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Sida

Annick Hamel : «<i>Les trithérapies peuvent être beaucoup moins chères</i>»

Le laboratoire pharmaceutique indien Cipla, a proposé le 6 février à Médecins sans Frontières (MSF) des trithérapies contre le sida beaucoup moins chères que celles pratiquées sur le marché. Annick Hamel, coordinatrice de la campagne pour l'accès aux médicaments à MSF, à Paris, revient sur cet événement.
RFI : Concrètement que propose le laboratoire pharmaceutique indien Cipla à MSF ?
Annick Hamel : Le laboratoire Cipla nous propose une trithérapie, c'est-à-dire trois molécules, pour traiter les personnes vivant avec le VIH avec un traitement annuel au prix de 350 dollars et à 600 dollars pour les gouvernements. En comparaison, une trithérapie aux Etats-Unis coûte environ 10 000 dollars par an. En revanche, les cinq grands laboratoires pharmaceutiques mondiaux qui ont annoncé en mai 2000 une réduction des prix des trithérapies aux pays africains, proposent des traitements allant de 1 000 à 1 800 dollars par an, soit deux à trois fois plus que ce que propose Cipla au gouvernement indien.

RFI : L'offre de Cipla démontre-t-elle que les laboratoires pharmaceutiques internationaux peuvent encore baisser le prix des traitements contre le sida ?
A.H : Ce que fait le laboratoire Cipla en est une preuve flagrante. Les trithérapies peuvent être beaucoup moins chères qu'elles ne le sont aujourd'hui et les grands laboratoires qui annoncent des réductions de prix peuvent aller encore plus loin.

RFI : Pourquoi Cipla vous a-t-il choisi vous et pas une autre ONG ?
A.H : C'est une question qu'il faudrait leur poser mais je pense que MSF a été choisi car nous militons, depuis deux ans, pour une baisse des prix des médicaments financièrement inaccessibles, dont les antirétroviraux. Ce qui nous pose problème, en revanche, c'est que Cipla fasse son offre au gouvernement indien via Médecins sans Frontières car nous pensons qu'il n'appartient pas à une ONG comme la nôtre de faire l'intermédiaire entre un laboratoire pharmaceutique et un gouvernement. Nous demandons donc à Cipla de faire directement cette proposition aux autorités indiennes à 650 dollars. Si toutefois, Cipla souhaite un intermédiaire, il existe une organisation internationale qui s'appelle Onusida et il me semble qu'il lui reviendrait d'organiser les relations entre les gouvernements et les laboratoires. En tout cas, il ne semble pas que ce soit à une ONG, comme MSF, de jouer ce rôle là. Les perspectives de généralisation des trithérapies à moindre coût devront être discutées avec Cipla. Ce laboratoire a fait cette offre, il y a trois jours, et il va falloir qu'on discute maintenant des modalités.

RFI : Quelle sera votre stratégie pour diffuser au plus grand nombre les trithérapies, notamment dans les pays en développement les plus touchés par le virus ?
A.H : Pour ce qui concerne Médecins sans Frontières, nous allons continuer à mener nos « programmes Sida » dans les différents pays dont nous nous occupons déjà. En revanche, nous allons demander à Cipla de faire largement connaître son offre à tous les gouvernements et notamment à ceux des Etats qui sont largement touchés par le VIH. En sachant bien sûr qu'il faut un minimum de structures nécessaires et d'organisation des systèmes de santé dans ces pays là pour que les trithérapies soient applicables et efficaces.



par Propos recueillis par Clarisse  VERNHES

Article publié le 09/02/2001