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Mondialisation

Davos : les grands patrons sereins

Les participants au Forum économique mondial de Davos affichent leur sérénité face à la quasi-stagnation américaine. Alors que le premier Forum social mondial de Porto Alegre est dans tous les esprits, quelque centaines de manifestants anti-mondialisation ont été durement repoussés par la police suisse avant même de pouvoir rejoindre Davos.
Au premier jour du Forum économique mondial une enquête sur les prévisions pour 2001 des dirigeants des plus grandes firmes mondiales a été rendue publique. Il apparaît que les «global leaders» sont raisonnablement optimistes quant à la situation économique mondiale. Ils ne s'attendent pas à un ralentissement significatif de l'économie mondiale cette année et ne croient pas vraiment à un atterrissage brutal de l'économie américaine.

Pourtant, devant la commission budgétaire du sénat américain, jeudi, le président de la Réserve fédérale (FED) Alan Greenspan a qualifié de «très prononcé» le ralentissement de la croissance aux Etats-Unis, l'évaluant même proche de zéro. Le gardien de l'orthodoxie monétaire aux Etats-Unis pourrait bien annoncer une baisse des taux d'intérêts américains dès la semaine prochaine. Voilà qui devrait être apprécié des «patrons» de Davos qui, interrogés sur la façon de soutenir la croissance, recommandent la baisse des taux d'intérêts, pas seulement ceux de la FED mais aussi ceux de la Banque centrale européenne, la maîtrise des prix du pétrole et l'accélération des réformes structurelles dans l'Union européenne.

L'ombre de Porto-Alegre

Sur les travaux du Forum économique mondial pèse la tenue simultanée du premier Forum social mondial de Porto Alegre. Lors de l'ouverture officielle, son fondateur Klaus Schwab s'est adressé aux militants anti-mondialisation par delà les continents. « Nous applaudissons, a-t-il dit, chaque engagement pour améliorer l'état du monde et nous cherchons à joindre nos forces». Il a appelé à un respect mutuel des deux visions de la globalisation.

C'est bien le redressement de l'image du Forum économique mondial dans l'opinion publique dont il est question. A Porto Alegre, l'économiste tiers-mondiste Samir Amin a dénoncé les participants au Forum de Davos comme des «repus, des milliardaires et leurs serviteurs politiques». A Davos, le ministre français de l'Economie Laurent Fabius s'est déclaré stupéfait des «incompréhensions» dont ces rencontres sont l'objet dans l'opinion publique. Notamment, il s'est élevé, en tant qu'élu politique, contre l'accusation d'illégitimité à parler de problèmes économiques mondiaux dans ce cadre. La méfiance envers les responsables politiques est en effet présente à Porto-Alegre où ont été proposés des referendums locaux sur les accords internationaux signés par les Etats.

Le village des Grisons devait s'attendre à une nouvelle vague de contestation, samedi, en dépit de l'interdiction faite aux quelques centaines de manifestants anti-mondialisation regroupés à Zurich et au quadrillage des forces de l'ordre. Davos est encore sous le choc des incidents qui avaient opposé, l'an dernier, des manifestants à une police peu nombreuse et vite débordée.



par Francine  Quentin

Article publié le 27/01/2001