisekedi dirige un gouvernement de coalition (qui ne dure qu'un mois).

1992

Mars - Au Rwanda, les ultras hutus se regroupent aux sein de la Coalition pour la Défense de la République (CDR), qui commence à organiser des milices: les interahamwes. Massacre de Tutsis dans le Bugesera.
Juillet - Un cessez-le-feu est signé à Arusha (Tanzanie), et des négociations s'ouvrent entre le pouvoir hutu, le FPR et l'opposition démocratique.
Août - Etienne Tsisekedi est nommé premier ministre de transition par la Conférence nationale zaïroise.
Août à Décembre - Au Rwanda, différents massacres de Tutsi et de hutus modérés sont perpétrés par les Interahamwes.

1993

Janvier - Signature des premiers accords d'Arusha entre le FPR et le gouvernement de Kigali.
Février - Le FPR déclenche une nouvelle offensive, dans le but d'arrêter les massacres en cours. Près d'un million de paysans du nord quittent les régions du nord et prennent la direction de Kigali.
Mai - Signature de nouveaux accords à Arusha, entre le FPR et le gouvernement de Kigali, prévoyant une armée unifiée (regroupant les FAR et le FPR) et le retour des déplacés de guerre. Assassinat à Kigali du dirigeant du principal parti d'opposition, Emmanuel Gapyisi.
Juin - Au Burundi, élection d'un président hutu: Melchior Ndadaye.
Août - Signature formelle des accords d'Arusha. Début des émissions racistes anti-Tutsi de la radiotélévision libre des Mille Collines (RTLM).
Octobre - Au Burundi, assassinat de Melchior Ndadaye.
Création de la MINUAR (Mission des Nations unies pour l'assistance au Rwanda), composée de 2.500 casques bleus.
Décembre - Les troupes françaises de l'opération Noroît (600 hommes) quittent le Rwanda, où s'installe la MINUAR.

1994

Janvier - Au Rwanda, les extrémistes du 'hutu power' s'opposent aux accord d'Arusha et à la mise en place d'un gouvernement comprenant le FPR.
Février - Assassinat du leader hutu du Parti social démocrate Félicien Gatabazi et du dirigeant de la CDR Martin Bucyana. Des dizaines d'autres assassinats sont signalés dans le pays.
6 avril - Sommet régional à Dar-es-Salaam. A la tombée du jour, attentat contre l'avion ramenant à Kigali les présidents du Rwanda et du Burundi, Juvénal Habyarimana et Cyprien Ntaryamira. Début des massacres de Tutsi et hutus modérés, à Kigali. Le 7 avril, le premier ministre Agathe Uwilingiyamana et dix casques bleus belges sont tués. Le génocide (qui fera de 700.000 à un million de victimes) s'étend peu à peu en dehors de la capitale.
9 avril - La France et la Belgique interviennent militairement à Kigali (opération Amarillis), pour évacuer les ressortissants européens. La famille du président Habyarimana est aussi évacuée par des avions français, sur Bangui et ensuite sur Paris.
16 avril - La Belgique décide de retirer ses troupes (780 hommes) du Rwanda.
21 avril - La MINUAR est réduite de 2.500 à 270 effectifs.
12 mai - Le Haut Commissaire des Nations unies pour les Droits de l'hommes parle de "génocide", lors d'une visite au Rwanda.
22 mai - Le FPR s'empare de l'aéroport de Kigali.
Juin - Le président Mobutu, contacté par la France, accepte d'accueillir à la fois les réfugiés hutus et une éventuelle opération militaire française. Ce qui permet au maréchal-président de retrouver la scène internationale et une certaine respectabilité: Kengo Wa Dondo devient premier ministre. Mobutu inaugure ainsi la "troisième voie". Sur le plan international, il autorise des livraisons d'armes au régime soudanais à partir du nord du Zaïre, ce qui déplaît aux USA.
22 juin - Le Conseil de sécurité de l'ONU, sur proposition française, autorise une intervention militaire humanitaire au Rwanda, pour une durée de deux mois, mais ne prévoit pas de poursuite des responsables du génocide en cours. Le lendemain, début de l'opération militaire française Turquoise.
4 juillet - Kigali et Butare tombent aux mains du FPR. La France crée une "zone humanitaire sûre" dans le sud-ouest du Rwanda, alors que commence l'exode massif de Hutus, en direction de Goma, au Zaïre. Près d'un million de rwandais (des hutus souvent encadrés par des miliciens interahamwes) errent dans le Kivu.
19 juillet - Un gouvernement d'union nationale est formé à Kigali, tandis que le choléra se déclare parmi les réfugiés du Kivu.
31 juillet - Un détachement de l'armée américaine arrive à Kigali (opération Support Hope, qui comprend 2100 soldats présents notamment en Ouganda, au Zaïre et au Kenya). Début de la coopération américano-rwandaise, surtout dans les domaines militaire et judiciaire.
22 août - L'opération Turquoise prend fin, mais quelque 500 militaires français restent présents au Zaïre, jusqu'à la fin de septembre, en appui logistique au bataillon interafricain. Fin septembre, un million et demi de réfugiés rwandais hutus sont installés dans le Kivu, ce qui provoque une lente déstabilisation de tout l'est du Zaïre.
Décembre - Paul Kagame déclare à Bruxelles que si des incursions armées sont menées depuis le Zaïre, le Rwanda exercera le droit de poursuite. Plus tard, à la tribune de l'ONU le Rwanda est encore plus explicite: il prévient qu'il "prendra ses responsabilités" si les réfugiés hutus ne sont pas installés au-delà de 50 km de la frontière entre le Rwanda et le Zaïre.

1995

Les camps de réfugiés hutus sont de plus en plus "militarisés" par les milices interahamwes. Des expéditions meurtrières sont lancées par ces milices contre les Tutsi du Nord-Kivu, dans le Masisi. Ce qui commence à préoccuper les Tutsi banyamulenge du Sud-Kivu, dont des jeunes ont combattu dans les rangs du FPR et ont suivi des entraînements militaires au Rwanda.
Avril - Une base opérationnelle des ex-FAR, située sur l'île d'Iwara, dans le lac Kivu, est détruite par le Rwanda, grâce aux six vedettes rapides que vient de lui livrer l'armée américaine.

1996

Mars - Les derniers contingents de la MINUAR quittent le Rwanda.
Juillet - L'ancien président Pierre Buyoya prend le pouvoir au Burundi
Août-Septembre - Laurent-Désiré Kabila est à Kigali. A la suite de nombreuses réunions avec les dirigeants rwandais et ougandais, la décision est prise de créer l'AFDL (Alliance des Forces Démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre) alors que la rébellion des Banyamulenge est en marche, à l'est du Zaïre. Kabila est ensuite rejoint par d'autres rebelles historiques du Zaïre (dont des centaines de combattants lumumbistes installés en Ouganda et, plus tard, les ex-gendarmes katangais,



par Elio  Comarin

Article publié le 17/01/2001