Chili
Les militaires contraints d'assumer le passé
Au moment où les militaires chiliens sont contraints de reconnaître une partie des violations des droits de l'Homme commises pendant la dictature, Augusto Pinochet tente quant à lui d'éluder par tous les moyens l'action de la justice.
De notre correspondant au Chili
«Les militaires d'aujourd'hui ont dû assumer pour ceux d'hier». Cette phrase a été prononcée dimanche par le président chilien Ricardo Lagos au cours d'une intervention diffusée par toutes les télévisions et radios du pays. Ricardo Lagos dressait alors le bilan de la «table de dialogue», une commission chargée d'enquêter sur le sort des détenus disparus de la dictature. Au terme de plusieurs mois d'enquête, cette instance a permis de rassembler de précieuses informations. Elle a notamment indiqué que 130 corps de victimes auraient été lancés dans la mer, les lacs ou les rivières chiliennes, tandis qu'une vingtaine d'autres auraient été enfouis dans les environs de Santiago. Des informations que la justice chilienne va désormais devoir vérifier, afin de pouvoir, éventuellement, poursuivre les responsables de ces crimes.
Pour la première fois, les forces armées reconnaissent donc officiellement que les restes de nombreuses victimes ne pourront jamais être retrouvés. Peu à peu, elles admettent les violations des droits de l'Homme commises pendant la dictature. Pendant de longues années, elles s'étaient contentés de parler de «présumés disparus». Or, elles assument désormais leurs responsabilités dans ces crimes.
Ce comportement, qualifié de «courageux» par la majorité de la classe politique chilienne, contraste fortement avec celui de nombreux militaires impliqués directement dans ces violations. Augusto Pinochet s'est ainsi toujours contenté de parler de l'existence d'une «guerre civile» à l'intérieur du pays qui avait justifié l'intervention des forces armées pour rétablir le calme. Mais cette thèse ne résiste pas à la réalité des faits et de sa politique répressive. La justice a réussi à avancer énormément au cours de ces derniers mois. Selon une estimation récemment publiée par le quotidien La Nacion, près de 150 militaires sont actuellement poursuivis par la justice chilienne pour des crimes commis pendant la dictature. Et certains d'entre eux ont déjà été lourdement condamnés.
Pinochet isolé
Ce «défilé» devant les tribunaux a de fortes conséquences sur l'unité de la famille militaire. Certains inculpés refusent d'être les seuls à assumer la responsabilité de ces crimes, en précisant qu'ils n'ont fait qu'accomplir les ordres de leur hiérarchie. Or, ceux qui commandaient à cette époque les forces armées chiliennes allèguent leur complète innocence.
C'est le cas notamment d'Augusto Pinochet. Pourtant, l'ancien dictateur tente actuellement par tous les moyens d'échapper à l'action de la justice de son pays. Après avoir refusé de se soumettre dimanche à des examens mentaux, il a annoncé son intention de ne pas répondre mardi 9 janvier aux questions du juge Juan Guzman. Un comportement qui place les forces armées dans une situation délicate. Elles ne peuvent en effet pas soutenir ouvertement leur ancien commandant en chef s'il décide de ne pas respecter l'un des piliers de la démocratie, à savoir le pouvoir judiciaire. Du coup, Pinochet se retrouve de plus en plus isolé. Et l'image de valeureux soldat qu'il s'était forgé au fil des années au sein de sa propre institution commence peu à peu à se ternir.
«Les militaires d'aujourd'hui ont dû assumer pour ceux d'hier». Cette phrase a été prononcée dimanche par le président chilien Ricardo Lagos au cours d'une intervention diffusée par toutes les télévisions et radios du pays. Ricardo Lagos dressait alors le bilan de la «table de dialogue», une commission chargée d'enquêter sur le sort des détenus disparus de la dictature. Au terme de plusieurs mois d'enquête, cette instance a permis de rassembler de précieuses informations. Elle a notamment indiqué que 130 corps de victimes auraient été lancés dans la mer, les lacs ou les rivières chiliennes, tandis qu'une vingtaine d'autres auraient été enfouis dans les environs de Santiago. Des informations que la justice chilienne va désormais devoir vérifier, afin de pouvoir, éventuellement, poursuivre les responsables de ces crimes.
Pour la première fois, les forces armées reconnaissent donc officiellement que les restes de nombreuses victimes ne pourront jamais être retrouvés. Peu à peu, elles admettent les violations des droits de l'Homme commises pendant la dictature. Pendant de longues années, elles s'étaient contentés de parler de «présumés disparus». Or, elles assument désormais leurs responsabilités dans ces crimes.
Ce comportement, qualifié de «courageux» par la majorité de la classe politique chilienne, contraste fortement avec celui de nombreux militaires impliqués directement dans ces violations. Augusto Pinochet s'est ainsi toujours contenté de parler de l'existence d'une «guerre civile» à l'intérieur du pays qui avait justifié l'intervention des forces armées pour rétablir le calme. Mais cette thèse ne résiste pas à la réalité des faits et de sa politique répressive. La justice a réussi à avancer énormément au cours de ces derniers mois. Selon une estimation récemment publiée par le quotidien La Nacion, près de 150 militaires sont actuellement poursuivis par la justice chilienne pour des crimes commis pendant la dictature. Et certains d'entre eux ont déjà été lourdement condamnés.
Pinochet isolé
Ce «défilé» devant les tribunaux a de fortes conséquences sur l'unité de la famille militaire. Certains inculpés refusent d'être les seuls à assumer la responsabilité de ces crimes, en précisant qu'ils n'ont fait qu'accomplir les ordres de leur hiérarchie. Or, ceux qui commandaient à cette époque les forces armées chiliennes allèguent leur complète innocence.
C'est le cas notamment d'Augusto Pinochet. Pourtant, l'ancien dictateur tente actuellement par tous les moyens d'échapper à l'action de la justice de son pays. Après avoir refusé de se soumettre dimanche à des examens mentaux, il a annoncé son intention de ne pas répondre mardi 9 janvier aux questions du juge Juan Guzman. Un comportement qui place les forces armées dans une situation délicate. Elles ne peuvent en effet pas soutenir ouvertement leur ancien commandant en chef s'il décide de ne pas respecter l'un des piliers de la démocratie, à savoir le pouvoir judiciaire. Du coup, Pinochet se retrouve de plus en plus isolé. Et l'image de valeureux soldat qu'il s'était forgé au fil des années au sein de sa propre institution commence peu à peu à se ternir.
par A Santiago du Chili, Olivier Bras
Article publié le 08/01/2001