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Irak

Washington et Londres veulent redéfinir les sanctions

Vivement critiqués par la communauté internationale après les nouveaux bombardements sur l'Irak, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne envisagent de modifier les sanctions contre Bagdad.
Vivement critiqués par la communauté internationale au lendemain des nouveaux bombardements sur l'Irak, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne envisagent de modifier les sanctions contre Bagdad.

De moins en moins efficace et de plus en plus contestée, la politique de sanctions menée par Washington et Londres à l'encontre de l'Irak est en passe d'être modifiée. Britanniques et Américains se gardent bien de parler d'assouplissement. Il s'agirait plutôt d'un changement de méthode. Le secrétaire d'Etat américain Colin Powell a souligné cette semaine la nécessité de poursuivre la politique de fermeté contre le régime de Saddam Hussein, mais «sans faire de mal au peuple irakien». Le Premier ministre britannique, Tony Blair, estime lui aussi qu'«il faut envisager, pour le long terme, un meilleur régime de sanctions et d'inspections» des installations militaires irakiennes.

Selon des sources concordantes citées par la presse internationale, l'idée serait d µévoluer vers des sanctions qualifiées d'«intelligentes», et qui devraient frapper en priorité les dirigeants irakiens et l'effort de guerre imputé à Bagdad, et non la population et les installations pétrolières. Des diplomates américains et britanniques ont commencé, en début de semaine, à travailler sur la question, afin de préparer la rencontre de ce vendredi 23 février à Camp David (Etats-Unis), entre George W. Bush et Tony Blair.

A la veille de ce rendez-vous, qui devrait déboucher sur une formule punitive revue et corrigée, le chef de la Maison Blanche n'en a pas moins ordonné de nouveaux raids sur l'Irak, jeudi 22, soit une semaine après les frappes aériennes américano-britanniques menées contre des sites de défense anti-aérienne près de Bagdad. Ces raids ont été suivis d'une mise en garde de la part du président américain, au cours de sa première conférence de presse: «Nous ne tolérerons pas que Saddam Hussein développe des armes de destruction massive, ni qu'il menace ses voisins. (à) Si nous estimons qu'il le fait, il y aura des conséquences».

Réprobation quasi générale de la communauté internationale

Ces accusations de réarmement sont rejetées par le vice ministre irakien des Affaires étrangères. En visite à Paris ce vendredi, Nizar Hamdoun a déclaré que son pays «s'attendait à de nouveaux bombardements américains. Ils n'arrêteront pas les bombardements, particulièrement si le jeu irakien est rentable sur le plan intérieur américain (à) Le problème des armes de destruction massive, c'est un épouvantail que les Etats-Unis ressortent à chaque fois».

Si Londres et Washington envisagent un nouveau système d'endiguement à l'encontre de l'Irak, c'est cependant moins à cause des protestations de Bagdad, constantes depuis l'instauration des sanctions, que de la réprobation quasi générale de la communauté internationale à l'égard d'une politique jugée inopérante et injuste. Les frappes de la semaine dernière ont provoqué, outre la colère attendue des pays arabes, des critiques de plus en plus fermes en Europe, en Chine, en Russie, et en Turquie, pourtant allié indéfectible des Etats-Unis.

Le pays occidental le plus déterminé à réclamer un assouplissement des sanctions est la France, qui dénonce depuis des années un «embargo cruel et inefficace». Au lendemain des bombardements de vendredi dernier, le ministre français des Affaires étrangères Hubert Védrine a exprimé son «malaise vis à vis des frappes aériennes répétées par les aviations américaine et britannique». A la veille de la rencontre Bush-Blair, et s'appuyant sur l'érosion du soutien international à la politique anti-irakienne de Londres et Washington, le ministre français enfonce le clou : «Plus personne ne considère que la politique actuelle est la bonne, en ce qui concerne les sanctions qui avaient été décidées il y a dix ans par le Conseil de sécurité. (à) Nous nous réjouissons que des discussions aient commencé entre les Américains et les Britanniques. Elles auront lieu entre tous les membres du Conseil de sécurité».




Article publié le 23/02/2001